Total et son maudit piédestal

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

C'est un trophée que Christophe de Margerie, le patron de Total, peut se réjouir de perdre. En tout cas secrètement. Depuis plusieurs années, le géant pétrolier français, avec des bénéfices dépassant les 10 milliards d'euros, se retrouvait propulsé au rang de champion français des profits. Aussitôt, des voix s'élevaient pour réclamer une taxation de ces résultats indécents, voire la nationalisation du groupe. Et à la moindre de ses tentatives pour restructurer un site, l'opinion publique se déchaînait.

Cette année, le PDG de Total va pouvoir souffler. La chute du prix du baril et la baisse de la demande en carburants ont quasiment réduit de moitié les "superprofits" de son groupe. Avec 7,8 milliards d'euros de bénéfice net, Total est certes pas encore à ranger dans la catégorie des "profits riquiqui". Mais il a perdu sa couronne. Le champion, désormais, c'est Sanofi, le leader national de la pharmacie. Quatre fois plus petit que Total en chiffre d'affaires, mais affichant plus de 8 milliards d'euros de bénéfice net. Grâce à la grippe et, surtout, à plusieurs gros médicaments générant plus de 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires, des "block­busters" dans le jargon du métier.

Et c'est donc Sanofi qui se retrouve dans le collimateur des syndicats et d'une partie des politiques. D'autant que Chris Viehbacher, le directeur général en poste depuis un an, a lancé un plan d'économies de 2 milliards d'euros. Avec 3.000 suppressions d'emplois à la clé - "dont 1.300 parmi les chercheurs", assure la CGT, qui accuse Sanofi de profiter de la manne gouvernementale du crédit d'impôt recherche d'un côté, tout en taillant dans ses effectifs en France de l'autre.

Peu importe les arguments avancés par la direction du laboratoire. A savoir que plusieurs de ses gros médicaments vont être copiés dès cette année, et ses ventes amputées d'autant. Chris Viehbacher aura besoin de beaucoup de flegme et de diplomatie pour faire taire ces critiques. Pas sûr, en tout cas, que les conseils de Christophe de Margerie lui soient très utiles...

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Commentaires 3
à écrit le 16/02/2010 à 8:41
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@ Démosthène : Cest bien connu et parfaitement démontré en cas de coup dur c'est tjs les dirigeants qui se retrouvent en première ligne pas les employés. Pensez donc ils ont les allocations chomâge eux. Quant à licencier des gens pour prévoir, la pr...

à écrit le 12/02/2010 à 14:09
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Il serait temps que les Français retrouvent le bon sens qu'une célèbre écrivain (genre féminin ou masculin: je m'y perds!) leur accordait; rien de mieux pour cela qu'un "bon" enseignement; nos enseignants pourraient faire lire l'Argent des Français d...

à écrit le 12/02/2010 à 8:17
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Gouverner c'est prévoir. On refuse aux dirigeants de Total et de Sanofi d'atgir en ce sens d'une bonne gestion. Naturellement ils seront en première ligne si les choses tournent mal. Décidément les Français ne comprennent pas grand chose à la gestio...

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