Les hedge funds se réinstallent dans les pays réglementés

Selon une étude KPMG et RBC Dexia Investor Services, les gérants ont tendance à transférer ou à cloner leurs fonds vers des centres « onshore » pour avoir accès aux investisseurs européens soumis aux nouvelles contraintes postcrise financière.
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L'industrie des hedge funds était historiquement, très peu régulée. Avec la crise financière, et le scandale Madoff, les politiques en ont décidé autrement en voulant encadrer ces produits qu'ils jugeaient en partie responsables de la crise. En Europe, cela s'est traduit par l'adoption en novembre 2010 de la directive AIFM (Alternative investment fund managers) avec sa transposition en droit local par les États membres prévue pour 2013. La domiciliation des produits est l'un des sujets de cette directive. C'est aussi l'objet de l'étude de RBC Dexia Investors Services et KPMG sur les raisons poussant les gérants de hedge funds à redomicilier les fonds d'un centre « offshore » c'est-à-dire situés dans un pays non soumis à la réglementation vers un centre « onshore » européen.

Sur les 49 gérants interrogés situés dans 18 pays, 24 % sont déjà passés à l'acte et 27 % prévoient de le faire en 2012, soit juste avant la mise en oeuvre de la directive AIFM. À l'inverse, 49 % ne l'envisagent pas, considérant que la demande de leurs clients pour des produits régulés est insuffisante. Ils attendent aussi de voir quelles seront les implications de la directive AIFM sur laquelle l'Autorité européenne des marchés financiers (l'Esma) doit remettre une proposition à la Commission européenne vers le troisième trimestre. « Toutefois, sur les 24 %, 55 % ont opté pour la codomiciliation, précise Jean-Michel Loehr, responsable des questions réglementaires sur l'industrie des services aux investisseurs chez RBC Dexia Investor Services. Et moins de 5 % ont décidé de transférer la totalité de leur offre dans un centre « onshore ». » L'objectif est de conserver la clientèle de grandes fortunes et sa clientèle « offshore » comme les fonds de pension anglo-saxons.

Pour 50 % des répondants, trois raisons justifient un transfert vers un centre « onshore » sous la forme de la création d'un fonds ou d'un clonage : les restrictions réglementaires pour certains institutionnels européens d'investir dans des fonds « offshore » (compagnies d'assurance françaises, etc.) ; la capacité de répliquer des stratégies aux normes Ucits ; et la possibilité d'offrir des supports plus transparents, plus liquides.

Toucher les institutionnels

Les enveloppes juridiques dans lesquelles sont logés ces véhicules varient. Pour 58 % des répondants, les fonds QIF (fonds d'investissement qualifiés) irlandais et SIF (fonds d'investissement spécialisés) luxembourgeois, réservés aux institutionnels, ont la préférence des gérants. À noter, les gérants qui n'envisagent ni création ni clonage, mais le transfert d'une partie de leur gamme, sont, eux, 77 % à préférer ces deux enveloppes. Lesquelles sont régulées, plus flexibles dans leur processus de gestion, mais ne relèvent pas de la directive européenne Ucit.

L'enveloppe Ucit est aussi proposée mais elle ne permet pas de répliquer toutes les stratégies, notamment les moins liquides, et affiche des performances inférieures aux fonds « offshore ». En revanche, proposer de tels supports Ucits permet aux gérants de toucher des investisseurs (institutionnels et particuliers) jusque-là réticents à aller sur du « offshore ». Pour Jean-Michel Loehr, « cette co-domiciliation ?onshore? et ?offshore? est une tendance structurelle qui permet à l'Europe de créer une industrie de la gestion alternative plus importante et de préparer l'AIFM ».

À quels pays profite cette redomiciliation ? Sans surprise, le Luxembourg (50 % des répondants) et l'Irlande (33 %) ont les faveurs des sociétés de gestion, suivis de loin par l'Autriche et la France à égalité (8 %). L'Irlande et le Luxembourg sont en effet deux centres financiers internationaux reconnus pour leurs offres en services financiers.

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