Leur mission : convaincre les épargnants d'investir solidaire

Huit réseaux drainent en France l'épargne solidaire vers les projets de l'ESS. Ils ont investi en 2011 près de 353 millions d'euros dans les entreprises de ce secteur, principalement sous forme d'apports en fonds propres, de prêts - à taux zéro ou non - et de garanties.
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Ils sont huit. Ils? Ce sont les acteurs financiers de l'économie sociale et solidaire (ESS) recensés en France. Au regard de leur nombre limité, on peut se permettre de les citer : Adie, Initiative France, France Active, Nef, IDES, Autonomie Solidaire, Sogama, Habitat et Humanisme. À eux huit, ils ont investi près de 353 millions d'euros dans l'ESS en 2011, un chiffre en constante augmentation au fil des années.
Leurs armes, c'est-à-dire les outils financiers solidaires qu'ils mettent à la disposition des entrepreneurs, sont les suivantes : des apports en fonds propres aux entreprises de l'ESS, des prêts avec ou sans intérêt, des garanties aux banques pour les inciter à prêter. Leurs zones d'actions privilégiées ciblées par leurs investissements sont les quartiers, le foncier, les terres agricoles ou l'habitat très social.
Selon le Labo de l'ESS, un think tank qui formule douze propositions pour faire connaître le secteur - parmi lesquelles sensibiliser les réseaux bancaires, inclure l'ESS dans l'enseignement... -, l'épargne solidaire (voir page 25) est le premier levier de la finance solidaire.
Quelques exemples? Avec 154,1 millions d'euros de prêts engagés, le réseau Initiative France - et ses 230 plates-formes d'accompagnement installées sur les territoires, qui revendiquent la première place parmi les réseaux associatifs de financement des créateurs d'entreprise - a soutenu 16000 entreprises en 2011. Son action a permis de créer ou de maintenir 35000 emplois. Sogama, un acteur ESS spécialisé dans le crédit associatif, facilite le financement des associations en apportant sa garantie aux banques et aux collectivités locales. L'année dernière, elle a permis aux associations d'emprunter 85 millions d'euros et de réaliser ainsi 200 millions d'euros d'investissements.
Toutefois, malgré ces réussites, l'action de ces réseaux se situe encore dans l'ombre des professionnels classiques du secteur de la finance. Aujourd'hui, l'épargne solidaire, dont le poids lourd est BPCE, représente 120 produits d'épargne, 800000 citoyens impliqués, 3,5 milliards mobilisés contre 3,15 milliards en 2010, dont 880 millions environ investis directement dans des entreprises solidaires. Les encours s'élevaient à 309 millions en 2002. Des chiffres qui pourraient progresser à condition que l'ESS soit plus connue des épargnants. Selon l'association professionnelle Finansol, un Français sur deux a entendu parler de l'épargne solidaire, mais, faute d'information, seuls 20% d'entre eux seraient prêts aujourd'hui à choisir ce type d'épargne.
Sachant que les Français consacrent chaque année environ 8% de leurs revenus aux placements financiers, que le montant moyen des actifs financiers d'un ménage français atteignait 55700 euros en moyenne selon les calculs de l'Observatoire européen de l'épargne (OEE), que les Français possédaient à la fin 2010 près de 4000 milliards d'euros d'actifs financiers selon l'Insee, la marge de progression de l'épargne solidaire et de l'influence des réseaux est simplement... énorme.

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