La solitude de l'Élysée

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de le rédaction de La Tribune.

Avec 62 % de Français plutôt ou très mécontents (baromètre Ifop-« JDD » publié dimanche), le président de la République renoue avec ses taux d'impopularité d'avril-mai 2008. Rien d'étonnant à cela : la crise économique n'épargne aucun dirigeant et Nicolas Sarkozy n'est pas si loin du score, par exemple, d'un Gordon Brown (59 % de mécontents). Mais le mode de gouvernement du président français a ceci de particulier qu'il n'y a pratiquement pas de filtres entre les mécontents et lui. Quand, mécaniquement, le nombre des inquiets et des malheureux augmente, et quand tout indique qu'une seule personne prend les décisions qui comptent, la personnalisation du pouvoir cristallise sur lui à la fois les attentes et les haines.

La dernière décision made in élysée, la fusion entre les Banques Populaires et les Caisses d'épargne, avec à la tête du nouvel ensemble François Pérol, son plus proche conseiller économique, illustre ce point jusqu'à la caricature. Où sont les autorités de tutelle ? Où est le ministre responsable ? Où est le chef du gouvernement ? Où sont les conseils d'administration qui, dans les banques mutualistes, représentent en théorie des millions de sociétaires ? Où est le Parlement ? Toutes ces strates intermédiaires ont disparu. Comme Nicolas Sarkozy décide seul, il trinque seul.

Dans les dix-huit premiers mois de son quinquennat, quelques ministres en vue étaient chargés de dossiers importants et ont fait avancer des réformes en y mettant leur touche personnelle : Xavier Bertrand pour les affaires sociales, Rachida Dati à la justice, Jean-Louis Borloo à l'écologie pour n'en citer que quelques-uns. Le président, pendant ce temps, sautait d'un sujet à l'autre avec une agilité qui épuisait ses poursuivants. Et puis la crise financière a éclaté.

Toujours vif, Nicolas Sarkozy a senti le changement d'époque et adapté immédiatement ses discours. Il a été le lanceur de thèmes et d'anathèmes de l'automne 2008. Ce qu'il a moins senti, c'est combien le retournement économique allait alourdir le terrain et rétrécir le spectre des préoccupations. Les tactiques de diversion marchent moins bien, les Français veulent qu'on leur parle de l'essentiel et n'écoutent plus les sous-fifres ? Sarkozy a tout fait pour que ses ministres soient perçus comme tels. Ce face-à-face direct, de plus en plus tendu, entre la base de la société et le sommet de l'État n'est pas sans risque. Pour la société comme pour l'État.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quelle impudence , j'ai l'avis du comité de déontologie et il n'y a pas de problème .Je poursuis ( mon ombre ).

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