Espagne : vers un nouvel âge d'or

L'Espagne a aujourd'hui les atouts pour prendre la place du Royaume-Uni sur le podium européen une fois le Brexit consommé. Par Michel Santi, économiste (*).
Michel Santi.
Michel Santi. (Crédits : DR)

Le Brexit redistribuera forcément les cartes en Europe. De manière informelle, mais factuelle, la Grande-Bretagne comptait parmi les « 3 grands » européens avec l'Allemagne et la France. A présent qu'elle est sur le point de voguer vers des horizons inconnus, une place est donc à prendre dans le hit-parade européen. De fait, pendant que les débats intérieurs britanniques adoptent une tournure mélodramatique, les cercles de réflexion et les dirigeants de l'Union débattent à propos de l'équilibre des forces intra-européen : la (géo)politique ayant, comme la nature, horreur du vide.

Indéfectible enthousiasme pro-européen

Passons vite sur l'Italie qui n'a pas les moyens de prétendre à être dans le peloton de tête européen du fait de sa situation économique précaire et d'un gouvernement pour le moins controversé. L'inclusion de la Pologne dans ce cercle restreint des leaders européens aurait été intéressante à bien des égards, mais son exécutif semble en pleine dérive autoritaire et populiste.

Une nation mériterait assurément de recevoir ces honneurs, en l'occurrence la cinquième économie de l'Union, à savoir l'Espagne. Restée très discrète ces dernières années car occupée à régler nombre de problèmes intérieurs, l'Espagne est aujourd'hui prête à participer activement aux débats sur l'avenir de l'Europe, à la faveur d'un nouveau gouvernement dirigé par Pedro Sanchez. En effet, ce pays - dont l'adhésion et même l'enthousiasme au projet européen n'ont jamais faibli même aux heures les plus sombres de la crise économique - a beaucoup à offrir.

Exemplaire sur l'intégration des migrants

Il n'a jamais été tenté par les sirènes populistes comme bien de ses voisins. Son expérience réussie de l'intégration des migrants - qui constitue un des dossiers européens les plus délicats - est exemplaire. Ses liens commerciaux avec l'Amérique Latine et avec l'Afrique sont une valeur ajoutée certaine pour l'Union européenne. L'Espagne - à l'instar de l'Angleterre - dispose du prestige lui étant conféré par son passé impérial et par son histoire flamboyante.

Enfin, elle inaugure aujourd'hui - sous l'impulsion de son nouvel exécutif - une politique plus humaniste car de récents accords avec Podemos prévoient de très rapidement augmenter substantiellement le salaire minimum après presque dix ans d'austérité...

Un déficit budgétaire sous contrôle

En récusant le FMI seulement préoccupé par les équilibres budgétaires, l'Espagne semble poser les bases d'une nouvelle gouvernance sociale et démocratique dont devraient s'inspirer ses voisins, et qui lui permettra assurément d'éloigner à jamais le spectre populiste. Et pourquoi s'en gênerait-elle puisque son déficit budgétaire, qui était à 11% de son PIB en 2009, est de 3% en 2017 ?

Bienvenue donc à l'Espagne dans le triumvirat européen.

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(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier «Fauteuil 37» préfacé par Edgar Morin.
Sa page Facebook et son fil Twitter.

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Commentaires 13
à écrit le 24/10/2018 à 7:08
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L'Espagne est l'opposé de la Grande Bretagne. Pseudo démocratie, corruption généralisée, juges politisés,passes droit,... Elle dépend de son industrie agroalimentaire bas de gamme et anti écologique et de la sous traitance. C'est un anti modèle. ...

à écrit le 15/10/2018 à 20:47
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N'importe quoi, le déficit augmente avec le nouveau pouvoir socialiste, la balance des paiements s'aggrave, la croissance est en baisse, le climat politique est instable pas de majorité au gouvernement, et le problème de la Catalogne n'est pas résolu...

à écrit le 15/10/2018 à 20:25
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Il faut bien alimenter l" euro..phagie M Santi et ce jusqu' à l' explosion finale ... Heureux anglois !

à écrit le 15/10/2018 à 18:52
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Mr Santi votre analyse sur les grands d europe est pas digne d un journaliste vous comparer l economie espagnolle a la puissante économie anglaise et vous sous éstimée la puissante industrie italienne 7ieme mondiale et 2 ieme européenne l indu...

à écrit le 15/10/2018 à 18:37
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Un peu succinct. Il aurait fallu comparer le poids politique, économique, stratégique de l'Espagne au RU. PIB: 2600$ vs 1500$. On échange la 2e économie avec la 5e. Réseaux: on ne peut comparer les réseaux anglo-saxons avec les réseaux hispaniqu...

à écrit le 15/10/2018 à 17:16
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Les choix économiques de Sanchez (qui même avec l'apport de Podemos, à qui il a bien fallu lâcher beaucoup, est loin de disposer d'une majorité absolue... ni même relative) est surtout la garantie que l'économie espagnole rechutera rapidement. Ses ch...

le 15/10/2018 à 17:55
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j'adore quand les gens donnent des conseils et ils ne savent pas de quoi ils parlent. les dieux n'existent ni sur terre ni ailleurs.

le 15/10/2018 à 20:29
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Sans. Que personne s'offusque" c'est vous qui le dites.Vous ne connaissez pas l'opinion de millions d'espagnol.On peut s'afficher franquiste sans être poursuivi.Le P.P.est le descendantdirect du franquisme pour info.

le 16/10/2018 à 21:44
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@Leba : il n'y a pas eu de manif en Espagne pour exiger le retrait des pièces à l'effigie de Franco qui ont circulé jusqu'au passage à l'euro en 2001. Quant au PP, il est vrai que son fondateur, Manuel Fraga Iribarne, est un ancien ministre (du tour...

à écrit le 15/10/2018 à 16:32
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Cette vision est bien optimiste car elle fait totalement l'impasse sur le risque d'un éclatement de la nation à la suite des visées indépendantistes Catalanes; si cette indépendance se réalise, l'Espagne sera durablement affaiblie, d'autant plus que ...

à écrit le 15/10/2018 à 15:42
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C'est marrant cette vision… une politique plus humaniste car de récents accords avec Podemos prévoient de très rapidement augmenter substantiellement le salaire minimum après presque dix ans d'austérité… Une crise majeure dans 6 mois… Puis 10 a...

le 15/10/2018 à 17:20
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Le redémarrage espagnol a eu pour seul moteur la dévaluation intérieure (c'est à dire la baisse des salaires). La fin de l'austérité salariale va tout simplement le remettre en cause, perdant ainsi le bénéfice des années Rajoy. S'il tente d'applique...

à écrit le 15/10/2018 à 15:36
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"du fait de sa situation économique précaire" Italie ? Deuxième puissance industrielle européenne précaire ? Vous ne faites que du déni européiste là. Par ailleurs Pedro Sanchez est aussi silencieux qu'angela merkel en ce moment, c'est pour d...

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