2023, l’année de la reprise du marché des introductions en bourse ?

OPINION. 2021 a enregistré un nombre d'introductions en bourse (IPO) historiquement élevé. L'année 2022 a pour autant été marquée par l'incertitude géopolitique, l'inflation et les hausses de taux d'intérêt et provoqué une chute de l'intérêt pour les IPO. Que peut-on attendre en 2023 ? Va-t-on se rapprocher des records enregistrés en 2021 ou du bilan 2022 ? Par Maxim Manturov, responsable Investment Research chez Freedom Broker.
(Crédits : Regis Duvignau)

 De nombreuses multinationales internationales ont annulé ou reporté leur introduction en bourse de 2022 à cause de la guerre à l'image de Bol.com, Coolblue ou encore WeTransfer. La volatilité des marchés a aussi fortement inquiété les investisseurs. Toutes ces entreprises ont désormais plus de temps pour se préparer à leur IPO dès que les marchés se seront redressés.

En 2022, seules 174 entreprises ont jusqu'à présent opté pour une cotation aux États-Unis, et 66 d'entre elles l'ont fait au cours des deux premiers mois de l'année, avant le conflit en Ukraine. Les États-Unis représentent, de loin, le marché le plus populaire au monde pour une introduction en bourse, et donnent donc une bonne image de l'état des IPO.

En revanche, 2021 a été une année record avec plus de 1 000 introductions en bourse aux États-Unis. Un résultat largement supérieur à la moyenne, qui est de 260 IPO annuelles depuis 2000. Un record a aussi été battu sur le Nasdaq de Copenhague en 2021, avec 19 introductions, contre... zéro en 2022. Cette année 2021 est aussi l'année de lancements majeurs dans le secteur des voitures électriques - dont la plus grande introduction en bourse de l'année, par le fabricant américain de voitures électriques Rivian, qui a levé un peu moins de 12 milliards de dollars. En parallèle, les SPAC ont fait l'objet d'une grande popularité. On se souvient notamment du fabricant de voitures électriques Lucid Motors qui a profité de cet engouement pour le secteur pour entrer en bourse. Malgré cela, il ne faudra pas attendre grand-chose des SPAC en 2023. Les autorités boursières américaines ont renforcé les règles en la matière, ce qui signifie qu'on n'attendra pas le volume de cotations de 2021 en 2023.

La Chine, un modèle enregistrant un record d'introductions en bourse

Malgré la tendance globale, la Chine fait figure d'exception et ne recule pas devant une introduction en bourse par temps de crise. Au cours du seul premier semestre 2022, on a enregistré 178 IPO dans l'Empire du Milieu, soit plus qu'aux États-Unis jusqu'à présent, pour un résultat global d'un peu moins de 40 milliards USD. Ce phénomène s'explique en partie par une politique monétaire plus souple de la banque centrale chinoise (PBC). En outre, le gouvernement chinois est pleinement engagé dans la stimulation de l'économie avec des initiatives visant à relancer le développement de l'économie chinoise confuse. Les banques d'Etat ont pu bénéficier d'un soutien sous forme de prêt de 300 milliards de yuans (environ 40 milliards d'euros, et les infrastructures ont perçu 500 milliards de yuans (environ 67 milliards d'euros).

Les autorités chinoises vont considérablement assouplir les restrictions sur les prêts dans le secteur immobilier, permettant ainsi de mettre un terme temporaire à la profonde crise immobilière chinoise. Le gouvernement a également raccourci la période de quarantaine pour le coronavirus. Si les restrictions sont encore assouplies, cela pourrait bénéficier à l'économie mondiale et entraîner un vif intérêt de la part des investisseurs pour les IPO.

A quand une période favorable pour le marché boursier ?

Un grand nombre d'entreprises occidentales pleines d'espoir souhaitent entrer en bourse, une fois que l'agitation sur les marchés sera retombée et que les investisseurs seront à nouveau un peu plus disposés à prendre des risques. En Chine, 2023 devrait être une année bien plus favorable et les chiffres de l'inflation d'octobre aux États-Unis ont montré une baisse beaucoup plus importante que prévu, ce qui est de bon présage.

L'inflation devrait ralentir fortement pour convaincre les banques centrales de cesser d'augmenter les taux d'intérêt, afin de pouvoir envisager progressivement de les réduire à nouveau. Les taux d'intérêt élevés ont un impact majeur sur l'évaluation des sociétés de croissance, car les investisseurs se détournent généralement des actions de croissance risquées et optent des investissements plus stables afin de réduire le risque et la volatilité de leur portefeuille.

Si les banques centrales assouplissent leur politique monétaire et réduisent le rendement des obligations à long terme. Ce phénomène pourrait réduire la volatilité des marchés et permettre aux investisseurs de prendre plus de risques, ce qui rétablirait l'intérêt du marché pour les introductions en bourse. En conséquence, le marché pourrait retrouver un intérêt pour les introductions en bourse, et il y a de fortes chances que cela se produise dans le courant de l'année 2023.

Pour comprendre l'évolution de nombreuses entreprises, il est important de suivre l'indice de volatilité (VIX), qui doit être inférieur à 20 pour que la fenêtre des introductions en bourse reste ouverte. Lorsque le niveau est supérieur à 20, les entreprises ont historiquement eu du mal à être évaluées correctement en raison de fluctuations boursières excessives. Toutefois, il faudra attendre au moins le premier trimestre de 2023 pour que les IPO reprennent - et probablement même jusqu'au second semestre.

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