Voiture sans chauffeur : nouveaux potentiels de vie, mais des embuches en chemin

La voiture sans chauffeur devrait à terme bouleverser la mobilité des personnes et donc aussi leur vie. Par Alain Sauvant, Professeur d'économie des transports à l’Ecole nationale des ponts et chaussées.
(Crédits : DR)

Les coûts et pénibilités de la mobilité devraient être fortement réduits, que ce soit par l'utilisation plus intensive de voitures, mais aussi par la libération du temps du conducteur, les possibilités d'un meilleur partage du véhicule, ainsi que par l'évitement du stationnement dans de nombreux cas, notamment en centre-ville où ce dernier est particulièrement rare et cher. La sécurité des automobilistes devrait aussi être renforcée.

Qui dit baisse des coûts dit aussi davantage d'usage, donc de trafic donc aussi des risques environnementaux, et peut-être de congestion. La structure des villes devrait aussi être bouleversée, avec la possibilité pour chacun de disposer de plus d'espace près de sa maison.

Fixer une date pour une telle vision n'est pas chose aisée. Et le chemin pour y parvenir sera semé de nombreuses embûches.

Tout d'abord, au début en tout cas, seule un tiers de la population verra sa vie changer de ce fait : personnes âgées, certains handicapés, les jeunes, les personnes sans voiture des ménages à une seule voiture, le plus souvent les femmes d'ailleurs, les phobiques de la conduite.

Pendant une phase de transition qui pourrait être assez longue, la voiture ne pourra se passer de chauffeur que pour une partie du trajet, souvent plutôt facile, et hors conditions météorologiques difficiles. Pendant cette phase, les avantages de la conduite sans chauffeur semblent en fait assez minces. On pourra cependant sûrement organiser prochainement des parcours en voiture ou navette sans chauffeur sur piste de type piste pour bus en site propre.

Il faudra garantir la sécurité des usagers vulnérables de la voirie : piétons, enfants, vélos, au comportement souvent difficile à prévoir. Le niveau de sécurité à obtenir, les procédures et institutions à mettre en œuvre à cet effet, tout cela reste à définir, dans un contexte de faible tolérance en matière d'accidents causés par des machines.

La robotisation de la conduite pourrait constituer un enjeu social important, avec plus de 500.000 personnes en France qui vivent de la conduite automobile, et qui pourront chercher à se faire entendre individuellement et collectivement.

Finalement, la voiture sans chauffeur, c'est aussi et d'abord un choix de société, qu'il faut préparer sans tarder.

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Alain Sauvant intervient au Printemps de l'économie
le mercredi 21 mars à l'occasion de la table-ronde
« La voiture sans chauffeur : quelles conséquences ? »,
animée par Philippe Mabille, Directeur de la rédaction de La Tribune.

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