Cosmétiques et cheveux blancs

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

L'un, L'Oréal, est un géant de 17,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Leader mondial des cosmétiques, avec ses marques planétaires et ses milliards dépensés en marketing. L'autre, Yves Rocher, dix fois plus petit, dans les cosmétiques également, reste plus familial et secret. Depuis cinquante ans, il va chercher lui-même ses clientes, par la vente à distance et son vaste réseau de boutiques. Deux modèles très différents. Deux exemples de réussite française.

Pourtant, à l'orée de cette année 2010, force est de constater que ce ne sont plus les ménagères européennes ou américaines qui font rêver l'Ogre et le Petit Poucet. L'un et l'autre n'ont d'yeux, désormais, que pour les Chinoises, les Indiennes ou les Coréennes. Il faut dire qu'elles ont accru de 20% à 30% leurs achats de crèmes ou de shampooings l'an dernier, quand la consommatrice occidentale, de plus en plus rétive aux sirènes de la publicité, s'est plutôt contentée de vider ses placards.

Quoi de plus normal, alors, que d'aller chercher la croissance là où elle est. Avec la peau et les ongles des Asiatiques ou des Brésiliennes, plutôt qu'avec les dents comme le promettait notre président. Déjà, les deux groupes se mettent en ordre de bataille. Le nouveau patron d'Yves Rocher reconnaît que, pour fournir ces lointaines clientes, il va faire appel à la sous-traitance locale plutôt qu'à ses usines bretonnes. Et les chances sont faibles que L'Oréal inonde ces marchés avec des produits fabriqués dans l'Hexagone. Tous ces groupes vont vite retrouver une nouvelle jeunesse. Mais, en France, les ministres de l'Industrie et de l'Emploi risquent de se faire encore quelques cheveux blancs.

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