Ce n'est pas une surprise. Dès juillet, nous avions évoqué, en première page de « La Tribune », cette hypothèse, celle d'une France en récession. Une explication simple : l'effet domino, dans le monde, est en marche. On ne peut pas avoir une récession partout sur la planète et croire que la France pourrait y échapper.

Alors, avec un recul de l'activité compris entre 1% et 1,5%, ce sera effectivement la pire récession depuis 1945, depuis la Guerre. Pire qu'en 75, avec le choc pétrolier. Pire qu'en 93 aussi : la production avait alors reculé de 0,9%. Pour le gouvernement, c'est bien sûr une mauvaise nouvelle. C'est pire ailleurs : ce sera mercredi son argument numéro un. Ce n'est pas faux. La chute de la production est beaucoup plus brutale au Japon, aux Etats-Unis et en Allemagne. Sur 2009, le recul de l'activité devrait au total y être plus violent que chez nous. En Allemagne et en Grande Bretagne, on attend du -2 ou -3% !

Le gouvernement français resterait encore un peu optimiste ?

Difficile à dire dans ce brouillard à couper au couteau. Cette nouvelle prévision est encore un tout petit peu plus optimiste que celles des grandes organisations internationales, Bruxelles ou le FMI, mais de peu. Une dégradation plus brutale n'est pas à exclure...

La conséquence, ça va être plus de déficit...

Oui, et sans doute la relance du débat sur la relance.

Mercredi, dans son collectif budgétaire, le gouvernement va intégrer dans les comptes publics la facture, celle de la récession, celle des mesures anti-crise aussi. Tout cela, ça portera le déficit de l'Etat à 100 milliards d'euros, celui au total de l'ensemble des administrations publiques à 5,5% du produit intérieur brut. On est loin des 3% fixés dans les accords européens, un plafond provisoirement suspendu pour cause de crise.

5,5% ? L'Etat peut-il faire plus ? Ca va être, aujourd'hui, la grande question. 5,5%, c'est énorme. C'est le niveau du déficit en 93, pendant la dernière récession. C'est moins que le déficit américain d'Obama, plus que le déficit allemand. Pendant l'incendie, il faut arroser, c'est sûr. Pendant la crise, injecter des fonds dans l'économie. Il ne faut quand même pas oublier qu'une fois l'incendie éteint, il faudra éponger. Et mieux vaut ne pas avoir à trop éponger pour pouvoir redémarrer au plus vite !