Les énergies alternatives boostées par la guerre

La flambée des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine encouragent le recours aux énergies alternatives. Quelles sont-elles et comment leur donner plus de place dans le mix énergétique ? Deux acteurs industriels et un établissement financier y ont répondu à ces questions sont devenues cruciales lors du Think Tech Summit organisé par la Tribune le 28 mars Au Grand Rex.

La meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas. Mais comment améliorer l'efficacité des sources d'énergies disponibles tout en favorisant la transition écologique ? En développant l'usage des alternatives aux carburants fossiles (pétrole, gaz, charbon). Pour Sylvie Jehanno, pdg de Dalkia, filiale d'EDF qui développe des énergies renouvelables alternatives comme la biomasse, la géothermie ou le biogaz, « consommer le moins possible est au cœur de l'actualité. Cela nous permettra d'acheter moins de gaz russe. L'efficacité énergétique est un problème urgent qu'il faudra résoudre avant l'hiver prochain. J'espère que cette crise sera un accélérateur pour y parvenir ».

Première mesure : baisser la température chez soi. Passer de 21 à 19 degrés ferait économiser 20 terawatt-heures (TWh), ce qui n'est pas négligeable. Pour changer nos comportements, le digital est un outil précieux, comme l'a prouvé le télétravail lors de la crise sanitaire. Dalkia utilise par exemple sa solution Dalkia analytics à base d'IA qui récupère toutes les informations non intuitives pour faire des économies.

Autre outil : des jumeaux numériques pour la GEM (gestion, exploitation, maintenance) des gares. « À la maison, la smart home (maison connectée) permet de programmer ses appareils ménagers aux heures creuses » ajoute Sylvie Jehanno. Waga Energy, spin-off d'Air Liquide, est spécialisée dans la production de biogaz. « Le biométhane est un substitut renouvelable du gaz naturel qui est produit naturellement à partir des matières organiques des ordures ménagères. Or, La France possède le plus gros potentiel de production de biomasse d'Europe » explique Mathieu Lefebvre, président-directeur général.

Biomasse et récupération de chaleur

Le méthane issu de cette biomasse peut-être utilisé pour la production de chaleur ou dans les transports. Waga Energy s'est focalisé sur les installations de stockage de déchets, communément appelées décharges. Problème : ce biométhane, mélange de gaz complexes, est très pollué. Pour le purifier, la start-up de Meylan près de Grenoble utilise un couplage de séparation par membrane et de distillation cryogénique. Onze Wagabox, les unités d'épuration, fonctionnent en France et 13 sont en construction en France, Espagne, Canada et USA. Dalkia, qui possède également une activité de production de biogaz, exploite d'autres solutions alternatives, comme la récupération de la chaleur produite par l'accélérateur de particules du Cern pour alimenter la ZAC de Ferney-Voltaire dans l'Ain.

« On a ajouté au dispositif des panneaux photovoltaïques pour faire de l'électricité verte, des systèmes de stockage et du numérique pour piloter les données en temps réel » précise la pdg de Dalkia.  Autre innovation de la filiale d'EDF : la thalossothermie, des pompes à chaleur alimentée par l'eau de mer en activité à Toulon, Marseille et la Grande Motte. Pour soutenir les start-ups et entreprises qui mettent au point ces alternatives aux énergies fossiles, il faut des fonds.

Des fonds pour les innovations énergétiques

BNP Paribas est un exemple d'établissement financier qui soutient ces initiatives comme celle de Waga Energy. « Nous considérons que nous sommes un acteur de la décarbonation de l'économie. Quand nous finançons une entreprise, nous examinons comment ce financement va contribuer à cette décarbonation. Demain, toutes les entreprises devront le prouver » prévient Clotilde Quilichini, directrice de la clientèle entreprises de la Banque Commerciale en France de BNP Paribas. « Nous avons choisi un modèle d'affaires dans lequel nous concevons, nous construisons et nous exploitons nos unités. Or, une petite usine coûte 3 millions d'euros, une grosse 10 à 15 millions. C'est pourquoi il faut trouver des capitaux et le concours de banques est absolument nécessaire » estime Mathieu Lefebvre, qui a introduit sa société en bourse l'année dernière avec l'aide de BNP Paribas afin de soutenir son développement international.

Mais les banques seules ne suffiront pas à financer la décarbonation de notre industrie selon Clotilde Quilichini : « l'equity (fonds propres) est indispensable. Et les grands corporates peuvent aussi accompagner les greentech et les cleantech ». Les collectivités locales contribuent elles au financement des réseaux de chaleur : « à Ferney-Voltaire, nous sommes trois : Dalkia, la Banque des Territoires et la collectivité » illustre Sylvie Jehanno, qui veut croire que ce sujet devenu brûlant de l'efficacité énergétique va devenir une priorité.

Patrick Cappelli

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