Le livre pour tous

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

De c?ur, on a envie de faire corps. D'appuyer le combat d'Hervé de La Martinière contre Google. De suivre la croisade du David français de l'édition contre le Goliath américain du livre numérique. De défendre les droits des éditeurs et des auteurs, moraux aussi bien que pécuniaires, contre l'OPA hostile lancée sur leur business par le géant Internet.

Le procès intenté il y a trois ans par le Français, rejoint depuis par le Syndicat national de l'édition et la Société des gens de lettres, et qui vient aujourd'hui devant le tribunal de grande instance à Paris, a la rigueur du constat d'huissier. En octobre 2008, douze mille livres publiés par les filiales du groupe (Le Seuil, Delachaux, Abrams...) et conservés par des bibliothèques américaines avaient été numérisés par Google. Sans autorisation ni, bien sûr, sans le moindre versement de droits d'auteur.

Aujourd'hui, il y en aurait seize mille. Cent mille pour l'ensemble de l'édition française. Ces chiffres disent, à eux seuls, l'importance de ce bras de fer judiciaire, à l'issue incertaine puisque nul ne sait si le tribunal se déclarera compétent. La France n'a d'ailleurs pas le monopole de ce conflit, puisque la situation reste confuse aux Etats-Unis, où l'accord négocié en 2008 par Google avec les éditeurs américains n'est toujours pas validé par la justice devant l'opposition croissante de leurs homologues européens et les réserves de l'administration Obama.

Mais cinq ans après l'annonce de son projet Google Livres, le rouleau compresseur américain est à l'?uvre. La bibliothèque virtuelle de Google a indexé dix millions de livres (dont sept sans autorisation). L'objectif du moteur de recherche est d'atteindre rapidement les quinze à vingt millions, ce qui donnerait à sa bibliothèque virtuelle un monopole de fait. Jusqu'ici, le village gaulois a refusé toute transaction. Mais il n'a pas su se donner les moyens d'une contre-offensive. Côté public, le projet Europeana manque de moyens pour décoller. Côté privé, Hachette Livre, Editis et le trio Flammarion-Gallimard-La Martinière travaillent chacun sur une plate-forme numérique. L'attaque pourtant reste la meilleure défense.

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