Bruno Le Maire : pas (encore) démago ?

En pleine campagne pour sa reconduction, la candidat Barroso a reçu lui-même pendant une heure ce matin le nouveau ministre français à l'agriculture Bruno Le Maire.

Pour satisfaire Paris, José Manuel Barroso avait garanti dans des termes généraux lors du dernier sommet européen de s'atteler à la "promotion du développement de notre secteur agricole". Bruno Le Maire est venu à Bruxelles lui donner des éléments pour étoffer un peu son programme : régulation de la production, nécessité d'une transparence des prix et nécessité de faire de l'agro-alimentaire et de l'agro-industrie européennes des secteurs très compétitifs.

Bien que l'ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes ait affirmé vouloir travailler dans "l'héritage" de son prédecesseur, il a adopté une approche différente de celle de Michel Barnier par rapport aux quotas laitiers. Le Maire donne raison à la Commission alors que le chef de file des eurodéputés UMP s'était rangé aux côtés des producteurs laitiers et n'avait pas osé corriger le nouvel amalgame populiste de Philippe de Villiers attribuant la baisse des prix du lait aux quotas (voir post Philippe de Villiers : rectificatif).

Agriculteurs et responsables européens s'étaient engagés dans un dialogue de sourds : les premiers réclamant une baisse des quotas laitiers et les seconds estimant que les quotas étaient nullement responsables de la chute des prix. Michael Mann, porte-parole de la Commission, était formel : "la production de lait a baissé en dépit d'une hausse des quotas et on se situe actuellement 5% en-dessous de la production autorisée".

Le régime des quotas laitiers a été mis en place en 1984 pour limiter la production, au grand mécontentement des agriculteurs. Depuis, les positions se sont inversées : les Vingt-Sept doivent supprimer progressivement les quotas d'ici 2015, contre l'avis des agriculteurs qui en défendent désormais le principe régulateur.

Bruno Le Maire a constaté ce vendredi matin "qu'on a accordé à la France un quota de 25 milliards de litres pour 2009 en année pleine et qu'on devrait produire 23 milliards de litres en année pleine. Les quotas ne sont pas remplis."  Les quotas ne sont donc pas la solution. "On ne peut pas s'accrocher à toutes les formules magiques. Il n'y a pas de formule magique. Si les quotas marchaient si bien, les agriculteurs auraient un salaire juste et décent, ce que je souhaite. Ce n'est pas le cas.  C'est une inflexion. Je l'assume pleinement."

Bruno Le Maire va-t-il rester sur cette ligne et ne pas céder aux "c'est la faute à Bruxelles" ou n'a-t-il juste pas encore vraiment eu l'occasion de se frotter aux agriculteurs ? Affaire à suivre...

Y.-A.N.

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