La création d'entreprise ou le feu d'artifice de la croissance

Par Stéphane Soumier, rédacteur en chef de BFM Business.
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Ce sera un feu d'artifice ! Le feu d'artifice de la croissance. Et je veux vous convaincre que vous pouvez tous venir le voir. Alors bien sûr je vais vous parler de l'ISF, mais le but de tous ceux qui construisent une opération que l'on appelle "Trois minutes pour convaincre", et qui va démarrer ce matin sur l'antenne de BFM Business, c'est d'entraîner tout le monde dans la seule véritable aventure des temps modernes, la seule qui soit en capacité de réellement changer le monde, l'aventure de la création d'entreprise.

ISF, parce que c'est la base, le dispositif qui permet de défiscaliser une partie de son investissement dans une entreprise en croissance. Un détail à ce propos, tellement exemplaire de cette période d'improvisation publique. Notre Turgot des temps modernes, François Baroin, nous a dit que la déclaration ISF serait "vraisemblablement" repoussée au 15 septembre. Sauf que, la loi c'est la loi. Et la loi Tepa stipule aujourd'hui que les investissements dans les entreprises doivent être bouclés au 15 juin. Les choses seront-elles modifiées, pour les porter au 15 septembre ? "On peut le penser", dirait sans doute le ministre. Sauf qu'en l'occurrence il s'agit d'actes et d'investissements qui ne peuvent se rédiger au conditionnel. "On verra bien, nous avons franchement d'autres problèmes à gérer en ce moment", nous ont répondu les quelques conseillers qu'on a pu attraper au vol. On les comprend. Conseiller des ministres qui vivent dans le happening permanent ne doit pas être de tout repos. Mais la conséquence de leur inconséquence c'est qu'en ce moment tout est gelé, que les millions (milliards ?) qui pourraient se déverser sur les PME n'aiment pas l'incertitude, et qu'ils pourraient bien aller se déverser ailleurs.

C'est pour ça qu'il faut absolument aller au-delà de l'ISF, se dire que l'on est tous concernés et que nous pouvons, à notre échelle, participer au financement de l'économie. En fait, je pense à la mutation géniale des organisations humanitaires dans les années 1980. Quand elles ont arrêté de nous mobiliser sur "la famine", pour nous mettre un gamin sous les yeux, un seul, nous donner son nom, nous raconter son histoire, nous faire comprendre tout ce que l'on pouvait faire avec quelques euros.

Les entrepreneurs qui vont venir à l'antenne ne demandent souvent que quelques centaines de milliers d'euros, et nous donnent accès, au prix d'un petit effort, à l'aventure de l'entreprise. C'est le concept du "crowdfunding", mis en place, en France, à Toulouse, par Wiseed, avec une plate-forme Internet efficace. "We seed" ("nous semons"), nous semons les graines de notre croissance, nous plantons les arbres sur lesquels monteront peut-être un jour nos gamins. C'est cela cette formidable aventure, c'est bien pour ça que des experts, comptables, gestionnaires de patrimoine, avocats, investisseurs, entrepreneurs nous donnent du temps pour évaluer les dossiers, sans rien attendre en échange. Oui, la création d'entreprise est une histoire de générosité, même si je ne suis pas sûr qu'une majorité de Français en soit convaincue. Un feu d'artifice, donc, un appel à l'enthousiasme et à la croissance. Un baromètre économique aussi. Et là je vais me faire moins lyrique. C'est la troisième édition de cette opération, et je constate qu'il y a de moins en moins de dossiers industriels. Les idées de service sont parfois géniales mais nous n'avons plus, cette année, ceux qui voulaient inventer les matériaux de construction du futur, construire l'avion d'affaires qui viendrait concurrencer le Falcon... Signe des temps.

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