Mais apprends donc ta leçon !

Par Eric Albert, correspondant de La Tribune à Londres.
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L'avantage avec les écoliers qui n'apprennent pas leur leçon est qu'on peut les envoyer au coin ou leur faire écrire cent fois :  J'apprendrai ma leçon la prochaine fois. Avec les marchés financiers, c'est malheureusement un peu plus compliqué. Pourtant, un bonnet d'âne et un coup de règle sur les doigts seraient les bienvenus.

Les marchés ont-ils tiré les leçons de la crise ? La réponse, entendue de plus en plus souvent ces derniers temps, est clairement non. Ce ne sont pas de dangereux gauchistes qui le disent. Ni même (ce qui serait presque pire vu de la City) des Français aux tentations dirigistes. Mais des personnalités de l'intérieur même du système.

Mervyn King, gouverneur de la Banque d'Angleterre, a un verdict cinglant. Dans une récente interview dans le Daily Telegraph, il attaquait particulièrement les banques, qui ne se sont pas réformées : "les problèmes sont encore là. La recherche du rendement à tout prix continue et les déséquilibres économiques grossissent de nouveau." Conclusion : une autre crise est possible. L'avertissement a du poids lorsqu'il émane de celui qui sera chargé, à partir de 2013, de la régulation des banques, actuellement assumée par la FSA. Même certains acteurs du marché estiment que le comportement du secteur n'a guère changé. James Cielinski, patron de la gestion obligataire de Threadneedle Asset Management, met notamment en cause les modèles de calcul des risques, qui n'auraient, selon lui, tiré aucune leçon de la crise. Pour preuve, un graphique sidérant, qui compare la volatilité du marché et les rendements obligataires.

Traditionnellement, le risque est calculé en fonction de la volatilité du marché. L'adage est simple : plus le marché est erratique, plus il est risqué. Le problème est que la volatilité était à son plus faible niveau mi-2007, et donc le risque. Immédiatement après, les "spreads" obligataires se sont fortement tendus. Et quel était le meilleur moment pour gagner de l'argent, quand les "spreads" ont commencé à se détendre ? Début 2009, bien sûr, quand la volatilité, et donc le risque, était à son plus fort.

Bref, la crise l'a prouvé, ce modèle ne fonctionne pas pour prévenir les crises. "Pourtant, ce genre d'outil est encore utilisé de façon courante un peu partout, notamment pour les banques", témoigne James Cielinski. La solution ? Le simple bon sens. "Il est impossible de prévoir les événements exceptionnels. Mais il faut faire des scénarios, et vérifier les risques en cas d'événement extrême. C'est comme ça qu'on découvre quels sont les actifs pour lesquels le rapport risque/rendement est asymétrique : une perte très forte en cas de problème et rendement moyen si tout va bien". En suivant cette logique, le gérant a vendu toutes ses obligations grecques, irlandaises et portugaises. Son collègue Mark Burgess dit la même chose à sa façon : "avec la crise, beaucoup d'investisseurs ont découvert à leurs dépens qu'ils n'étaient pas des génies. Mais depuis, le système n'a pas appris ses leçons". Allez, au coin !

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