Le trop beau succès de la prime à la casse

Bonne nouvelle : les ventes de voitures neuves ont augmenté en juin de 7,1%. Sur six mois, elles sont finalement restées stables. L'explication, la prime à la casse. Cette aide de l'Etat de 1000 euros marche bien, deux fois mieux que prévu... Un beau succès.

Oui, un succès qui est en train de virer au casse tête-chinois. La question : comment on en sort. Alors, la prime, un succès, c'est indéniable. Depuis le début de l'année, 200.000 Français ont acheté une voiture neuve grâce à cette prime. On en prévoyait 200.000 pour l'ensemble de l'année. Même succès dans les autres pays européens qui l'ont pratiquée. En Allemagne, où elle est plus généreuse - la prime est de 2500 euros, ce sont un million de voitures neuves déjà qui ont été vendues grâce à elle. Alors, la question, c'est comment on va sortir de cette prime à la casse. En France, cette prime qui  fait partie du plan de relance, normalement, elle doit s'arrêter au 31 décembre. Les constructeurs craignent le pire. Dans le passé, quand on a arrêté des primes de ce genre, les « balladurettes » et les « jupettes », dans les années 90, le marché s'était effondré. Les ventes avaient chuté de 20% à 25%, tombant plus bas qu'avant la crise !

Les constructeurs font un lobbying pour une sortie « en sifflet » de ces primes...

Exact. Alors, ces primes, bien sûr, dans l'immédiat, ça soutient le marché, ça évite des suppressions d'emplois. Quand on les ajoute au bonus-malus et aux promotions des constructeurs, ces primes, ça dope les ventes. En réalité, ça déforme surtout le marché. On le voit nettement depuis le début de l'année : la prime et les bonus-malus ont favorisé l'achat de petites cylindrées, de voitures françaises, de moteurs à essence, de véhicules moins polluants aussi. Elles ont poussé certains automobilistes à anticiper leurs achats, pas à les augmenter. Elles ont aussi cassé le marché de l'occasion. Ce qu'on achète aujourd'hui, on ne le rachètera plus demain. Ces primes, en définitive, c'est un dopant artificiel...


Ca donne un peu d'air aux constructeurs pour qu'ils préparent l'avenir...

On peut craindre le contraire. Que ces primes ne fonctionnent  plutôt comme un anesthésiant, un anti-douleur qui calme le mal sans le guérir. Quand il faut arrêter le traitement, la douleur revient. Il y a en Europe, dans l'automobile, des surcapacités de production, tous les constructeurs le reconnaissent. Les primes d'aujourd'hui, ça reporte à plus tard le redimensionnement de cette industrie, sa modernisation aussi. Ce que les Américains sont en train de faire - de redimensionner leur industrie, de la moderniser aussi, les Européens, protégés par ces primes, ne le font pas. Les  primes à la casse, ça limite la casse, ça ne répare pas la tasse. Avec ces primes, on a donné à l'industrie automobile européenne des cannes pour lui faciliter la marche, on ne l'aide pas à mieux marcher demain. Le risque, c'est que lorsqu'il faudra lui retirer ses cannes, elle ne retombe, plus bas encore !

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.