Le pétrole mexicain s'ouvre peu à peu aux investisseurs privés

Petroleos de Mexico assouplit son monopole sur l'extraction du brut pour doper sa production. Une première depuis la nationalisation du secteur en 1938.
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La compagnie publique Petroleos de Mexico (Pemex) a accordé le 18 août à deux compagnies privées des contrats d'exploitation et de production de brut. Du jamais-vu depuis 73 ans ! Ces accords annoncent-ils la fin du monopole de l'État mexicain sur l'or noir ? Pas si sûr...

La société britannique Petrofac Facilities Management Limited extraira ainsi le brut sur les champs de Magallanes (771 puits) et Santuario (225 puits) dans l'État de Tabasco (golfe du Mexique). Dans la même région, l'entreprise mexicaine Administradora en Proyectos de Campos (APC) se chargera des opérations à Carrizo (43 puits). Signés en octobre, ces trois contrats permettront d'augmenter la production de cette zone de 15.000 à 55.000 barils par jour, selon Pemex.

Une cinquantaine de sociétés, dont Schlumberger et Halliburton, s'étaient portées candidates à ces appels d'offres lancés en mars par la Pemex, septième producteur mondial de pétrole. Un prochain round de contrats est prévu en fin d'année pour des gisements dans le nord du pays.

« Cette association public-privé va augmenter notre flexibilité et notre capacité d'exécution », a justifié Juan Jose Suarez Coppel, directeur général de Pemex. Le temps presse pour le géant mexicain, dont la production s'est stabilisée depuis l'année dernière, après une chute entre 2004 et 2010 de 3,4 millions à 2,5 millions de barils par jour. « Par manque de technologies, de financements et de main-d'oeuvre qualifiée, le Mexique risque d'être importateur de pétrole d'ici 2018 », déplore Ducan Wood, économiste à l'Institut autonome du Mexique (Itam), qui applaudit ce nouveau schéma, créé par la réforme énergétique d'octobre 2008.

Votée après des mois de débats houleux, cette loi assouplit le monopole d'État sur l'extraction du pétrole, depuis la nationalisation du secteur en 1938. Pemex peut désormais passer des contrats de services, payés à partir d'un tarif fixe et d'un autre variable sur le pétrole extrait. Petrofac touchera ainsi 5,01 dollars par baril contre 5,03 dollars pour APC. 75 % de leurs investissements seront remboursés par Pemex, les 25 % restants selon les rendements obtenus.

Un tiers du budget de l'État

Un pas vers la privatisation de l'or noir ? « Pas du tout puisque Pemex garde la propriété et le bénéfice du pétrole », explique Jose Luis de la Cruz, économiste à l'Institut technologique de Monterrey. Et Ducan Wood d'ajouter : « Ces contrats vont faire évoluer les mentalités vis-à-vis d'une ouverture progressive du marché au secteur privé. » Pour l'heure, Pemex reste la principale source de revenus de l'État (53,8 milliards de dollars en 2010), finançant plus du tiers de son budget.

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