L'allemand Emco délocalise en France

Filiale du groupe allemand éponyme Erwin Müller Compagny (Emco), l’entreprise s’est implantée à Dampierre, dans le Jura en 2002. Le leader européen du tapis d’entrée a choisi d’investir dans cette période critique, en délocalisant une partie de la production allemande sur le territoire jurassien. Quand « deutsche Qualität » et Made in Jura s’associe…
« Cette année, nous avons subi une perte de productivité car notre activité est fortement liée à celle du bâtiment. Lorsque les chantiers ont été arrêtés mi-mars, notre production l'a été également. Elle est repartie fin avril avec la fin du confinement. 2020 entraine une baisse de 10% de notre chiffre d'affaires », annonce Anselme Hoffmann.
« Cette année, nous avons subi une perte de productivité car notre activité est fortement liée à celle du bâtiment. Lorsque les chantiers ont été arrêtés mi-mars, notre production l'a été également. Elle est repartie fin avril avec la fin du confinement. 2020 entraine une baisse de 10% de notre chiffre d'affaires », annonce Anselme Hoffmann. (Crédits : Amandine)

À l'heure où la relocalisation des entreprises dans l'Hexagone est devenue tendance, Emco revendique sa délocalisation sur le territoire français. Le principal frein au développement de la société ces dernières années était le manque de main d'œuvre qualifiée et disponible sur sa zone géographique. La crise se transforme en opportunité pour Emco. Les licenciements des uns font les recrutements des autres...

Anselme Hoffmann, directeur général Emco France, a su convaincre ses actionnaires allemands de délocaliser une partie de la production de la marque en France. Ce dernier est convaincu de trouver désormais la main d'œuvre qualifiée dont il aura besoin à court terme. « Cette délocalisation permet un rééquilibrage des lieux de production et nous ouvre de nouvelles portes. Nous allons fabriquer cette autre gamme de produits très résistants pour l'ensemble du groupe, avec un accès plus facile aux marchés anglais et du bénélux. Nous créons un centre d'expertise en ne fabriquant plus uniquement pour le marché français », explique Anselme Hoffmann. Cette ouverture de marchés qui pérennise le site de production en France entraine un projet d'agrandissement avec une extension de 1.200 m2 et des investissements machines. Le dirigeant d'Emco a pris la décision - en plein Covid - d'injecter 1,2 millions d'euros sur trois ans, en créant une quinzaine d'emplois. Ce projet est également accompagné par la région, via le plan France relance. « Pendant le premier confinement, les salaires ont été maintenus grâce au chômage partiel. Cette mesure du gouvernement nous a permis de garder confiance dans notre métier et de faire le choix de continuer à investir. Cela a été un amortisseur incroyable », reconnait Anselme Hoffmann.

La haute couture du bâtiment

Fabriquer un tapis d'entrée pourrait paraître banal en apparence, mais pour Emco qui se destine aux établissements recevant du public, il s'agit de produits uniques extrêmement pointus dans leur réalisation. À l'origine d'une technologie novatrice dans le domaine de la barrière anti salissure, les tapis Emco se composent de profilés en aluminium, dans lesquels s'insèrent des bandes de moquette, reliés entre eux par des câbles de liaison. « Nous sommes la haute couture du bâtiment », s'exclame Anselme Hoffmann. Une haute couture très résistante si l'on en croit la dernière création : un tapis qui supporte les allées et venues de camions jusqu'à 7,5 tonnes. La fabrication de ces pièces est essentiellement féminine et manuelle, tant la minutie est de rigueur. Il faut voir ces dames passer les câbles de liaison et positionner les entretoises. Ce process gourmand en main d'œuvre pourrait faire craindre un défaut de compétitivité face à la concurrence étrangère, et notamment allemande. Sauf que, hautement qualifié, ces collaborateurs font toute la force de l'entreprise.

En quinze ans, Emco a vu ses effectifs passer de 8 à 50 salariés (dont une équipe de 12 commerciaux prescripteurs). La société réalise un chiffre d'affaires de 6 millions d'euros et affiche une croissance annuelle à deux chiffres. « Cette année, nous avons subi une perte de productivité car notre activité est fortement liée à celle du bâtiment. Lorsque les chantiers ont été arrêtés mi-mars, notre production l'a été également. Elle est repartie fin avril avec la fin du confinement. 2020 entraine une baisse de 10% de notre chiffre d'affaires », annonce Anselme Hoffmann.

Le groupe allemand s'appuie de son côté sur un effectif global de 1 400 salariés. Il vend principalement en Europe, Turquie et Suisse. Parmi les très beaux marchés décrochés par l'entreprise jurassienne, on trouve : le musée Jean Nouvel Design à Paris, le musée Confluence à Lyon, Lascaux IV, la Cité des Arts de Besançon, l'Accor Arena de Bercy, la maison des vins Boisset à Nuits-Saint-Georges ou encore la Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp, en Haute-Saône.

La maison des vins Boisset à Nuit Saint-Georges (21)

 « L'entreprise combine « deutsche Qualität" et fabrication locale »

Emco France est un ambassadeur historique de la marque Made in Jura, créée en 2003 et destinée à faire connaître les savoir-faire jurassiens. Ainsi, « l'entreprise combine « deutsche Qualität" et fabrication locale », souligne Anselme Hoffmann. Les Allemands, pourtant très protectionnistes, sont très fiers de cet héritage local et acceptent d'estampiller leurs produits dans le Jura. « Nous sommes même équipés en voitures françaises ! Un comble pour la filiale d'un groupe allemand », s'amuse le directeur général d'Emco France. Si les process restent germaniques, la mise en œuvre est jurassienne (97 % des produits vendus en France sont conçus à Dampierre).

Seize ans après sa naissance, le « Made in Jura » s'avère être un outil marketing à fort impact social et qui étend son aura bien au-delà du département. Les salariés s'identifient de manière positive au « Made in Jura ». La majorité participent à tous les évènements, même en famille. « Présente sous forme d'un logo apposé sur tous nos produits, cette marque de territoire est devenue notre signature, plus encore que la « deutsche Qualität". On ne pourrait plus faire marche arrière ! », assure Anselme Hoffmann.

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Commentaires 2
à écrit le 05/12/2020 à 19:51
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Ca y est on est suffisamment pauvres pour être compétitifs ? Bonne nouvelle :)

à écrit le 05/12/2020 à 9:33
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Belle initiative. Pour quel montant de subventions et avantages divers ?

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