Il en a la stature, la fibre tricolore, le verbe haut et la colère rare, mais réputée. L'homme qui a fait Sanofi-Aventis, son PDG devenu président, Jean-François Dehecq a quelque chose d'un de Gaulle de la pharmacie. Et si son départ est plus glorieux que celui du général en 1969 après le référendum perdu sur la réforme du Sénat, il comporte tout de même quelques notes d'amertume. Pour sa succession, initialement mal négociée - confiée à son dauphin Gérard Le Fur, brillant chercheur mais pas manager, peut-être pour tenter de garder les commandes...
Pour corriger cette erreur, il aura fallu aller chercher à l'étranger le talent qui manquait, celui d'un germano-canadien, Chris Viehbacher. Un comble pour un groupe qui a toujours brandi bien haut l'étendard tricolore, même lorsqu'il a fallu se "marier" avec le franco-allemand Aventis, finalement absorbé sans coup férir, comme des dizaines de sociétés avant lui.
L'ogre Sanofi a en effet jalonné son histoire de rachats pendant les trente-sept ans de règne de son patron cofondateur. Autre note amère dans ce parcours spectaculaire, la question latente de la stratégie du groupe, confronté à la concurrence incessante des fabricants de médicaments génériques, aux doutes sur l'efficacité de certains nouveaux traitements, au rôle croissant des biotechnologies, aux risques financiers et scientifiques exponentiels du business des labos.
Que va devenir Sanofi ? Ce ne sera pas Jean-François Dehecq qui répondra à cette interrogation. Lui a mené pendant plus d'un tiers de siècle - et avec quel succès ! - la bataille du développement. L'heure est maintenant au pragmatisme, à l'opportunisme, et peut-être moins au charisme.
Salut au de Gaulle de la pharma
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