Grosse colère allemande contre la situation française

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, grosse colère allemande contre la situation française

La France est « menacée de rejoindre l'Italie en troisième classe ». Emmanuel Macron n'est « plus un partenaire pour sauver l'Europe et la zone euro mais un facteur de risque ». Epidermique, pavlovienne, la colère exprimée outre-Rhin après les mesures sociales destinées à répondre, en décembre, à la crise des gilets jaunes se lit dans cet éditorial publié à chaud par Die Welt. Sans surprise, la perte de crédibilité budgétaire française est jugée très sévèrement outre-Rhin.

Respect de la rigueur budgétaire

Les dirigeants allemands, comme l'opinion publique, sont majoritairement acquis au respect de la rigueur budgétaire. Les raisons sont nombreuses. Symboliquement, le mot qui désigne la dette, « Schuld », signifie également la culpabilité. La Banque centrale est en Allemagne une autorité morale et le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a critiqué le dérapage budgétaire français. Il souhaite que la limite des 3% de déficit public en pourcentage du PIB ne soit finalement pas dépassée par la France en 2019, alors que le chiffre de 3,2% est évoqué. Il n'y a là rien de nouveau : Jens Weidmann avait estimé que les réformes annoncées par Emmanuel Macron lors de son élection ne justifiaient en rien qu'un cadeau soit fait aux Français.

Il y a aussi le tabloïd Bild, premier tirage du pays, dont la force de frappe est redoutée des politiques allemands. Ce gros tirage aux accents populistes a salué d'un roulement de grosse caisse le passage des vœux télévisés d'Emmanuel Macron où ce dernier déclare: « On ne peut pas travailler moins et gagner plus. Baisser nos impôts et accroître nos dépenses ». Bild s'est félicité que le président « passe un savon à la Grande Nation ». Mais là aussi, rien de nouveau : ce même quotidien avait exigé que la Grèce paye avec ses îles les financements allemands liés à la crise.

Et la critique ne se limite pas à ces cercles attendus. « Gilets jaunes - Caisses vides », dénonce l'éditorialiste Henrik Müller dans une contribution au magazine Der Spiegel avant de se demander « Combien d'Etat social peut se permettre la France ?». Et la question est bien sûr la mère de la réponse. L'éditorialiste rappelle que l'indemnité chômage est plafonnée à seulement 2.500 euros outre-Rhin, que les Français partent à la retraite plus tôt qu'ailleurs, ou que le SMIC français à plein temps, atteignant 60% du revenu médian, est l'un des plus élevé du monde. Mais ce niveau de 60% étant fréquemment utilisé pour définir le seuil de pauvreté, un tel discours n'est pas forcément aussi fédérateur en Allemagne qu'il n'y paraît.

Inégalités et précarité

D'autant qu'outre-Rhin, des voix s'inquiètent de la montée des inégalités et de la persistance de la précarité dans une société de plein emploi. Le débat sur les gilets jaunes a aussi rouvert le débat sur le malaise et le déclassement des classes moyennes, qui touche également l'Allemagne dépit de sa bonne santé économique. Une étude de la Hans Boeckler Stiftung soulignait en septembre 2018 qu'environ 4 millions d'actifs, soit 12,3% d'entre eux, vivent dans la précarité des petits boulots depuis plusieurs années et manquent de protection sociale. « Le mécontentement en France et en Allemagne est similaire », écrit l'économiste Marcel Fratzscher, président de l'institut DIW, dans une tribune à Die Zeit, où il liste ces points communs comme des coûts du logement élevés, beaucoup de bas salaires — et même plus, en proportion, en Allemagne qu'en France —, ainsi qu'une charge fiscale qui pèse lourd sur les bas revenus.

Au début du mouvement des gilets jaunes, la correspondante à Paris de Die Welt,  Martina Meister, prévenait aussi ses compatriotes que ces nouvelles manifestations « sont différentes du folklore protestataire habituel du pays. Pour la première fois, la classe moyenne est dans la rue ».

De son côté, Angela Merkel a fait preuve de mansuétude vis-à-vis du dérapage budgétaire français : mi-décembre, la chancelière a déclaré comprendre les mesures sociales prises par Emmanuel Macron, tout en attendant la poursuite des réformes qu'il a entreprises. Peut-être la chancelière en sursis a-t-elle conscience que les mêmes fragilités sont présentes dans la société allemande.

 >> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 27
à écrit le 22/01/2019 à 16:53
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@Alain ouvre les yeux et les oreilles Macron n est que le continuateur et si tu crois qu il est le nouveau monde c est que tu as intérêt je dirai intérêt trollesque . Demande donc un référendum pour savoir si le cap du capitaine nous convient . Et...

à écrit le 19/01/2019 à 22:50
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Au début je n'étais pas pour les gilets jaune, mais j'ai constaté par les réactions contre eux une telle haine sociale, un tel mépris, je pensais que cela n'existait que dans les films historiques avec de l'exagération, même pas ! Je viens du milieu ...

le 20/01/2019 à 13:10
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@Xavier-marc Mais la faillite de la France est organisée depuis 30 années. La France est justement en train de se relever. Les ultras des vieilles gardes de cette faillite livrent leurs dernières batailles ! Ceux à qui les extrêmes (droite-gauche...

à écrit le 19/01/2019 à 18:56
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"Epidermique, pavlovienne" c'est quoi en fait ?

