Smartcar : la technologie à l'épreuve du réel

Dans trois ans, la voiture sans chauffeur de Google pourrait être commercialisée. Quelles sont les implications de cette révolution? Par Christine Milan, Co-Directrice de la Stratégie et de l'Innovation, Nurun

Le prototype de voiture sans chauffeur de Google a récemment franchi avec succès le cap des 300 000 miles parcourus sans accident. Fidèle à sa stratégie de rupture, le géant américain a estimé que la commercialisation d'une version grand public pourrait avoir lieu d'ici trois à cinq ans. Cette évolution spectaculaire touche un objet familier dont l'utilisation n'a que peu évolué depuis plusieurs décennies. Bientôt, la voiture va devenir une entité connectée parmi d'autres. De même que l'on s'est habitué à utiliser le téléphone pour faire bien d'autres choses que téléphoner, il faudra désormais considérer la voiture comme un nouvel espace connecté que l'on n'utilise pas uniquement pour se déplacer. Mais contrairement à ce que laisse penser l'allure joviale du prototype de Google, la voiture sans chauffeur pose des problèmes d'usage très sérieux, qu'il conviendra de résoudre pour en faire un objet du quotidien.

De nombreux problèmes d'éthique liés à l'intelligence artificielle

La voiture de demain intégrera naturellement cet Internet des objets qui s'étend à de plus en plus d'aspects de notre vie. Elle deviendra peut-être un lieu à part entière où l'on pourra travailler, dormir, communiquer avec l'extérieur. En tant que prototype, la voiture sans chauffeur semble pour l'instant répondre à toutes les normes de sécurité routière. En réalité, il se pourrait bien que les véhicules automatiques individuels soient les premiers avatars technologiques pour lesquels se poseront de complexes questions d'éthique liées à l'intelligence artificielle.

En effet, il est pour l'instant aisé de programmer une voiture pour l'intégrer de manière autonome au trafic routier. Mais comment doit-on la configurer pour réagir à des situations d'urgence ? Comment une intelligence artificielle conçue pour éviter de mettre en danger la vie humaine réagira dans une situation extrême, où par exemple il s'agira d'éviter un groupe d'enfants sur la route, au risque de percuter une autre personne ? À mesure que nous nous reposons toujours plus sur des outils digitaux, la question des choix fondamentaux que nous les laissons faire à notre place se pose de plus en plus.

Un assureur pourra empêcher le démarrage de la voiture...

Devenue objet connecté, la voiture de demain émettra par ailleurs, comme votre smartphone, des données qui pourront être utilisées pour améliorer votre expérience, mais qui pourront aussi être récupérées par des tiers. Votre assureur pourra ajuster en temps réel ses prix en fonction de votre conduite, voire même empêcher le démarrage d'un véhicule non assuré. Une voiture autonome implique de repenser complétement nos déplacements et de réinventer nos normes d'usage : laisserons-nous nos enfants voyager seuls dans des voitures sans chauffeur ? Comment devront être adaptées les routes, les stations services et la ville dans son ensemble, pour correspondre à ces nouvelles pratiques ?

Si la voiture connectée est pleine de promesses, ses promoteurs ne devront pas négliger les complexes ramifications sociales qu'impliquent de tels changements dans nos modes de déplacement quotidiens. En somme, pour ne pas rester dans les oubliettes de l'histoire aux côtés de la voiture volante, la smartcar va devoir faire l'expérience du réel.

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Commentaires 4
à écrit le 04/11/2014 à 9:31
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totalement sans futur ou très limité. Car premièrement nombreux ne voudront pas "laisser leurs vies" entre les mains de lasers et caméras, même si la technologie est fiable à 99.99999%. Ensuite quels responsabilités en cas d'accident (qui arrivent in...

à écrit le 04/11/2014 à 7:23
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Monsieur Google il y a une usine de petite voiture électrique a reprendre chez Ségolène...

à écrit le 03/11/2014 à 21:54
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Rien de nouveau sous le soleil dans cet article ... Il aurait plutôt fallu parler de la vraie révolution qui s'annonce et qui angoisse tous les constructeurs : à partir du moment où je peux appeler une voiture (sans chauffeur) de location pour aller...

le 04/11/2014 à 8:15
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tout à fait . On va arriver la voiture comme service de transport (franchement je ne vois pas la voiture connectée servir de chambre) , et non comme objet (enfin ex-objet) de désir . Un point : pour le moment je ne pense pas que la Californie ait a...

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