Pour que les collégiens d'aujourd'hui soient les entrepreneurs de demain

Par Philippe Charrier, président d'Entreprise et Progrès, et Jean-Pierre Ferretjans (président du groupe de travail).

La création d'entreprises sera le fondement de la reprise de demain. Pour ne pas gâcher le remarquable mouvement engagé par le gouvernement entre 2004 et 2006 qui a fait passer la France de 150 à plus de 320.000 créations d'entreprises par an, il convient d'affermir ce gisement. Et très tôt promouvoir l'esprit d'entreprise auprès de notre jeunesse. Aujourd'hui, se mettre à son compte est simplissime. Le statut de l'auto-entrepreneur lancé par Hervé Novelli offre des perspectives nouvelles. Chômeur, salarié, étudiant, sans capital préalable, de chez soi, monter sa boîte n'est plus un problème. Le problème, c'est de trouver des candidats à l'aventure.

Et où trouver les créateurs d'entreprise de demain, si ce n'est auprès de collégiens qui, contrairement à l'idée reçue, expriment le goût du risque, de l'autonomie et la volonté de gagner de l'argent ? D'autant plus que 150.000 d'entre eux quittent le système éducatif sans diplôme supérieur au brevet des collèges. Les étudiants de nos grandes écoles, quant à eux surdiplômés, ont une carrière toute tracée et trop à perdre. A contrario, nos jeunes collégiens sont candidats à la création d'entreprise.

Mais connaissent-ils l'entreprise ? Non pas l'économie, celle enseignée dans les manuels scolaires, c'est-à-dire les sciences économiques et sociales, où tout est conflit et lutte des classes, mais la micro-entreprise, sa création, son évolution, sa vie. Une économie positive et bien réelle, celle-là, à l'opposé des concepts et théories si éloignés des schémas de pensée enseignés aux élèves de collège.

Un outil existe au sein de l'Education nationale. Cet outil, c'est la DP3, pour Découverte professionnelle. En classe de troisième, trois heures sont proposées chaque semaine en option, mises à profit pour découvrir la réalité du monde professionnel. Force est de constater que ces trois heures se résument bien souvent en l'exposé de différents métiers, le pompier, le boulanger, le garagiste... ou en une approche théorique et trop conceptuelle de l'entreprise. C'est à nos yeux une occasion manquée.

Nous avons donc pris contact avec deux collèges d'Aubervilliers (93). Les enseignants, professeurs de technologie tout comme les directeurs de l'établissement, nous ont réservé un accueil très ouvert. Oui, les professeurs sont demandeurs. Première leçon : le fossé, bien réel, entre l'Education nationale et l'entreprise est franchissable avec un minimum d'audace.

Il restait à séduire les élèves par un moyen pédagogique efficace... Nous avons opté pour la méthode de cas pratiques tirés de la réalité. Qu'est-ce à dire ? Tout simplement raconter une histoire, celle d'une entreprise qui naît de la volonté d'un entrepreneur, qui chemine de l'idée au projet, du projet au business plan, du business plan à sa réalisation, le tout émaillé d'anecdotes vécues. Nous avons sciemment choisi une histoire accessible, celle d'une société de service informatique récemment créée, un secteur professionnel aisément appréhendable par ces jeunes.

Cette histoire est racontée suivant trois périodes qui résument le processus de création puis de développement de l'entreprise. Chacune est illustrée par le témoignage d'un créateur d'entreprise qui vient livrer son expérience personnelle. Enfin, pour faciliter la tâche du professeur, des fiches pédagogiques ont été préparées : "L'idée est-elle réalisable et viable ?", "Quel est le bon prix de vente ?", "Présenter son offre et se faire connaître ?", "Besoin d'argent !", "Quel statut juridique ?"...

En outre, nous avons tenu à nous inscrire dans le processus scolaire, d'octobre à juin. Nous avons misé sur la durée, trois heures, chaque semaine. Nous nous sommes également mis au service de l'enseignant. C'est lui qui se trouve en première ligne. Nous, entrepreneurs, le soutenons par la rédaction des fiches techniques et par notre expérience.

Cette première phase se veut "initiatique". En février, nous répartissons la classe en trois groupes avec pour consigne : "et maintenant, si vous aviez à le faire vous-même, comment vous y prendriez-vous ? A vous de jouer !" Chaque groupe est alors encadré par un tuteur, un entrepreneur qui s'engage à venir quatre ou cinq fois sur le semestre. Ce tuteur devient rapidement "un référent". C'est une marque de reconnaissance que les jeunes apprécient. Enfin, en mai, devant l'ensemble des élèves et du corps enseignant, une présentation PowerPoint, par les trois groupes, du travail accompli clôt l'aventure. Le résultat en juin dernier fut très supérieur aux attentes de tous les spectateurs.

Car, même si de nombreux élèves présentent de réelles difficultés d'expression en français, nous avons pourtant réussi à les faire adhérer au projet. Ce qui n'est pas une mince réussite lorsqu'on connaît le taux d'absentéisme. Avantage supplémentaire, le projet leur impose des échéances à respecter. Il les oblige également à travailler collectivement, voir à gérer un projet sur plusieurs matières, la technologie, l'anglais, les mathématiques... Ce qu'ils font peu au cours de leur parcours scolaire.

L'expérience menée sur l'année 2007-2008, nous a décidé à réitérer notre partenariat. Et ce, en plein accord avec les professeurs et après avoir soigneusement tiré les leçons de notre première expérience. Et pourquoi ne pas aller plus loin encore en soutenant les jeunes les plus motivés à mener à bout leur projet entrepreneurial.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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voil àune initiative bien sympathique et utile pour nos emplois de demain. Si vous voulez en savoir plus, rdv sur le site de la formation des auto-entrepreneurs, un statut adapté aux étudiants http://www.l-autoentrepreneur.net

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je pense que MM Charrier et Ferretjeans méconnaissent les programmes scolaires : 1 - les Sciences Economiques et Sociales ne sont pas enseignées au collège, mais au lycée... 2 - il n'est pas question dans les manuel de "lutte des classes", mais d'é...

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