L'euro, le gnome et les hamsters

Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.
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Pour comprendre le diable, il faut se mettre à sa place. Installons-nous un instant dans la peau d'un gnome de Zurich, un trader, un acteur de ces marchés financiers honnis, agonis, vilipendés par les gouvernements européens qui leur reprochent de saboter l'union monétaire. Pour le gnome, la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne sont comme des hamsters dans une roue, qui s'agitent et s'époumonent sans avancer d'un pouce. Tous les trois mois, ces pays décident de nouvelles coupes budgétaires, dont le produit est immédiatement mangé par la hausse des taux d'intérêt tandis que leur croissance économique s'effondre, augmentant encore le poids relatif de la dette. Ils font du surplace et s'épuisent.

Les hamsters en nage implorent : fais-nous confiance, nabot fortuné, notre avenir est radieux ! Malgré sa sympathie pour les rongeurs, le gnome n'a guère envie de risquer son argent. Et l'on peut difficilement lui donner tort. Le gnome tourne alors sa tête de gnome vers Bruxelles. Tous les trois mois, il voit arriver les chefs de gouvernement désemparés, qui se réunissent pour-régler-la-crise-européenne. Il les entend récuser le FMI, puis l'appeler au secours. Récuser l'idée d'un fonds européen, puis définir une enveloppe de 700 milliards. Refuser l'augmentation du fonds, puis la préparer. Durcir le Pacte de stabilité, puis l'adoucir. Le gnome entend aujourd'hui qu'il n'y aura pas de défaut de paiement d'un État en Europe. Il en conclut que les défauts sont vraisemblables.

Et l'on peut difficilement lui donner tort. Le gnome n'est pas méchant. Il a une sorte de bon sens paysan qui lui fait dire aux chefs de gouvernement réunis vendredi à Bruxelles : si vous voulez être crus, il faut vous résoudre à une extrémité désagréable, dire des choses crédibles. Et l'on peut difficilement lui donner tort.

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