Elections américaines et prix du CO2

Par Matthieu Courtecuisse (Sia Conseil).

Que le vainqueur soit Obama ou McCain, il est aujourd?hui impensable que les Etats-Unis ne mettent pas en place un marché contraint négocié du C02. En effet, même si l?administration Bush s?est arcboutée sur des positions indéfendables, l?opinion publique américaine a clairement basculé, notamment sous l?influence médiatique de leaders d?opinion tels que Al Gore, mais aussi sous le poids des initiatives politiques concrètes, qu?il s?agisse de propositions de loi portées au Congrès par des sénateurs renommés, dont John McCain lui-même ou Joe Lieberman, ou de développement d?initiatives régionales en Californie ou encore dans le nord-est américain.

Même si ces initiatives régionales se situent pour le moment dans le cadre de marchés volontaires, et donc à faible impact et volume et à des prix très bas, ces différents grands Etats jouent d?abord et avant tout une course au leadership national pour devenir à terme le centre américain du carbone et au-delà même des emplois générés, il s?agit d?une formidable vitrine politique et il n?est alors pas étonnant d?y retrouver quelqu?un comme Schwarzenegger. Le consensus dans la classe politique américaine semble donc bien être ancré, à tel point que les deux prétendants à la mandature suprême présentent des programmes quasiment jumeaux : retour au niveau des émissions de 1990 en 2020, puis réduction de 80% des émissions de 1990 en 2050.

Si ce mouvement d?unification est positif à l?échelle des Etats-Unis, il ne constitue pas non plus un grand soir du carbone. Bien que les américains disposent de l?ensemble des infrastructures nécessaires à l?implémentation de ces marchés, ils sont tout à fait conscients de leur retard chez leurs industriels dans le pilotage de l?implémentation de quotas de C02 et aussi des conséquences à moyen terme de la création d?un marché intégré mondial.

En effet, sur les marchés volontaires actuels, la tonne de CO2 est traitée à 10 dollars environ contre 25 dollars sur les permis européens. L?interopérabilité et le développement de capacité d?arbitrage entre marchés régionaux des pays développés entraîneraient à la fois un ajustement brutal à la hausse aux Etats-Unis, une perte de contrôle des mécanismes de fixation des prix par les autorités publiques américaines et plus grave encore pour eux, un basculement de la devise de référence vers l?euro.

Pour éviter cela, les sénateurs américains, démocrates et républicains, après avoir observé de façon très détaillée le marché européen, ont rivalisé d?astuces dans la dizaine de projets de lois concurrentes pour protéger leurs industries et conserver toute la maîtrise : affectation sur les émissions passées, enchères progressives, possibilité de conserver les permis d?une année sur l?autres, emprunt de permis, vanne de sécurité déclenchée sur dépassement d?un seuil de prix ? Il est donc fort probable qu?on pourra attendre longtemps avant les prix ne convergent entre les deux côtés de l?atlantique.

Sur ce sujet comme bien d?autres, ceux qui croient que la fin de l?administration Bush modifierait radicalement la position des Etats-Unis sur le protocole de Kyoto prennent le risque d?être déçus, en particulier chez les supporters européens d?Obama. Au final, à l?heure où l?Union européenne s?interroge sur la part à accorder aux permis provenant des pays émergents, l?enjeu à l?échelle mondiale pourrait donc devenir la négociation autour de ces permis déclenchant ainsi une confrontation indirecte autour de cette devise carbone d?échange.

 

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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