Le Bhoutan, royaume de la houille blanche

Les glaciers de l'Himalaya constituent la principale source d'énergie de ce petit pays.

Connu pour son concept de «?Bonheur National Brut?», le Bhoutan présente une autre particularité, l'hydroélectricité. Avec des points culminants dépassant les 7.000 mètres près de la frontière avec le Tibet et des points bas à 100 mètres d'altitude le long des plaines de l'Inde et du Bangladesh au sud, le Bhoutan semble fait sur mesure pour cette source d'énergie. L'eau des glaciers himalayens dévale cette pente vertigineuse en de profondes vallées qui ne nécessitent même pas, à ce jour, de lacs de retenue pour alimenter les turbines des centrales. Atout supplémentaire, le grand voisin du sud, l'Inde, a une soif inextinguible d'énergie.

Résultat, explique Karma Yonten, directeur général de Druk Holding and Investments, holding qui détient les participations de l'État dans les groupes nationaux, «?le développement de l'hydroélectricité est le fondement de notre économie. C'est essentiellement l'Inde qui finance les projets, les construit et achète ensuite l'électricité produite?». Une stratégie payante puisque l'hydroélectricité fournit à l'État bhoutanais 42?% de ses recettes (hors aide extérieure). Et ce n'est qu'un début. Le pays dispose actuellement d'une capacité installée de 1.400 mégawatts mais devrait y ajouter... 10.000?MW d'ici 2020, conformément aux contrats signés avec l'Inde.

Le recul des glaciers

Si les grosses centrales sont les chasses gardées de l'industrie indienne, les professionnels français du secteur sont malgré tout parvenus à s'implanter au Bhoutan. Alstom a fourni des équipements électromécaniques pour quatre petites centrales pilotées directement par les autorités bhoutanaises. En aval, Areva T&D est leader du marché de la transmission d'électricité. Outre les systèmes de distribution de plusieurs villes, le groupe est en train de réaliser le «?National Load Despatch Center?» (centre de répartition et de charge) pour l'ensemble du pays. L'hydroélectricité représente une chance immense pour ce pays qui a tout misé sur la protection de son environnement, s'engageant à ne jamais devenir émetteur net de carbone. Reste que de sérieux problèmes se profilent. «?Avec le recul des glaciers, le cours des rivières devient erratique, explique Chhewang Rinzin, directeur général de Druk Green Power Corp, l'entreprise qui assure toute la production d'électricité du pays. À l'avenir, il faudra sans doute construire des réservoirs pour réguler le débit de l'eau.?» Et en attendant la mise en service des prochaines grosses installations, «?nous pourrions même manquer d'électricité pendant l'hiver dans les 4 ou 5 ans à venir?».

Patrick de Jacquelot, au Bhoutan

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