Un sentiment d'inégalité

Par Eric Chol, rédacteur en chef à La Tribune.
Copyright Reuters

D'un côté la France d'en haut, la France des "amis du Fouquet's" comme le titre un magazine cette semaine, la France du CAC 40. Celle des bénéfices qui pleuvent, des dividendes à foison. De l'autre, la France d'en bas, celle qui trime. La France minée par le chômage, harassée par la crise, éreintée par l'inflation.

A une petite année des élections, il est plus que tentant d'opposer les deux. De souffler sur les braises sociales, d'entonner le refrain de la lutte des classes, de dénoncer ces riches, toujours plus riches et la montée des inégalités. La tentation est forte, sans aucun doute. Il suffit de relire le dernier rapport sur la pauvreté du Secours Catholique, montrant l'impact de la crise sur les populations les plus fragiles. Ou d'évoquer les chèques astronomiques versés aux ménages les plus fortunés au titre du bouclier fiscal. Les grands écarts donnent le vertige, sans traduire la réalité.

Car les statistiques que publie l'Insee dessinent un autre visage, moins caricatural et plus égalitaire de la société française. Impôts et prestations sociales irriguent le corps social et pansent les hématomes de la crise. Mais la folie des bonus bancaires et l'avidité de certains dirigeants ont fini par tordre la boussole sociale de l'Hexagone. Qu'importe que cette vision soit déformée : seules comptent les inégalités ressenties. Or, disait-on avec sagesse en 1913, au moment des premières grèves chez Renault, "il ne faut pas désespérer Billancourt". Un siècle plus tard, la maxime pourrait bien resservir à l'occasion de la présidentielle.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.