Crise alimentaire : et si l'AgTech montrait la voie ?

OPINION. +10% pour les pâtes, +16% pour le poisson frais, +24% pour les tomates... Ces 12 derniers mois, un certain nombre de produits de première nécessité ont connu une hausse de prix importante, nous faisant basculer dans un cycle inflationniste, bien douloureux pour les Français. Mais au cœur de la tempête, l'AgTech française doit tenir le cap et peut même sortir son épingle du jeu. Le développement croissant des circuits courts, la multiplication des débouchés bio et locavores et l'audace de nos innovations doivent servir d'exemple pour le reste du monde. Par Gilles Dreyfus, Co-fondateur et Président de Jungle.
(Crédits : DR)

Nous l'avons vu au cours des dernières semaines, le problème ne se situe pas seulement à la pompe mais s'étend également à nos supermarchés, à notre vie quotidienne et même à notre assiette. Les 25 à 50 millions de tonnes de céréales actuellement immobilisées en Ukraine - le "grenier à blé" du monde" - laissent craindre « un ouragan de famines », tandis que la moutarde, l'huile de tournesol ou encore le lait sont menacés de pénurie à long terme. Une autonomie fragilisée dans un pays comme la France qui importe plus de 20% de ses ressources alimentaires dont 40% de ses protéines végétales. La guerre en Ukraine, sans être la cause principale de ce phénomène, apparaît comme le révélateur d'une situation qui ne cesse de se détériorer dans l'indifférence ou l'ignorance générale.

C'est un fait, la population mondiale ne cesse d'augmenter et le nombre d'habitants sur la planète devrait approcher les 10 milliards d'ici 2050, alors même que nous avons d'immenses difficultés à nourrir correctement la population actuelle. En France, c'est près de 3% de la population qui était considérée comme sous-alimentée en 2019. Tandis que dans le même temps, le dernier rapport du GIEC indique dans un scénario optimiste, que 8 % des terres actuellement cultivables pourraient devenir impropres à l'agriculture.

Nous faisons donc face à une équation des plus complexes pour les années à venir.  Comment concilier un modèle agricole à la fois durable et productiviste, capable de nourrir un nombre croissant d'êtres humains, alors même que les incertitudes climatiques et géopolitiques sont amenées à se multiplier ?

La France des prochaines années ne sera forte et indépendante que si elle dispose d'une agriculture durable, productive, compétitive et autonome, capable de résister aux chocs, peu importe leurs natures - intempéries, crises politiques, épuisement de nos ressources naturelles... La prise de conscience est là et les milliers d'agriculteurs français et d'entrepreneurs innovants dans l'agriculture préparent l'avenir. Nous devons redoubler d'efforts pour contribuer davantage à la modernisation, à l'innovation et au renforcement de notre compétitivité agricole. En France, le potentiel de développement est immense. Le coq n'a pas fini de chanter, nous sommes le pays qui compte le plus de terres agricoles disponibles en Europe, une chance pour notre souveraineté alimentaire.

Mais nous ne partons pas de rien car au cours des dernières années, la France a fait énormément pour développer son potentiel et encourager l'essor de l'agriculture biologique et des filières locales.  Face à l'urgence, nous devons aller encore plus vite, encore plus loin et encore plus fort. Notre pays doit accompagner davantage les éleveurs et petits producteurs qui s'engagent dans les circuits courts pour fournir une alimentation de qualité, en proximité. C'est l'avenir.

Il est vrai que la tâche qui nous incombe est immense, mais elle n'en reste pas moins exaltante. Construire un système mondial résilient, adapté au changement climatique à même de limiter les tensions à venir en termes d'approvisionnement alimentaire ne sera pas une chose facile, mais cet objectif est à notre portée. Cette ambition nécessite une prise à bras le corps des enjeux agricoles et un courage politique certain. La France devra redoubler d'efforts pour montrer une nouvelle voie. Chiche ?

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Commentaire 1
à écrit le 25/08/2022 à 9:40
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C'est beau, malheureusement Macron a signé des accords de libre échange avec la moitié de la planète et c'est en cours pour l'Ukraine. Donc à moins de diviser par 3 ou 4 le SMIC, la compétitivité, va falloir oublier.

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