C'est rien de dire que l'électromobilité a créé des surprises chez les constructeurs. Innovations, audaces... De l'iconoclaste Renault Twizy à la BMW i3 qui contraste avec le style maison, l'électromobilité est un véritable prétexte pour les constructeurs pour s'aventurer sur de nouveaux territoires de style ou de concept. Chez Citroën, on a décidé de pousser encore plus loin le curseur des ruptures avec l'Ami.
Un cahier des charges intéressant
Première rupture, l'Ami n'est pas une voiture, il s'agit d'un quadricycle, ou couramment appelée une voiture sans permis. Deuxième rupture, l'Ami est exclusivement propulsée par la technologie dite du 48 volts, jusqu'ici retenue pour accompagner la propulsion de voitures thermiques et économiser du carburant. Ces deux ruptures font de l'Ami un véritable Ovni dans le paysage automobile européen qui a néanmoins pour but de répondre à plusieurs défis: celui de l'accessibilité tarifaire et celui des nouveaux usages de mobilité. Si le cahier des charges nous a paru intéressant, le résultat nous a néanmoins laissé perplexe...
Difficile de juger l'Ami sur son design. Évidemment, celui-ci est clivant, mais cela fait parti de l'ADN de la marque aux chevrons que de bousculer les codes. Non sans rappeler un certain "pot de yaourt", l'Ami assume ses dimensions très ramassées: 152 cm de hauteur, 241 cm de longueur, 139 cm de largeur. Malin, le design symétrique permet de dupliquer industriellement les mêmes panneaux de carrosserie à l'avant comme à l'arrière. Dans ce contexte extrêmement contraignant, nous reconnaissons à l'Ami une petite bouille rigolote et attachante.
Intérieur low cost
Mais à l'intérieur... Tout devient très cheap... L'Ami verse dans le low cost absolu. Nous avons compté en tout et pour tout six boutons de contrôle de l'automobile (chauffage et feux de détresse inclus). Jamais l'intérieur d'une voiture n'avait paru aussi dépouillé, et aussi entrée de gamme. Rien ne paraît solide, tout est manuel. Pas de rétroviseurs intérieurs, quand les extérieurs ne sont pas plus gros que des petits miroirs de poche, la planche de bord comporte des pots à crayon en plastique souple amovible, de type écolier. Enfin, l'assise est extrêmement dure, loin, très loin de l'ambition de Citroën de devenir "la référence" du secteur en matière de confort.
Pis... Cet inconfort est achevé par un agrément de conduite décevant. L'Ami passe complètement à côté de la douceur de conduite qui nous a pourtant tellement séduit dans l'électromobilité. La technologie du 48 volts ne parvient pas à donner le dynamisme qui rendrait cette voiture fun à conduire. Au contraire, elle est même poussive en accélération, et la direction est molle. Dommage, car le concept qui permet de revisiter la mobilité urbaine aurait pu trouver une réponse avec l'Ami, occultant les faiblesses inhérentes à sa typologie de quadricycle (45 km/h maximum et 75 km d'autonomie). En vain: l'Ami ne nous a ni amusé, ni satisfait à conduire.
"Moins cher qu'une carte Navigo"
Pour Citroën, l'Ami est une seconde ou une troisième voiture. Elle se conduit à partir de 14 ans, et sans permis. Elle est idéale pour la maison de campagne. Elle est également une réponse pour des flottes de véhicules en libre-service. Ainsi, Free2Move va intégrer le modèle dans sa flotte à Paris. Dernier argument, celui du prix. Pour la filiale du groupe PSA, l'Ami est la voiture électrique la plus accessible du marché, vendue au prix canon de 6.900 euros. Ou disponible en location longue durée à la Fnac ou chez Darty au loyer de 78 euros par mois: "moins cher qu'un pass Navigo", martèle-t-on chez Citroën certain d'avoir trouvé l'idée de génie.
Pour autant, le véritable prix à payer n'est pas sonnant et trébuchant, mais réside dans les compromis de confort. Une facture finale que nous ne sommes pas prêts à payer, même par "ami-tié" pour une marque qui accomplit pourtant d'immenses et incontestables sauts qualitatifs sur sa gamme classique...
- La semaine prochaine: Honda e, l'électromobilité façon manga
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