France 2030  : open innovation et territoires, piliers du plan d'investissement

OPINION. Un an après son lancement, France 2030 semble sur les rails. Si les premiers chiffres sont prometteurs, des efforts restent à fournir en matière de promotion du plan d'investissement, d'encouragement territorial et de favorisation des rencontres et de partenariats entre les acteurs de l'innovation. Par Laurent Legendre, Président de Techinnov, Directeur Régional IDF chez Airbus Développement
(Crédits : P. Masclet)

Annoncé en 2021 pour un montant global de 54 milliards d'euros sur 5 ans, le plan d'investissement France 2030 boucle une première année en phase avec les objectifs : 8,4 milliards d'euros investis dans 1 752 projets innovants sur l'ensemble du territoire français, tous objectifs confondus.

Rappelons-le, ces objectifs, au nombre de 10, se répartissent en trois principales catégories : mieux produire (petits réacteurs nucléaires, hydrogène vert, décarbonation de l'industrie, production française, etc.), mieux vivre (alimentation saine, durable et traçable, biomédicaments made in France, etc.) et mieux comprendre (aventure spatiale et exploration des grands fonds marins).

Prise individuellement, l'enveloppe moyenne par projet peut sembler limitée eu égard aux fortes ambitions globales du plan. Mais du point de vue strictement stratégique, les chiffres semblent, au contraire, parfaitement cohérents. S'il s'agit en effet, à moyen terme, de construire les filières productives de la France de demain, les efforts à consentir à plus court terme tiennent principalement de la recherche et développement.

Les années à venir devraient donc voir s'accélérer les investissements vers des projets de plus en plus concrets.

Les start-up, acteurs incontournables de l'innovation

Dans le détail, les premiers investissements ne semblent pas montrer de fléchage vers des typologies particulières d'entreprise. Ainsi, start-up, PME, ETI et grandes entreprises porteuses d'un projet innovant et à potentiel industriel fort bénéficient-elles du plan France 2030. Seul obstacle, notamment pour les start-up et certaines PME, l'obligation de disposer de fonds complémentaires pour cofinancer le projet, ce qui semble normal en vis-à-vis de subventions publiques.

C'est dans ce contexte que l'open innovation joue son rôle avec la possibilité, pour certains projets, de présenter un dossier conjoint entre plusieurs entreprises. Généralement plus agiles et flexibles, les start-up et autres PME innovantes peuvent s'associer à des ETI ou grands comptes, aux capacités d'investissement plus importants mais dont l'inertie (du fait de leur taille) peut parfois freiner les facultés d'innovation.

Quels que soient les acteurs économiques concernés, y compris les collectivités territoriales souhaitant redynamiser leur tissu industriel local, le plus grand défi à relever semble donc la rencontre des compétences et des volontés de travailler main dans la main pour l'avenir industriel de la France, dans une perspective d'open innovation.

Plus efficace pour tous, l'open innovation est aussi le signe d'un marché de l'innovation industrielle arrivé à maturité : après la recherche de « disruption » aux effets parfois délétères, place désormais à l'innovation collaborative.

France 2030 : des enjeux territoriaux forts

Outre les typologies d'entreprises concernées, le plan d'investissement France 2030 est aussi à considérer par le prisme territorial. Car penser la France industrielle de demain, c'est aussi penser le maillage territorial qui l'accompagne, afin que chaque territoire puisse bénéficier de bassins d'emplois à sa mesure. Et pas seulement d'emplois industriels : l'implantation d'une industrie génère en effet des besoins nombreux en termes de services publics et privés, et donc d'emplois.

Pour sa première année d'existence, force est toutefois de constater une certaine inégalité territoriale quant à la répartition des dotations financières de France 2030. Y compris dans des territoires pourtant fortement dotés, a priori, en capacités d'innovation, avec la présence d'universités, de laboratoires de recherche ou encore de start-up installées.

Tout l'enjeu des prochaines années autour de France 2030 est de créer des liens

entre les acteurs industriels, les territoires et les startup et PME innovantes. Créer l'émulation nécessaire dans ces secteurs innovants, à la fois pour promouvoir le plan d'investissement, accompagner les entreprises ou groupes d'entreprises dans leurs candidatures à projets, et surtout favoriser la manifestation d'intérêts communs entre acteurs économiques, petits et grands, autour de l'innovation industrielle.

C'est le rôle attribué aux « sous-préfets France 2030 et investissements », en cours de nomination, représentant l'État au niveau régional. Une responsabilité partagée également avec les collectivités territoriales (régions, départements, communes et EPCI) mais également avec les acteurs du développement économique local, telles que les Chambres de Commerce et d'Industrie, et les pôles de compétitivité dont elles sont généralement partie prenante.

C'est aussi le rôle que continuera de porter Techinnov, qui constitue, depuis 17 ans, la première convention dédiée aux rencontres d'affaires et partenariales entre grands groupes, ETI, PME/PMI, structures de recherches, start-up et investisseurs en matière d'innovation.

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