Pébereau, Botín et la méritocratie républicaine

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
Copyright Reuters

L'histoire s'écrit, parfois, à peu. Tout bien pesé, celle des douze dernières années de la banque européenne aura été signée par deux hommes, Michel Pébereau et Emilio Botín. Tous deux ont donné leur mesure en 1999, le premier en fusionnant BNP et Paribas, le second en mariant Santander avec Central Hispano. Deux actes fondateurs, qui ont donné à leurs établissements respectifs une assise nationale suffisante pour se lancer dans le vaste monde. Parti le premier, l'Espagnol a d'abord donné le ton, débarquant en Angleterre (Abbey en 2004), aux Etats-Unis (Sovereign en 2006) avant de réussir son coup de maître, le dépeçage du néerlandais ABN Amro en 2007, dont il sut s'octroyer les meilleurs morceaux.

Paradoxalement, c'est ce dépeçage, dont le belge Fortis fit les frais, qui permit à BNP Paribas de revenir dans la course en la dotant d'un nouveau marché domestique, après la France et l'Italie (le rachat de BNL en 2006). Aujourd'hui, les deux hommes, l'amateur français de science-fiction et le banquier pianiste ibérique, sont au coude-à-coude. Les chiffres le disent. La capitalisation boursière ? Santander devance BNP Paribas (68 milliards d'euros contre 64), mais l'écart se réduit. Les résultats ? La banque espagnole a fait mieux que la française en 2010 (8,1 milliards d'euros contre 7,8), mais, pour la première fois, le rapport de force s'est inversé au premier trimestre 2011.

Entre les deux hommes, la différence se fait ailleurs. Dans la gouvernance. L'assemblée générale des actionnaires doit acter mercredi le prochain départ à la retraite de Michel Pébereau. Celui-ci, pur produit de la méritocratie républicaine, a préparé sa succession à son image, un modèle de méticulosité et d'anticipation. Emilio Botín, devenu banquier par héritage, transmettra, lui, le flambeau à sa fille... Ana Patricia. Une succession familiale dont on peut penser qu'elle présente moins de garantie. Car il ne suffit pas de triompher. Il faut aussi réussir sa sortie.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.