April va renforcer sa distribution directe

Après plus de deux décennies de hausse continue, le leader du courtage marque le pas.
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Au vu des chiffres 2010 d'April, il est tentant de paraphraser le slogan (*) de l'entreprise sur l'assurance : « La croissance n'est plus ce qu'elle était. » Car après plus de deux décennies de hausse continue, le leader du courtage marque le pas avec un chiffre d'affaires à 743,3 millions d'euros (- 8,6 %). Sauf que son activité n'est pas directement victime de la crise, mais résulte d'une stratégie délibérée de recentrage de la société, une volonté d'ailleurs confortée par d'autres indicateurs au vert, notamment le résultat opérationnel courant (97 millions d'euros, + 11 %) et le résultat net (79,7 millions d'euros, + 9,6 % ). « C'était annoncé et attendu, le marché n'a pas réagi outre mesure », commente Patrick Petitjean, directeur général d'April.

Rationalisation en cours

L'évolution du chiffre d'affaires est en fait liée à l'externalisation d'une part de l'assurance dommages, notamment Axeria IARD, et d'autre part à la cession d'activités de courtage non stratégique. En assurance (60 % du chiffre d'affaires), April n'a pas les volumes suffisants pour des risques en cas de sinistralité importante comme chez un grand assureur. Quant au courtage (40 %), la mesure porte sur du chiffre d'affaires non récurrent. Conséquences : les primes en assurance baissent de 22 %, impactant donc le chiffre d'affaires, tandis que les commissions en courtage progressent de 2 %. Pour 2011, le courtage en organique devrait augmenter de 10 %. Ces mesures s'inscrivent dans le plan « Convergence » visant à « la rationalisation et à l'intégration » des opérations et des filiales de l'entreprise, ces dernières devant passer de 75 sociétés à environ 35 en deux ans.

« En se désengageant des compagnies, on récupère du capital pour investir dans le développement de notre distribution multicanale », explique Patrick Petitjean, récemment promu, dans le cadre de la nouvelle gouvernance, directeur général d'April pour l'ensemble du management opérationnel du groupe, aux côtés de Bruno Rousset, président-fondateur. Le courtier-grossiste affiche donc sa volonté de se recentrer sur son coeur de métier, la distribution, qui a fait sa force. Au passage, il rassure certains de ses fournisseurs, parmi 120 assureurs-partenaires, qui pouvaient percevoir sa puissance comme une concurrence potentielle. Outre son réseau de courtage traditionnel fort de 12.000 apporteurs actifs (soit 75 % du chiffre d'affaires), April va renforcer la vente directe en magasins en Santé (60 boutiques April Santé) et en dommages/vie spécifiques (200 magasins Mutant Assurances). Avec des objectifs de développement adaptés à la crise, les magasins seront « mutualisés » sous la nouvelle identité qui sera dévoilée en mai prochain. L'entreprise prévoit de doubler ses points de vente d'ici à 2016, et d'ouvrir de 250 à 300 boutiques, confiées en majorité à des partenaires indépendants (courtiers, agents) en concession de marque. April a également mis en place une stratégie Internet avec un portail renvoyant sur ses partenaires pour la souscription des contrats.

Par ailleurs, l'entreprise garde plus que jamais le cap à l'international et prévoit de réaliser 50 % de son chiffre d'affaires à l'étranger en 2018 (contre 18 % attendus en 2011). Trois axes seront privilégiés : l'assistance à la mobilité/voyage dans le monde, la santé dans les 34 pays où April est présent, et les niches internationales (plaisance, salariés frontaliers, etc). Aujourd'hui, un tiers des 3.750 collaborateurs d'April travaillent à l'étranger.

(*) L'assurance n'est plus ce qu'elle était.

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