Europe, l'impératif industriel

Pendant dix semaines, La Tribune va publier chaque mardi, en partenariat avec Roland Berger Strategy Consultants et HEC, le panorama stratégique des tendances de dix secteurs clés de l'industrie européenne. Face aux mutations du monde, l'impératif industriel s'impose plus que jamais à l'Europe pour éviter le déclin. C'est le thème choisi cette année pour les 6èmes Rencontres de l'entreprise européenne qui se dérouleront le 23 novembre prochain.

Le monde du XXIe siècle vit une mutation sans précédent qui se caractérise par deux phénomènes majeurs : la globalisation des échanges de toute nature (marchandises, capitaux, savoirs...) conduisant à l'émergence de plaques régionales dépassant la taille des Etats, et à un déplacement du centre de gravité de l'économie de la zone Atlantique (Etats-Unis-Europe) vers la zone Pacifique (Chine-Inde). Face à cette mutation, l'Europe se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins, entre renforcement de l'intégration et tentation du repli sur soi protectionniste au niveau national. Devant la montée en puissance des acteurs ex-émergents (Chine, Inde, Brésil...), les choix que l'Europe sera amenée à faire engageront durablement et auront un impact majeur s'agissant de la place que cette zone occupera sur la scène économique mondiale des années 2020.

Le premier enjeu pour l'Europe est un enjeu d'unité. Dans un monde devenu un monde de grands ensembles, aucun État européen n'aura les moyens de peser individuellement, et seule une réponse collective peut permettre à l'Europe de rester maîtresse de son destin.

Pour ce faire, et compte tenu des forces et faiblesses actuelles, quels sont les secteurs sur lesquels miser ? Certains secteurs sont "naturellement" des secteurs où l'Europe sera amenée à jouer un rôle. Luxe, tourisme, nucléaire... l'Europe possède des atouts structurels qui lui permettent d'envisager sereinement l'avenir, sur des secteurs non délocalisables et/ou sur lesquels elle dispose d'une avance durable.

Sur les autres secteurs, l'Europe a vu ses positions attaquées par de nouveaux acteurs ayant à leur disposition des marchés en forte croissance, des avantages compétitifs majeurs (coût du travail) et un vivier de compétences inépuisable (la Chine forme aujourd'hui plus de chercheurs que l'Europe des Quinze, avec une croissance de près de 20% par an).

A maintenir cette tendance, l'Europe prend le risque de devenir une zone de second rang, avec une économie spécialisée sur quelques points forts et un déclin sur les secteurs industriels majeurs (automobile, matières premières, pharmacie...). Ou alors l'Europe décide de remettre au goût du jour le volontarisme industriel et de mettre en place une politique ambitieuse visant à recréer, sur des segments précis, un avantage compétitif durable et pérenne.

Pour ce faire, trois étapes nous semblent devoir être suivies. En premier lieu, identifier les secteurs où le "modèle social" européen ne constitue pas une barrière rédhibitoire. Sur des secteurs où se concentrent forte intensité en main-d'oeuvre, faible niveau de qualification et faible coût de transport (textile), croire que l'Europe est capable de recréer un leadership mondial est illusoire. A l'inverse, partout où il est possible de mettre en avant savoir-faire industriel et artisanal, performance technologique et capacité d'innovation, l'Europe peut (re)trouver sa place dans le futur panorama économique mondial.

La deuxième étape consiste à définir, par secteur, les segments à privilégier pour capitaliser sur les points forts actuels et compenser les faiblesses, tout en prenant en compte une véritable logique de filières. Enfin, une démarche volontariste de focalisation des investissements de toute nature (financiers, industriels, formation intellectuelle...) devra être mise en oeuvre pour mettre nos entreprises dans les meilleures conditions pour retrouver un leadership mondial.

Pour imager le propos, l'Europe a, quelque part, le choix aujourd'hui entre la destinée du Portugal ou celle de la Suisse. En vivant sur ses acquis et ses points forts naturels, l'Europe glissera petit à petit vers une zone de second rang, avec un PIB par habitant de l'ordre de 18.000 dollars. En regagnant des positions par une démarche industrielle d'ampleur et concertée, l'Europe peut à l'inverse s'imposer comme un acteur majeur, certes petit en nombre d'habitants, mais leader mondial sur quelques secteurs prédéterminés, permettant un PIB par habitant de l'ordre de 25.000 à 30.000 dollars.

Roland Berger, HEC et "La Tribune" associés vous proposent ainsi un aperçu de dix secteurs clés, dans lequel nous analysons les grandes tendances de déplacement de valeur et les enjeux stratégiques associés. Cette étude se conclura par les Rencontres de l'entreprise européenne le 23 novembre prochain, l'occasion de faire un bilan et une synthèse des grands objectifs que doit se fixer l'Europe sur les dix prochaines années.

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