« Le conseiller bancaire de demain sera un risk manager » (Guillaume Oreckin et Guillaume Rousseau, Crédit Agricole)

OPINION. La bancassurance non vie est confrontée de plein fouet par la montée des risques climatiques. Ce qui implique, selon Guillaume Oreckin, Directeur général de Pacifica, filiale assurance dommage de Crédit Agricole Assurances, et Guillaume Rousseau, Directeur général de de la Caisse Régionale du Crédit Agricole Brie Picardie, la nécessité d'avoir une vision global des risques auxquels sont désormais exposés les clients des banques.
Guillaume Oreckin et Guillaume Rousseau
Guillaume Oreckin et Guillaume Rousseau (Crédits : DR)

Dans les années 1990, la bancassurance non vie (auto, habitation, santé, multi-risques agricoles et professionnels...) s'est développée comme un nouveau modèle de distribution de l'assurance, tout particulièrement dans les banques mutualistes qui y voyaient un moyen de renforcer leur utilité pour leurs clients et de maintenir un réseau de points de vente physiques en proximité sur les territoires rendant accessible les services financiers et assurantiels à tout un chacun.

Aujourd'hui, la bancassurance prend une nouvelle dimension bien au-delà d'un modèle de distribution. En effet, la montée des risques « physiques » dans le monde (climatique, sanitaire, cyber...) nécessite une vision globale des risques auxquels sont exposés les clients des banques, notamment lorsqu'elles accordent des financements à leurs clients particuliers, professionnels, agriculteurs ou entreprises. L'analyse du seul risque financier ne suffit plus.

Prise en compte du risque climatique

 Comment aujourd'hui financer un logement sans se poser la question du risque d'inondation ou de retrait gonflement des argiles (RGA) consécutif aux sécheresses qui pèse sur 11 millions d'habitations en France alors que les 10 dernières années ont connu 3 des 5 plus graves sécheresses recensées depuis 40 ans ?

 Comment aujourd'hui financer un agriculteur sans se poser la question du risque climatique sur ses récoltes ?

 Comment aujourd'hui financer une entreprise sans mesurer préalablement son exposition aux risques d'incendie, au risque cyber et aux événements climatiques qui pourraient lui causer d'importantes pertes d'exploitation ?

Les régulateurs ne s'y trompent pas et dans leur premier « discussion paper » conjoint (1), les deux instances européennes de supervision bancaire et assurantielle, la BCE et l'EIOPA, soulignent l'importance de la prise en compte du risque climatique et de sa couverture assurantielle par les groupes bancaires.

On peut ainsi citer l'importance croissante des actions des banques en faveur de la prévention des risques, l'approche globale des besoins des clients intégrant leur couverture assurantielle ou encore la prise en compte du risque physique dans les politiques d'octroi de crédit.

En France, nous avons la chance de bénéficier de plusieurs Partenariats Publics Privés permettant une bonne protection des agents économiques présents sur notre territoire (2).

Mais il n'en reste pas moins vrai que l'existence de compagnies d'assurance puissantes au sein des grands groupes bancaires permet la prise en compte simultanée des risques «physiques» et «financiers» et renforce la pertinence du modèle de bancassurance tant du point de vue des clients que de celui des régulateurs soucieux de la maîtrise des risques. Le conseiller bancaire de demain sera un risk manager.

(1) BCE and EIOPA, policy options to reduce the climate insurance protection gap, april 2023

(2) régime des catastrophes naturelles pour les particuliers, nouveau dispositif d'assurance des récoltes pour les agriculteurs

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Commentaires 2
à écrit le 23/06/2023 à 17:34
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Prenons un exemple: on veut investir de l'argent (un peu) dans des produits financiers; 2 solutions: - un courtier; qui prendra une commission (souvent à la charge du client ET du distributeur) - "SON" conseiller de l'agence bancaire, qui proposer...

à écrit le 23/06/2023 à 9:02
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Les pauvres déjà qu'ils sont tous en burn out ou au bord...

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