2009, un monde entre crise et opportunités

Quel monde après la crise ? Il sera ce que nous en ferons, écrit Philippe Carli, président de Siemens France. Le retour au calme sur les marchés passe selon lui "par une meilleure prise en compte du long terme". Et il invite les entreprises à participer à la lutte pour l'emploi et à réinventer un modèle de prospérité socio-économique. Mobiliser les énergies pour passer la tempête et préparer l'avenir.

Soyons honnêtes, personne n'avait mesuré l'ampleur de la crise. Même si certains indicateurs auraient pu déclencher quelques clignotants avant-coureurs. Et ils sont tout aussi peu nombreux à pouvoir dire aujourd'hui combien de temps et avec quelle intensité cette crise va peser sur l'économie mondiale. Espérons que 2009 verra le retour des marchés financiers à de plus justes comportements et à une meilleure prise en compte de l'économie réelle et ses contraintes : la création de valeur est avant tout le résultat d'une stratégie de long terme. Ceux qui l'ont oublié en subissent aujourd'hui les conséquences. Mais à quoi sert de ressasser le passé ? A en tirer des leçons pour l'avenir.

Si 2008 était l'année de la rupture, 2009 sera celle de l'assainissement des marchés financiers, avec la mise en place de nouvelles règles de gouvernance pour éviter les dérives de ces dernières années. La voie est étroite car il n'est pas question non plus d'enlever à l'économie mondiale l'un des piliers essentiels à son fonctionnement. Une voie qui doit conduire les marchés financiers à ne jamais perdre de vue la logique industrielle et à privilégier de nouveau l'innovation et l'investissement à long terme. C'est le meilleur moyen pour se garder des précédentes erreurs.

Reste que l'impact à court terme va évidemment peser sur l'emploi. On le voit déjà avec les restructurations annoncées, notamment dans le secteur automobile et l'industrie lourde. Cette année sera donc aussi celle de la responsabilité de tous afin de laisser un minimum de gens "au bord du chemin". Au-delà de l'Etat, c'est aussi à nos entreprises de participer à la lutte pour l'emploi et à réinventer un modèle de prospérité socio-économique : la formation, l'insertion des jeunes, l'emploi des seniors sont autant d'initiatives dans ce sens. C'est aussi l'occasion de revisiter la valeur du travail par rapport aux exigences de la compétition mondiale. En somme, mobiliser toutes les énergies disponibles afin de passer la tempête et de préparer l'avenir.

La crise en cours est aussi marquée par le retour de l'Etat régalien avec moult interventions et plans de relance. C'est une bonne chose si cet interventionnisme revisité se fait avec mesure et pragmatisme comme pour les investissements décidés, notamment en matière d'infrastructures. Au-delà de leur effet positif sur l'emploi dans les secteurs les plus menacés comme le BTP, ils contribuent à l'attractivité des territoires.

Alors 2009, crise ou opportunités ? Pourquoi ne pas pousser les feux dans les secteurs d'excellence de l'Europe comme les transports, l'énergie, la santé ou encore l'environnement. Accélérons l'effort entamé de recherche-développement et d'innovation en investissant massivement dans les technologies d'avenir. Accompagnons le crédit impôt recherche par des financements adaptés en particulier pour les PME. Dans cette même veine, poursuivons les réformes en cours de l'enseignement supérieur pour figurer en bonne place dans la bataille de la formation et de l'intelligence. Dans le contexte d'une compétition planétaire, c'est le regroupement de toutes les forces du savoir ? institutions scientifiques, universités et entreprises ? qui permettra à l'Europe de tenir son rang.

Ensuite, l'actuelle déprime des marchés boursiers peut accélérer la reconfiguration du paysage économique européen à travers des regroupements ou des fusions. Cette recomposition est indispensable pour doter l'Europe d'entreprises globales et leaders de leurs marchés.

Enfin, et ce n'est pas la moindre des opportunités, cette crise est l'occasion de montrer la pertinence de notre modèle européen. Un modèle libéral assez régulé pour limiter les effets dévastateurs de la crise pour ses citoyens. 2009 est l'occasion de les rapprocher de cette Europe tant décriée.

Quant à la France, je lui vois dans ce contexte deux atouts et un handicap. Côté positif, un fort niveau d'épargne (avec 15% de leurs revenus disponibles, les Français ont, avec les Japonais, l'un des niveaux parmi les plus élevés au monde) pour soutenir la consommation dès que la confiance sera revenue. Ensuite, sa diversité et le dynamisme de sa natalité qui sont de vrais facteurs de croissance à terme.

Le handicap, lui, réside dans la profonde méconnaissance des Français envers l'économie et les entreprises. Or, cette crise a souligné la prépondérance de ces deux éléments dans leur vie quotidienne. Une ignorance source de nombreux malentendus et porte ouverte à tous les discours démagogiques. Mieux connaître les mécanismes qui régissent notre société sur ce point, c'est aussi mieux appréhender l'avenir.

Comme le suggère l'idéogramme chinois qui est le même pour nommer aussi bien la crise que l'opportunité, les deux peuvent ne faire qu'un, à condition de prendre le bon chemin.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bonne analyse mais qui ne répond malheureusement pas à la question suivante: Qui va subir la crise et qui va profiter des opportunités, il est fort probable que la répartition des bien-nés et les mal-nés reste sensiblement la même qu'avant la crise.

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