Le tonneau des Danaïdes

Les montants des fonds publics consacrés à la rescousse des entreprises financières sont déjà considérables. Et pourtant, elles continuent à perdre de l'argent.

Vous connaissez peut-être les

Danaïdes

, les 50 filles du roi

Danaos

. Leur père fuit ses neveux, les cinquante fils d'

Egyptos

. Finalement, ce beau monde se retrouve à

Argos

et semble se réconcilier. Chaque

Danaïde

épouse un fils d'Egyptos mais, le soir des noces, le tue à l'aide d'une longue épingle à cheveux. Le rapport avec la finance actuelle ?

Nous y voici. Les Danaïdes sont punies, envoyées aux enfers et condamnées à remplir un tonneau percé. D'où l'expression «

tonneau des Danaïdes

» qui vient à l'esprit dès que l'on prend connaissance des derniers besoins de renflouement public de diverses institutions financières.

Qu'on en juge : l'assureur

AIG

, à qui la Réserve Fédérale avait accordé un prêt de 85 milliards de dollars, est retourné chercher pitance auprès de la même Réserve Fédérales et du Trésor américain. Entre les prêts et les augmentations de capital réservées au Trésor, on parvient à la somme de 152,5 milliards de dollars. Est-ce que cela va suffire ? On espère, sans pouvoir en être certain. Dans une industrie sœur,

Fannie Mae

, les pertes ne cessent de s'accumuler : 29 milliards de dollars au cours du dernier trimestre. Fannie Mae aura besoin d'une nouvelle injection de cash d'ici à la fin de l'année.

Le

TARP

le Trouble Asset Relief Program, autrement dit le plan du Trésor américain pour soutenir les actifs pourris, a déjà utilisé 290 milliards de dollars sur un total de 350 milliards autorisés pour sa première tranche. En conséquence, Hank Paulson, le secrétaire au Trésor de l'Administration Bush, va certainement devoir retourner devant le Congrès pour demander le déblocage de la seconde tranche de 350 milliards de dollars. Et si la finance n'en a pas besoin, Detroit fait déjà la queue. A quand les distributeurs américains?

La situation n'est pas sans risques. Et comme ce blog l'a déjà mentionné, les interventions des différents Etats dans le capital des institutions financières provoquent une distorsion de concurrence.

Michael Ceoghegan

, le directeur général de

HSBC

, va même plus loin. Il a indiqué au

Financial

Times que les garanties des Etats ont été données à des équipes de direction qui ont failli. Elles sont toujours en place. Leur apporter un soutien financier continu est une forme de récompense de l'incompétence.

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