à écrit le 19/01/2019 à 12:42
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Il est vrai que l'économie allemande n'est pas au mieux, il est donc utile de détourner l'attention. Sans les grèves et mouvement sociaux en 2018 la croissance de la France égalerait ou dépasserait déjà celle de l'Allemagne. SNCF (mars-juillet), fr...

le 19/01/2019 à 17:48
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Au regard du grand nombre d'investissements annoncés en décembre et janvier, et puisque les PME peinent déjà à recruter des personnes suffisamment qualifiées, pas besoin d'être un génie pour comprendre que les 1er blocages dans les années qui vienne...

à écrit le 19/01/2019 à 12:07
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C'est si simple : résorber les 28% d'absentéisme dans la fonction publique au niveau moyen des salariés. Cela représente une réduction des dépenses de l'Etat de 30 milliards, soit plus de 1% du PIB.

à écrit le 19/01/2019 à 10:47
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humour:/// il y a un solution par solidarite envoyions des gilets jaunes aux peuple allemand car il sont plus pauvres que nous leurs devons cela en tant qu oreupeens,,,

à écrit le 18/01/2019 à 18:59
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Voilà le cœur de problème: l'UE est taillée sur mesure pour l'Allemagne qui ne supporte pas que l'on puisse penser et agir autrement ! Si l'UE a été tolérante avec la France ces dernières années, ce n'est pas par hasard: sans la France, l'UE explose ...

à écrit le 17/01/2019 à 23:48
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C‘est conséquent que le pays qui paie des allocations plus élevées arrive à baisser son taux de pauvreté. Mais il y a un revers de la médaille, si ces allocations entrainent un endettement plus élevé. L‘effet n‘en est que de pousser la pauvreté évité...

le 18/01/2019 à 9:40
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C'est les retraites et l'assurance maladie qui bouffe le gras acheté à crédit. Nul doute que les jeunes s'en "féliciteront" quand ils verront qu'il n'y a plus rien pour eux sauf de la dette.

le 19/01/2019 à 19:57
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Le jeunes féliciteront leurs ancêtres de leur léguer un système de santé opérationnel, des routes en bon état, une école égalitaire et efficace, un système social qui n'oublie personne. Quand à la dette financière, il faut ne rien connaitre à la fin...

à écrit le 17/01/2019 à 18:02
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La bonne santé de l'Allemagne dépend de ses voisins, c'est un parasite... qui risque défaillir si son hôte meurt!

à écrit le 17/01/2019 à 17:49
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hier il y avait un article sur la tribune LE TANGO A PARIS au sujet du couple franco allemand mais a BERLIN ce n est pas la meme musique il faut are ter de faire des courbettes a l Allemagne

le 18/01/2019 à 9:45
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On ne fait pas de courbettes : L'Allemagne nous demande d'assainir nos finances, on ne le fait pas. De sortir du nucléaire on ne le fait pas etc... On semble (comme beaucoup de pays de l'UE) faire notre propre sauce sans se soucier des autres.

le 18/01/2019 à 18:51
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@aka, quelle honte !! "..L'Allemagne nous demande..." vous rendez-vous compte de ce que vous écrivez ?

à écrit le 17/01/2019 à 16:09
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Malgré une bonne santé de l'Allemagne la misère est dans la rue, l'obligation de prendre un job avec des salaires de misère, les retraités sont devenus des boulets ce qu'est aussi la politique de M. Macron pour cette catégorie de citoyens, considéré...

le 19/01/2019 à 20:00
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Et l"Allemagne (qui nous reproche notre nucléaire) et un des grand pays pollueur de la planète...

à écrit le 17/01/2019 à 15:39
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Que l'Allemagne renonce à ses millions d'esclaves, pardon, de travailleurs détachés polonais et elle s'effondrera.

à écrit le 17/01/2019 à 12:26
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Peut-être que si les français avaient payé moins cher leur immobilier ,on n'en serait pas là...beaucoup de GJ gagnent bien leur vie mais ont de gros emprunts...alors la peur s'installe.???

à écrit le 17/01/2019 à 12:01
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Le mieux c'est qu'ils nous virent hein ! ON le mérite vraiment ! Tant pis pour nous ! On est vilains, vilains, vilains ! Ben quoi on a bien le droit de rêver encore non ?

à écrit le 17/01/2019 à 11:39
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Il est toujours plus facile de voir et designer la paille dans l'œil de son voisin que de concentrer sa propre vision sur les poutres qui l'obscurcissent. l'Allemagne est le malade de l'Europe malgré des apparences de bonne santé, d'où son agressivi...

le 17/01/2019 à 14:13
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C'est tellement plus facile d'attaquer ceux qui nous critiquent plutôt que d'en analyser le bien fondé... Certes les allemands ont un problème natalité et donc de veillissemetn de sa population. Mais tant que les pays du Club Med fournissent des lég...

à écrit le 17/01/2019 à 11:29
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Peut être que si Merkel et l'Allemagne avait été là lors de l'élection de Macron pour s'investir dans une relance de l'UE en profitant du choc de confiance de son élection au lieu de se regarder le nombril on en serais pas là.

à écrit le 17/01/2019 à 11:29
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Le problème des "nouvelles réformes" françaises, c'est qu'elles sont déjà caducs avant d'être opérationnelles. Elles sont calquées sur un modèle qui date de la fin du siècle dernier et ne sont donc pas du tout adaptées au monde du XXI ème siècle. La ...

à écrit le 17/01/2019 à 11:16
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oui. pas de leçons à recevoir de la part du pays qui ne contribue pas à la Défense européenne, qui n'investit pas, qui vient de faire de la décroissance au T3 2018, qui fait dans le dumping social/fiscal/réglementaire, qui appauvrit sa population, qu...

le 17/01/2019 à 18:32
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