"DCNS investira des centaines de millions d'euros dans les énergies marines renouvelables"

Le groupe français naval de défense n'abandonne pas sa politique de diversification.
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Où en êtes-vous de votre diversification dans les énergies marines renouvelables ?

À travers notre plan de croissance « Championship », nous avons la volonté de développer l'entreprise sur son coeur de métier à l'exportation, mais aussi dans des nouveaux segments d'activité tels que les énergies marines renouvelables et le nucléaire civil. Ce sont des domaines où nous voulons avoir un rôle de leader technologique. C'est dans ce cadre que DCNS innove en matière d'énergies marines renouvelables. Nous voulons en faire un vecteur de développement de DCNS à moyen et long terme.

Allez-vous mettre vraiment des moyens pour développer cette activité ?

C'est vraiment un domaine dans lequel DCNS a décidé d'investir même si les résultats en termes de chiffre d'affaires ne se mesureront pas à court terme. DCNS a progressé en 2010. Nous avons construit un démonstrateur à terre d'énergie thermique des mers, il va fonctionner encore quelques mois dans notre centre de Nantes, Indret avant son départ pour La Réunion. Nous avons plusieurs accords avec EDF Énergies Nouvelles pour réaliser un premier prototype d'énergies houlomotrices à La Réunion et pour commencer à travailler sur des projets de développement d'hydroliennes au Raz Blanchard. Nous avons un partenariat avec la société Nass&Wind pour développer l'éolienne flottante Winflo ; projet qui vient d'être retenu par l'Ademe et le grand emprunt. Dans les quatre domaines d'énergies marines renouvelables qui nous intéressent, DCNS travaille, progresse et investit...

... Beaucoup ?

Oui, c'est significatif, de l'ordre de quelques dizaines de millions d'euros. DCNS lance des investissements qui représentent une part non négligeable de ses dépenses de recherche et développement (R&D) sur fonds propres. À moyen terme, quand le groupe réalisera les pilotes d'énergies marines renouvelables, par exemple dans l'énergie thermique des mers, les investissements se monteront en centaines de millions d'euros. S'agissant d'éoliennes flottantes de grande taille ou d'hydroliennes, DCNS devra engager des dizaines de millions rien que pour la réalisation d'un prototype. Mais nous ne le ferons pas tout seuls : nous chercherons des partenaires.

Quand allez-vous vraiment décider de vous lancer à l'échelle industrielle ?

Nous sommes plus que jamais présents sur les quatre énergies marines renouvelables que nous avons retenues. Mais nous ne sommes pas encore arrivés à la conclusion que l'une de ces quatre énergies soit une filière suffisamment rentable sur laquelle DCNS peut bâtir une véritable activité industrielle. Elles ne sont pas à un stade de développement suffisamment avancé pour pouvoir définir un « business plan » qui permette de déterminer quel sera le chiffre d'affaires dans cinq ou dix ans. Nous en sommes encore, tout comme les autres entreprises, dans les premiers stades de développement. Mais DCNS est plutôt bien positionné. Il faut encore attendre que les démonstrateurs, puis les parcs pilotes, fonctionnent pendant un certain temps pour valider les solutions techniques et les modèles économiques avant de pouvoir décider de se lancer dans un véritable business pour le futur.

Vous sentez-vous soutenu par l'État ?

Oui ; et DCNS est soutenu de différentes façons. Il y a un soutien important des services de l'État pour nous accompagner dans l'élaboration ou la mise au point de la réglementation à associer à ce type de technologie. Nous avons également des financements régionaux comme c'est le cas à La Réunion et à la Martinique. D'autres régions s'intéressent et sont prêtes à s'engager. L'Ademe et le grand emprunt soutiennent aussi un certain nombre de développements. Enfin, nous aurons aussi des financements européens qui interviendront.

Pour autant, l'État semble plus prudent dans ses aides aux énergies dites vertes après s'être rendu compte qu'elles ont plutôt favorisé les industriels étrangers...

Nous considérons que les énergies marines renouvelables sont aujourd'hui dans la situation où était l'éolien il y a dix-quinze ans. À cette époque, ce sont essentiellement les Allemands qui ont misé sur ce secteur. Aujourd'hui l'éolien représente plus de 10 milliards d'euros par an en Europe et 60.000 emplois en Allemagne. Nous estimons que les énergies marines renouvelables deviendront dans dix ans une filière industrielle comme l'est l'éolien aujourd'hui. Nous voulons saisir cette opportunité. Et nous ferons en sorte que DCNS soit un acteur majeur dans ce domaine dans dix ans.

Le train n'est-il pas déjà passé ?

Non. Nous pensons que le potentiel des énergies marines renouvelables est très important à terme et nous voulons jouer un rôle moteur dans la création d'une filière industrielle française dans ce secteur.

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