Comment relever le grand pari (s) du logement

Lors du Sommet du Grand Paris organisé le 21 septembre 2021 par La Tribune, les Notaires du Grand Paris et les Acteurs du Grand Paris, acteurs économiques, politiques et publics ont débattu des solutions pour résoudre la crise de l'habitat.
César Armand
« Le Grand Paris doit être aussi un projet de logement », a ainsi remis les pendules à l'heure, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon.
« Le Grand Paris doit être aussi un projet de logement », a ainsi remis les pendules à l'heure, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon. (Crédits : La Tribune)

C'est la triple promesse du Grand Paris : un projet urbain, social et économique d'intérêt national, un levier de développement économique durable et solidaire qui vise à réduire les déséquilibres territoriaux et sociaux, un réseau de transports qui concourt à la livraison de 70.000 logements par an. Près de onze ans après la loi sur le sujet, le pari peine toutefois à être tenu. La métropole-monde est le moteur de la reprise économique financière de la France et de l'Europe, mais reste la région la plus inégalitaire. D'autant qu'au lendemain de la Covid-19, les attentes sont énormes sur la transition écologique et énergétique ainsi que sur la qualité du cadre de vie et des transports collectifs.

Le paradoxe de la région-capitale

C'est pourquoi dans le cadre du Sommet du Grand Paris, le 21 septembre, « nous avons souhaité organiser des débats sur le Grand Paris, y compris sur les sujets qui fâchent », a rappelé, en ouverture, Maître Cédric Blanchet, président des Notaires du Grand Paris, co-organisateurs de l'événement avec La Tribune et les Acteurs du Grand Paris. « Malgré la mobilisation des acteurs du logement, ce sujet est probablement celui qui pèse le plus sur la qualité de vie des Franciliens, comme l'a rappelé Nicolas Sarkozy ici-même l'an passé », a introduit Cédric Blanchet. Et en même temps depuis la loi du 3 avril 2010, « le Grand Paris s'est hissé au premier rang des classements d'attractivité des métropoles mondiales, devançant pour la première fois le Grand Londres », a-t-il ajouté.

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C'est tout le paradoxe de la région-capitale. Puissante sur le plan international, en témoigne par exemple la percée de Saclay dans les classements internationaux, elle peine à satisfaire ses promesses initiales sur le terrain local. « Le Grand Paris reste à date une énigme pour ses habitants car en partie souterrain comme les gares du Grand Paris Express », a relevé, en ouverture, la secrétaire d'Etat à l'Economie sociale, solidaire et responsable Olivia Grégoire.

Revoir l'intervention de la ministre :

Certes, l'irruption de la Covid-19 a rebattu les cartes. « Le régime idéal n'existe pas aujourd'hui. Nous sommes voués à nous adapter en permanence aux réalités économiques, sociales, démographiques et surtout écologiques », a poursuivi l'ex-députée (LREM) de la 15ème circonscription de Paris. « .Nous sommes dans une révolution des mœurs, des usages et des modes de vie, qui a été accélérée par la crise du Covid. Et cette révolution on doit l'assumer en l'anticipant », a appuyé le président (LR) de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier.

« Le Grand Paris, ça doit être aussi un projet de logement » (Wargon)

Mais, les fondamentaux nécessaires au redémarrage économique et social ne changent pas. « L'augmentation des prix du logement est liée tout simplement au fait qu'il y ait une pénurie de logements », a souligné l'économiste Nicolas Bouzou. « Les mal-logés constituent une majorité silencieuse et c'est notre rôle de faire de l'acculturation auprès des pouvoirs publics. Le prix du foncier est le principal point de blocage », a embrayé Éric Groven, président de Sogeprom, filiale immobilière de la Société Générale.

« Le Grand Paris doit être aussi un projet de logement », a ainsi remis les pendules à l'heure, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon.
« Pour pouvoir résoudre les sujets, il y a une question de changement d'échelle dans les solutions que l'on peut apporter et ne plus raisonner au niveau d'un bâtiment mais d'un quartier », a ainsi proposé Maître Marc Cagniart, premier vice-président de la Chambre des Notaires de Paris.

