Malaise dans le conseil et les services aux entreprises

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le malaise dans le conseil et les services aux entreprises.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Quelque chose ne tourne pas rond dans les services aux entreprises. Ce n'est pas tant le niveau d'activité qui suscite les inquiétudes : il se maintient bon an mal an. Et si le temps béni de la grande vague d'externalisation où le chiffre d'affaires progressait de quasiment de 6% l'an est révolu, il reste un fond de croissance, une croissance estimée à un peu moins de 1% pour cette année. Ce n'est pas renversant, mais la branche parvient à se maintenir à flot.

La pression du low-cost

C'est cohérent avec l'image renvoyée cette fois ci par les chefs d'entreprise eux-mêmes dans les enquêtes de conjoncture de l'INSEE. Interrogés sur leur activité récente, ils témoignent d'un courant d'affaires un peu faible. Le solde d'opinion référant se place sous sa moyenne de long terme, sans trop s'en écarter et la tendance prévue pour les 3 prochains mois se situe dans le sillage des précédents, avec une très légère amélioration anticipée.

Alors pourquoi, le climat des affaires, qui résume l'opinion des chefs d'entreprise sur l'ensemble de la conjoncture dans les services reste-t-il coincé à des niveaux plus proches de ceux correspondants à une situation de crise ou pour le moins de profond malaise. Si les dirigeants sont pessimistes, c'est que leurs prix sont écrasés: ils baissent même depuis un an et demi maintenant signe que les pressions déflationnistes s'intensifient. Et les chefs d'entreprise n'anticipent aucune amélioration dans les mois à venir.

Bien au contraire, ils sont toujours aussi nombreux à prévoir des prix sous pression. Mais finalement, cela fait plus de deux ans, qu'enquêtes après enquêtes, une majorité d'entreprises témoignent de cette pression. Et attention aux idées reçues. Cette pression ne s'exerce pas uniquement sur les prestations à faible valeur ajoutée. Tous les services sont concernés.

Deux exemples

Les services informatiques. Les prix reculent dans la profession depuis le 2ème trimestre 2013. Et le plongeon concerne aussi bien la programmation, le conseil ou l'installation-maintenance. La montée de la concurrence des petites structures « freelance », la pression exercée par les entreprises étrangères, principalement indiennes, ont conduit à une lutte infernale sur les prix et les marges trinquent. Selon une récente étude réalisée par Precepta sur les stratégies dans les services informatiques, le taux de marge brute des sociétés informatiques réalisant entre 25 et 100 millions de chiffre d'affaires serait ainsi passé de 7 à 3,7%

Autre exemple emblématique, le secteur des services comptables de l'audit et du conseil. Au-delà des à-coups, la tendance est à la baisse. C'est le reflet du durcissement des conditions de marché dans le secteur : renforcement de la concurrence intra-sectorielle (avec la multiplication des services en ligne comme les devis par exemple), émergence d'offres low-cost pour les missions comptables, négociations plus rudes avec les clients, généralisation des appels d'offres dans l'audit.

Bilan les taux de marge sont écrasés et sont tombés de près de 10% sur la saison 2007-2008, à 8% aujourd'hui, selon l'étude de Precepta sur l'audit et l'expertise comptable. On comprend alors un peu mieux le désarroi des chefs d'entreprise des services : les volumes sont là, ou presque là, mais pas les prix, pas les marges, d'où une précarisation croissante et une impossibilité de facturer les montées en gamme.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaire 1
à écrit le 17/11/2014 à 15:23
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La conséquence immédiate se voit sur les salaires d'embauche, le faible taux d'augmentation des salaires des personnels en place et l'effilement du sommet de la pyramide des ages. Les prix baissent, les salaires aussi. Finie l'époque bénie des salair...

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