Vivement le triple B !

Par Marc Fiorentino, de Monfinancier.com.
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Qui l'eût cru ? Une semaine après une vague dévastatrice de dégradations de notes européennes par Standard and Poor's, l'euro a bondi, les indices boursiers ont progressé de 5% et l'Espagne et la France, dégradées, ont emprunté à des taux inférieurs et ont dû faire face à une forte demande. Il est vrai que ces dégradations et notamment la perte du triple A français étaient très largement anticipées. Il est vrai aussi que la crainte du risque avait atteint des sommets quand l'Allemagne a pu emprunter à des taux négatifs et que les investisseurs vont devoir tout de même se remettre à penser rendement après s'être focalisés obsessionnellement, à juste titre cependant, sur la sécurité.

Il y a eu un précédent : les Etats-Unis. Les Etats ont vu leur taux baisser significativement après la perte du triple A et les indices américains se sont même payé le luxe cette semaine de frôler les niveaux de juillet 2011, avant la dégradation. Mais la situation américaine est très différente. Aux Etats-Unis, il y a une banque centrale qui absorbe sans limites toutes les dettes émises par le gouvernement américain. Lors des émissions. Ou sur le marché secondaire. Et aux États-Unis, les nouvelles économiques sont bonnes. Ce n'est pas l'euphorie. On est loin de la puissance des rebonds post-crise, mais les craintes de récession se dissipent.

Rien de tel en Europe. La Banque centrale européenne continue à se germaniser, Mario Draghi est autiste, Angela Merkel savoure sa promotion au poste de patronne de la zone euro sans rien lâcher, et la croissance est molle, très molle.

Alors pourquoi cette hausse que j'appelais de mes voeux dans ces mêmes colonnes la semaine passée ? Un effet mécanique d'abord. Les banques commencent à utiliser l'argent que la Banque centrale européenne leur a prêté. Après avoir déposé un montant record de 525 milliards d'euros à la BCE alors qu'elles en avaient emprunté 500, elles retirent, prudemment certes, quelques milliards chaque jour pour les investir, probablement aussi dans des dettes souveraines. Un effet psychologique aussi. L'excès de pessimisme dans lequel les investisseurs étaient immergés n'est pas tenable sur la durée. Même une personne qui se noie sort la tête de l'eau pour reprendre sa respiration...

Un effet "greed" aussi. Quand la Bourse chute, les investisseurs jurent qu'ils ne s'intéressent qu'à la sécurité et pas au rendement, mais quand la Bourse monte de 5%, les gérants se voient reprochés de ne pas faire de performances... L'appât du gain.

Il est trop tôt pour savoir si ce départ en fanfare sera tenable ou durable. La crise européenne n'est pas réglée, la croissance américaine n'est pas encore confirmée, la politique monétaire chinoise n'est pas encore laxiste, mais profitons de cette "respiration". Au pire, il nous restera le souvenir d'une belle semaine de hausse malgré le bombardement de Standard and Poor's...

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Commentaire 1
à écrit le 23/01/2012 à 14:24
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Ne serait-il pas interdit de penser que cette remontée de la Bourse n'est qu'un artifice : un petit nombre d'individus manoeuvrent pour faire croire à une hausse de longue haleine, afin d'engranger des gains importants sur une courte période, et reve...

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