Assurance-vie et cyclisme, même "dope"

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

Au moment où s'élance la Grande Boucle, la crainte des affaires de dopage ressurgit. Il est vrai que lors des trois derniers Tour de France, la fête sportive avait été partiellement gâchée par les scandales de coureurs pris la main dans le sac, ou plutôt sur la seringue. Pour l'édition 2009, les organisateurs promettent la main sur le c?ur une épreuve propre, tant les précautions prises semblent sérieuses. Une antienne en réalité reprise chaque année au début de la course.

Si cette certitude, aux airs d'argumentaire commercial il faut bien le dire, devait voler en éclats à la première étape de montagne (cette année ce sera le vendredi 10 juillet dans les Pyrénées espagnoles), personne ne serait surpris. Puisque "le business et le sport ne font jamais un mariage très propre". Cet adage populaire nous rassure sur notre propre univers, celui de l'entreprise, dont les pratiques sont autrement plus civilisées. Voire?

Ce que l'on observe sur le marché de l'épargne devrait nous interpeller. Le gouverneur de la Banque de France a officiellement rappelé à l'ordre les établissements bancaires au sujet de la surenchère à laquelle ils se livrent en matière de rémunération des comptes sur livret, comme nous le révélions dans nos colonnes vendredi. Aujourd'hui, c'est au tour du gendarme de l'assurance de froncer les sourcils à propos des taux de rémunération des contrats d'assurance-vie.

L'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles annonce mener actuellement une série d'enquêtes, menaçant de "mesures" s'il s'avérait que les plafonds réglementaires n'étaient pas respectés. On croit rêver ! Nous sommes encore dans les affres d'une crise inouïe dont le point de départ a été la soif aveugle des banques du monde entier pour les subprimes et l'on réamorce déjà les prochaines bombes à retardement. Car qu'étaient les "subprimes", sinon des actifs à haut risque mais chèrement rémunérés dont on a truffé les portefeuilles pour en gonfler les rendements ?

Quelle sera la prochaine "dope" avec laquelle chaque établissement financier pourra "shooter" sa performance ? Oui, les leçons de la crise devaient être retenues. Non, la régulation ne sera plus comme avant. Mais dans la course frénétique aux bons rendements, les capitaux n'ont pas d'état d'âme et la main invisible semble bien impuissante à interdire le dopage aux actifs toxiques. N'attendons pas la première épreuve de montagne pour passer du discours aux actes en matière de régulation.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Et pourquoi tout simplement ne pas décrier publiquement que l'adoration du veau d'or (ou du dieu Argent, c'est selon sa religion!) est pernicieuse et amorale? Et ainsi culpabiliser suffisamment ceux qui se prennent encore pour les maîtres du monde, ...

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