Épargne éthique : mobilisons la pour construire un nouveau monde

OPINION. Avec la crise sanitaire, le taux d'épargne dépassait à la rentrée les 20 %. Cette nouvelle épargne est dirigée en partie vers les structures de finance citoyenne et éthique, qui bénéficient d’une prise de conscience sociale et écologique, une volonté de nouveau monde. Mais, malgré sa progression, l’épargne solidaire ne représente toujours que 0,3 % de l’épargne des ménages français. Amandine Albizzati, Bernard Horenbeek et Erwan Boumar appellent à un soutien politique plus fort pour faciliter les solutions de finance éthique existantes et les faire connaître du grand public. Pour eux, "le temps des demies mesures est terminé".
Amandine Albizzati, présidente d'Enercoop, fournisseur coopératif d'électricité renouvelable.
Amandine Albizzati, présidente d'Enercoop, fournisseur coopératif d'électricité renouvelable. (Crédits : DR)

"Les banques françaises nous emmènent vers un monde à +4°C". C'est ce qu'annonce l'ONG Oxfam dans un rapport paru il y a deux semaines, pointant du doigt l'empreinte carbone des six plus grandes banques françaises du fait de leurs activités de financement et d'investissement dans des secteurs qui contribuent directement aux dérèglements climatiques. Toujours d'après cette étude, l'impact de l'épargne moyenne d'un Français (11 tonnes équivalent CO2) se place ainsi à un niveau supérieur à l'ensemble de sa consommation. Sans que nous en soyons réellement conscients, l'argent que nous plaçons dans nos banques a donc une odeur, et n'est pas sans laisser de trace. Pourtant, des solutions existent déjà, qui nécessitent aujourd'hui d'être massivement soutenues et mises en avant.

Lire aussi : Les banques françaises contribuent au réchauffement climatique, selon Oxfam

Le mois de novembre est celui de l'Économie Sociale et Solidaire, visant à promouvoir une finance à visage humain, basée sur une redistribution locale des richesses et le respect de l'environnement. Une finance qui séduit de plus en plus de Français : dans son "Zoom sur la finance solidaire", l'association Finansol estime que l'encours de l'épargne solidaire a atteint un nouveau record en 2019 en atteignant 15,6 milliards d'euros (+24 %).

L'énergie citoyenne portée par l'épargne solidaire

Ce succès, le secteur de l'énergie renouvelable et en particulier "l'énergie citoyenne" en est l'un des gagnants. Les projets d'énergie citoyenne embarquent à un niveau local citoyens et collectivités, qui développent ensemble leurs propres projets (parcs éoliens, centrales photovoltaïques). La coopérative Dwatts en est un bel exemple. Grâce à l'apport de 47 sociétaires (particuliers, entreprises, collectivités), complété par un fonds citoyen et un emprunt à hauteur de 100 000 €, la coopérative a installé 14 toitures pour une production visée de 182 MWh/an, soit la consommation électrique (hors chauffage) de 71 foyers.

Et les rendements sont là : plus de 4% en moyenne pour ce type de projet et un rapport de 1 euro investi pour 2,5 euros de retombées économiques pour le territoire. Aujourd'hui plus de 200 projets citoyens d'énergie renouvelable en France bénéficient de 31 millions d'euros d'épargne issue de citoyens impliqués dans la promotion d'une transition énergétique, locale citoyenne et résiliente.

Le temps des demies mesures est terminé

Depuis la crise sanitaire, celles et ceux qui le peuvent épargnent davantage qu'ils ne consomment, créant un effet de palier, attendu également à l'issue du 2e confinement que nous entamons, en réponse à un contexte peu rassurant. Le taux d'épargne, à hauteur d'environ 13 % avant la crise, dépassait à la rentrée les 20 %. Cette nouvelle épargne est dirigée en partie vers les structures de finance citoyenne et éthique, qui au-delà d'un besoin de sécurité, bénéficient d'une prise de conscience sociale et écologique, une volonté de nouveau monde. Mais, malgré sa progression, l'épargne solidaire ne représente toujours que 0,3 % de l'épargne des ménages français.

Or face à l'urgence sociale qui s'est ajoutée à l'urgence climatique, le temps des demies mesures est terminé. Nous devons aller plus loin, plus vite. L'épargne doit servir à construire la société de demain. Les initiatives pour une finance responsable et éthique existent depuis des dizaines d'années et font de plus en plus écho aux attentes des citoyens, confrontés à des crises sanitaires, sociales, écologiques. Avec les moyens qui sont les leurs, ces initiatives ne pourront aller beaucoup plus loin sans un soutien politique qui les facilite et les fasse connaître du grand public. Nous pouvons et devons faire mieux qu'un monde à +4°C.

Amandine Albizzati, présidente d'Enercoop, fournisseur coopératif d'électricité renouvelable, Bernard Horenbeek, président du directoire de la NEF, une coopérative financière proposant des offres d'épargne durable, et Erwan Boumard, directeur d'Énergie Partagée, mouvement citoyen visant à développer les installations de production d'énergie renouvelable en France.

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Commentaires 4
à écrit le 19/11/2020 à 11:39
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Construire un "nouveau monde" avec les données du passé, c'est refaire les mêmes erreurs! Seul l'adaptation le construira!

à écrit le 18/11/2020 à 21:58
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les ecolofachos qui accusent les banques veulent la guerre civile ca tombe bien, c'est ce que Lenine ecrivait deja en 1920 sous couvert d'arguments baveux et culpabilisateurs l'idee c'est d'imposer leur ideologie qui a amene le bonheur dans les pay...

à écrit le 18/11/2020 à 18:20
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Au secours !! Ine énième bobo-ecolo, lobbyiste de la dictature ultralibérale en marche...😰

à écrit le 18/11/2020 à 12:37
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Oui mais comment construire un nouveau monde sans avoir détruit l'ancien ?

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