La voiture autonome ou comment répondre aux défis des mégacités dès aujourd'hui

Pollution, bruit, densité du trafic... à l'heure où toutes les mégapoles se voient obligées de remettre en question le « tout-automobile », il semble paradoxal d'imaginer quelque avenir pour ce mode de transport. Or, l'enjeu de la mobilité n'est pas seulement de désengorger les villes, mais de le faire sans isoler les campagnes. La voiture « semi-autonome », fiable et sûre, fait partie de la solution. Par Sébastien Brame, Senior Manager, Clarion Europe.
Sébastien Brame, Senior Manager, Clarion Europe.
Sébastien Brame, Senior Manager, Clarion Europe. (Crédits : DR)

La voiture autonome est au cœur de tous les débats. Cependant, le sens de cette notion est devenu très large, désignant des véhicules avec des niveaux d'autonomie très différents. La voiture complètement autonome (du niveau V) est aujourd'hui une source d'autant de sujets de science-fiction et de rêves que de peurs. Dans les villes, elle sera sans doute un jour synonyme de confort et de fiabilité. Pourtant, aujourd'hui, son arrivée semble lointaine. Pour bénéficier des innovations du secteur automobile, il est donc nécessaire de miser sur cette voiture autonome des niveaux II à IV, appelée trop rarement « voiture semi-autonome ». Fiable et sûre, elle est déjà sur nos routes et fait face à de nombreux défis.

Repenser le rapport entre les villes et les voitures

La voiture devient enjeu de société. A une heure où toutes les grandes villes se voient obligées de remettre en question le « tout-automobile » (prenons l'exemple des voies sur berges et des aménagements prévus du périphérique à Paris, ou encore de la dernière loi sur l'interdiction des diesels en en Allemagne), il semble paradoxal d'imaginer quelque avenir pour ce mode de transport. Des chiffres tout d'abord : selon une récente étude du Megacities Institute, 55% de la population mondiale vit aujourd'hui en zone urbaine... et 70% en 2030. Soit 70% de la population regroupée sur 2% de la planète ! N'oublions pas que par ailleurs la démographie mondiale est en croissance, les villes grandissent. 31 villes dans le monde rassemblent plus de 10 millions d'habitants aujourd'hui, et il y en aura 10 de plus dans 12 ans. Ce développement exponentiel intensifie les nuisances décriées par la population de ces mégacités. Ainsi, le Megacities Institute indique que 61% se plaignent du trafic. Puis 45% dénoncent la pollution, et enfin 43% souffrent du bruit. Tant de nuisances qu'il est difficile de ne pas associer à l'auto.

En même temps, 65% des personnes interrogées récemment par l'institut IPSOS indiquaient ne pas pouvoir se passer de voiture. Il faut bien évidemment considérer les besoins en dehors des agglomérations ou de leur hypercentre. L'enjeu de la mobilité devient donc élargi, car il convient de désengorger les villes sans isoler les campagnes. La coordination qui favorisera une intermodalité des transports, qui renforcera le lien des territoires entre eux, et qui permettra d'en contrôler le coût fera la différence. Ces bases établies, notamment grâce au politique, il sera plus aisé de consommer du trajet et non plus un moyen de transport. Le service en est la clé. Et nombreux sont déjà prêts à cette mutation, car 60% des personnes répondant à la même enquête ont indiqué qu'ils étaient prêts à envisager une solution alternative à la voiture individuelle si elle était viable.

Tirer profit des avancées existantes

En attendant l'arrivée de la voiture autonome sur le marché, les solutions que proposent aujourd'hui les équipementiers et constructeurs automobiles peuvent apporter une réponse à un certain nombre de problématiques. La voiture connectée et semi-autonome est déjà là ou à portée de main : les aides à la conduite par la navigation intelligente, le V2X, la maintenance prédictive, l'analyse énergétique, l'automatisation de certaines manœuvres, tant d'innovations qui peuvent faciliter la vie en ville... et même en dehors.

Prenons l'exemple des régulateurs de vitesse et des assistants d'embouteillage. Permettant d'optimiser la vitesse en fonction des conditions de la route, ils ont un impact positif direct sur la consommation du carburant et donc sur la pollution. En effet, selon une étude de National Renewable Energy Laboratory et de l'Université de Maryland, le fait de maintenir une vitesse optimale et d'éviter des freinages et démarrages excessifs peut baisser la consommation du carburant d'environ 15%. Plus fort encore, selon l'euroFOT (European Field Operational Test) si tous les véhicules de l'Union Européenne utilisaient des régulateurs de vitesse, une économie de près de 700 millions de litres de carburant pourrait se réaliser chaque année et prévenir l'émission de 1,7 millions de tonnes de CO2. Ces innovations permettent aussi de limiter le risque d'accidents, ce qui diminue le risque d'embouteillage sur les routes et rend la conduite plus sûre et agréable. De même, le simple mode de conduite « éco », dont de nombreux modèles sont déjà équipés, peut diminuer les factures de 5%. Il faut seulement penser à l'activer !

D'un autre côté, des systèmes de stationnement autonome sont déjà intégrés dans les voitures en vente, comme dans la dernière Nissan Leaf de 2017. Adieu stress et tôle froissée.... De quoi réjouir plus d'un automobiliste, et leurs assureurs. Le potentiel de ces innovations est énorme. Le niveau supérieur d'automatisation permet aux passagers de descendre à un moment propice, et de piloter la voiture à distance depuis son smartphone qui se gare, serrée contre les voitures des places mitoyennes. C'est un gain de place inestimable pour les parkings saturés des villes. En effet, selon une analyse de Donald Shoup de l'Université de Californie, regroupant 16 études de 11 mégacités dont Londres et New York, environ 30% de voitures circulant dans les villes seraient en recherche d'un emplacement de parking. Les solutions de stationnement autonome sont clairement une première réponse forte à ces besoins, à employer d'urgence.

Les technologies d'avenir sont celles qui prennent racine dans le présent. La voiture autonome est certainement l'avenir des villes, mais l'inverse est tout aussi exact. Les métropoles s'organisent progressivement, étape par étape. Même si l'autonomie du niveau V est un objectif, bénéficier de multiples avantages de la voiture semi-autonome est déjà possible.

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