TVA à 5,5% : un champagne déjà émoussé

Demain, la TVA à 5,5%. Après quinze ans de combat, les restaurateurs vont savourer leur victoire. D'ores et déjà cependant, des voix montent pour remettre en cause cette réforme. Dernière en date, celle du FMI...

Oui, pas question de sabrer le champagne. Demain la TVA baisse, le débat lui recommence à monter. Hier, le FMI, le Fonds monétaire international, a publié son rapport annuel sur la France. Face à la dérive des comptes publics, il demande à l'Etat français une meilleure gestion, l'abandon en particulier de réformes comme cette baisse de la TVA dans la restauration. Pour le FMI, cette baisse de la TVA, c'est une nouvelle distorsion dans un système fiscal déjà très confus, ce n'est pas vraiment une « dépense d'avenir », c'est en réalité une mesure très coûteuse, très inefficace aussi. Elle doit donc être temporaire. Le Fmi demande à ce qu'elle soit abandonnée dès que la crise sera passée.

L'addition va baisser, les brigades vont être renforcées et mieux traitées...

Allez, vous y croyez, vous. Ces engagements, pris par la profession, personne n'y croit, pas même les restaurateurs eux-mêmes ! Exemple : les prix. Les grandes enseignes promettent de les baisser un peu, sur quelques produits. Les indépendants, les plus nombreux, de loin, sont bien plus prudents. Avec la crise, le recul de la fréquentation, la multiplication des défaillances, pas sûr qu'ils les réduisent beaucoup, pas sûr surtout qu'ils ne reviennent, rapidement, sur les réductions accordées. Idem pour les embauches. 40.000 emplois nouveaux sur deux ans - dont 20.000 contrats d'apprentissage. C'est ce qu'avaient promis les restaurateurs en mars dernier, lors de la signature du « contrat d'avenir », avec l'Etat. Déjà, 2,3 milliards d'euros, c'est le coût de la mesure, pour 40.000 emplois, ça fait cher l'emploi créé : 250.000 euros par emplois créés. On n'a jamais vu cela. Le pire, c'est que ces 40.000 nouveaux jobs, on est aujourd'hui pratiquement sûr qu'ils ne seront pas atteints.

Hervé Novelli, le ministre en charge, sera ce soir sur le terrain, pour dans une brasserie des Champs Elysées. Pour vérifier...

...le respect des engagements pris par la profession. C'est là sans doute le plus scandaleux de l'affaire. On aide une profession avec des sommes mirobolantes. Elle prend des engagements. Mais aucun mécanisme de contrôle du respect de ces engagements n'est prévu ! Aucune sanction non plus si ces engagements ne sont pas tenus. C'était d'ailleurs déjà le cas avec les exonérations de charges dont les restaurateurs avaient bénéficiées.

Voilà : ce sont des décisions comme cette TVA réduite dans la restauration qui permettent de s'inquiéter de la boîte de Pandore ouverte par Nicolas Sarkozy avec son grand emprunt. On va trouver, c'est sûr, plein d'idées comme celle-là, des propositions coûteuses et inefficaces. Qui n'ont rien à voir avec l'après-crise, qui ont tout à voir avec les prochaines élections...

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