Revoir la vidéo du débat "Crise de l'offre et crise climatique"

« Le vrai problème, c'est une crise d'offre, une crise de foncier et comment on fait pour avoir pour du foncier qui permet d'avoir des logements abordables ? » s'est interrogé, pour sa part, Rémi Vial-Collet, directeur général adjoint de Vinci Immobilier. « Évitons de démolir et construisons à partir de l'existant », lui a soumis Christine Leconte, présidente du conseil de l'ordre des architectes. « Plutôt que de la démolition des bâtiments, se pose la question de la réutilisation des matériaux de construction. Sur ce sujet, on a des progrès à faire », a également affirmé Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président (UDI) du conseil régional chargé du logement.

Le nouvel aménageur du territoire francilien, Stéphan de Faÿ, pense, lui, long-terme : « Nos grands anciens avaient cette humilité de réfléchir en acceptant cette part d'incertitude : regardez les dimensions des rues de Paris pensées au temps d'Haussmann », a déclaré le directeur général de Grand Paris Aménagement. « Il est compliqué d'avoir des certitudes. Il faut des projets flexibles », a abondé le promoteur Stéphane Aubay, président de Green City.

Rééquilibrer l'est et l'ouest avec le Grand Paris Express ?

Avec son troisième concours d'architecture et d'urbanisme visant à construire sur les friches, dans les quartiers des gares et en transformant les bureaux vides, la métropole du Grand Paris prépare, elle aussi, après-demain. « Notre objectif : rééquilibrer l'est et l'ouest », a souligné Jacques-Alain Benisti, maire (LR) de Villiers-sur-Marne et conseiller métropolitain délégué aux concours « Inventons la métropole ». A condition de ne pas oublier les habitants dans la définition des projets, l'ont interpellés sa consœur Hélène de Comarmond, maire (PS) de Cachan et le professionnel Christophe Afonso, président de Yuman Immobilier.

Revoir la vidéo du débat "Faut-il revoir l'aménagement du Grand Paris après cette crise ?"

Dans cette commune du Val-de-Marne comme ailleurs, les habitants prendront, en 2030 au plus tard, le Grand Paris Express, le super-métro. « Il y aura une capacité à offrir aux voyageurs franciliens une possibilité de substitution », a martelé le président du directoire de la Société du Grand Paris, Jean-François Monteils. Outre l'ouverture à la concurrence pour l'ensemble des transports en commun, « il faudra payer les coûts d'exploitation du Grand Paris Express mais on ne sait toujours pas comment cela sera financé », a pointé Marc Pélissier, président de l'association des usagers des transports en Île-de-France.

Revoir la vidéo du débat : "Les usagers, grands gagnants d'un Grand Paris mobile et ouvert à la concurrence ?"

Sur un périmètre où le département le plus riche (Hauts-de-Seine) côtoie le plus pauvre (Seine-Saint-Denis), où l'écart entre la demande et l'offre de logements sociaux est supérieure à 10 et où les mobilités en pleine transformation, il est donc temps de sortir des discours et de passer aux actes !

César Armand

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Commentaires 5
à écrit le 21/10/2021 à 10:49
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On pourrait commencer par faire le ménage chez les gens adeptes du " faites ce que je dis pas ce que je fais" Wargon en chef de file des pantouflards, lobbyistes de tout poil qui veulent imposer leurs intérêts personnels à la valetaille.

le 22/10/2021 à 15:08
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Pour une fois que je suis 100% d'accord avec vous, je ne peux m'empêcher de l'écrire ! En effet, Mme Wargon ferait mieux de nous expliquer sa logique d'habiter une maison individuelle tout en critiquant ce désir des français de faire de même !! Ell...

le 22/10/2021 à 15:08
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Pour une fois que je suis 100% d'accord avec vous, je ne peux m'empêcher de l'écrire ! En effet, Mme Wargon ferait mieux de nous expliquer sa logique d'habiter une maison individuelle tout en critiquant ce désir des français de faire de même !! Ell...

à écrit le 21/10/2021 à 9:29
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la meilleure solution (et la moins chere) c est tout simplement de favoriser le teletravail et l implentation de l activité economique hors region parisienne. Laisser paris aux touristes et AirBnB Pour le reste, la hausse des prix n est pas tant d...

à écrit le 21/10/2021 à 8:30
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"comme l'a rappelé Nicolas Sarkozy ici-même l'an passé " Ah ok d'accord... ben bons débats les gars hein, j'espère que la bouffe sera bonne.

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