Heuliez, l'infirmerie et la pépinière

10 millions d'euros. Voilà ce que la direction d'Heuliez, l'équipementier automobile installé dans les Deux-Sèvres, demande pour sauver l'entreprise, pour préserver 1000 emplois. L'Etat donne l'impression d'hésiter.

L'Etat va y aller, son Fonds, le fonds d'investissement stratégique va être mis, à tous les coups, à contribution. Ces 10 millions d'euros, il n'y a pas que la direction qui les demande. Hier, on a vu les dirigeants l'entreprise, soutenus par jean-Pierre Raffarin, défiler avec les salariés, les syndicats et Ségolène Royal. On imagine mal que, face à ce front uni, Nicolas Sarkozy qui s'est saisi du dossier, ne leur réponde pas favorablement.

Heuliez, c'est pourtant quand même pour l'Etat un beau cas d'école. La question qu'il soulève, c'est de savoir si ce Fonds, ça doit être la nouvelle infirmerie de l'industrie française, si il ne doit pas en être plutôt sa pépinière. Si ce fonds, créé il y a quelques mois, doit sauver, à tout prix, tous les canards boiteux de l'Hexagone ou s'il doit réserver ses moyens à protéger, à aider les futurs joyaux de l'industrie française...

Heuliez, c'est la voiture électrique, c'est l'avenir...

Ce n'est, malheureusement, pas que cela. Heuliez, c'est en réalité une entreprise en difficulté depuis de nombreuses années. Rien à voir avec la crise actuelle. Problème de qualité, difficultés d'adaptation aux nouveaux marchés, pertes de gros clients... Heuliez est depuis deux ans, bien avant la récession, sous le coup d'une procédure de sauvegarde - proche de la faillite donc. Ca fait des années que le groupe recherche des partenaires. Il avait d'ailleurs failli se marier à un indien. Tout cela a échoué.

Alors, la crise, le fonds stratégique, c'est à l'évidence une aubaine pour les dirigeants d'Heuliez. Ils mettent leurs difficultés sur le dos de la crise, cherchant ainsi à se dédouaner de leurs propres responsabilités. La question, c'est de savoir si l'Etat doit accepter, comme ça, de donner 10 millions d'euros à des dirigeants qui ont conduit l'entreprise au bord du dépôt de bilan...

L'Etat peut poser ses conditions...

Oui, c'est effectivement ce qui se négocie en ce moment. Poussé par l'Elysée, le fonds stratégique mettra sûrement la main à la poche. Mais à certaines conditions : que les bras morts de l'entreprise soient coupés, que les parties les plus fragiles soient adossés à des partenaires industriels plus vaillants.

Si le fonds devait céder trop rapidement, ce serait la porte ouverte à toutes les dérives. Ce Fonds deviendrait une simple infirmerie de campagne, pas la pépinière promise. Pas sûr pour l'avenir, pas sûr pour l'industrie française, que ce soit là la bonne solution !

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