Valérie Pécresse : « il faut une loi pour protéger le Grand Paris Express et les projets d’intérêt majeur »

Ce mardi, lors du Sommet du Grand Paris, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France et candidate à la Présidence la République est venue présenter sa vision de l'avenir du Grand Paris dans laquelle elle s'est montrée très virulente à l'encontre des décisions juridiques qui entravent certains gros chantiers comme celui du CDG Express.
(Crédits : DR)

Et si c'était elle ? Candidate à la Présidence de la République, Valérie Pécresse pourrait en cas de victoire en mai prochain transformer tout le pays et pas seulement le quotidien des Franciliens. Quelles réformes engagerait-elle si elle remplaçait Emmanuel Macron à l'Elysée ? D'abord, une réforme institutionnelle dans laquelle chaque métropole régionale bénéficierait d'un modèle spécifique : « je crois à la différenciation et à l'énergie des territoires ». Ensuite, une réforme juridique, car la présidente de la région Île-de-France est très remontée contre les décisions judiciaires qui entravent les travaux du Charles-de-Gaulle Express (CDG Express), un chantier de 2 milliards d'euros dont la moitié a déjà été dépensée. Un projet d'intérêt majeur, selon la présidente du mouvement Libres !, qu'il faut protéger de l'arbitraire judiciaire. Les juges du tribunal administratif de Montreuil ont considéré que l'on ne pouvait accorder de dérogation à l'interdiction de porter atteinte à des espèces protégées uniquement si le projet répond « par sa nature et compte tenu des intérêts économiques et sociaux en jeu (....) à une raison impérative d'intérêt public majeur ».

Ce qui ne serait pas le cas pour le CDG Express. Malgré leur petite taille, lézards des murailles, hérissons et renoncules à petites fleurs entravent donc la poursuite du chantier. D'autres blocages judiciaires provoquent l'ire de Valérie Pécresse. Les travaux de la ligne 17 du Grand Paris Express (GPE) ont ainsi été bloqués au Triangle de Gonesse (Val-d'Oise) pour des raisons environnementales.

« C'est la seule ligne du GPE qui desservira le Val-d'Oise, un département où 40 % des jeunes sont au chômage. Avec cette ligne, 250 000 personnes pourraient avoir accès à l'emploi », a expliqué la postulante au sommet de l'État.

Enfin le 20 juillet dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé la déclaration d'utilité publique du tramway T10 entre Clamart et Châtenay-Malabry, dont le tracé traverse des zones forestières comme la forêt de Meudon et le bois de Verrières.

Décarboner les métropoles

« Un juge décide de stopper ce chantier parce qu'on coupe quelques arbres, que nous nous sommes d'ailleurs engagés à replanter ailleurs. Or, cette ligne permettra d'économiser des dizaines de milliers de trajets en voiture dans les Hauts-de-Seine », a déclaré Valérie Pécresse.

Pour elle, il faut absolument raccourcir les délais de justice afin d'assurer une sécurité juridique aux aménageurs de ces grandes infrastructures de transport : « nous sommes face aux Etats-Unis, à la Chine et à l'Allemagne, des pays pragmatiques. Il n'y a pas un pays au monde où un projet comme le CDG Express ne serait pas considéré comme d'intérêt majeur ». Si l'on veut réussir la décarbonation des métropoles pour remplir les objectifs de l'Accord de Paris (zéro émission nette de carbone en 2050), des transports en communs supplémentaires comme le CDG express et le Grand Paris Express apparaissent indispensables pour réduire la présence de la voiture. Une volonté partagée par l'autre candidate déclarée, Anne Hidalgo, dont c'est la politique à la Mairie de Paris depuis plusieurs années.

Une France décarbonée, c'est que voudrait réussir la présidente de la région Île-de-France : « nous devons nous libérer de notre dépendance aux énergies fossiles et investir dans le nucléaire. Il faut également des aides de l'État pour améliorer la logistique urbaine, et pour les réseaux de bornes de recharge (pour les véhicules électriques NdA) ».

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Il y a 2500 de ces bornes en Île-de-France. Or, selon Valérie Pécresse, l'erreur a été de ne pas confier la coordination de leur déploiement à la région. Elle réclame un nouveau schéma régional et se dit prête à prendre en charge la moitié du coût de chaque borne : « en 2035, aucun véhicule ne doit sortir des usines sans être complètement décarboné ». Message passé aux constructeurs automobiles.

Une écologie de solutions

Avant d'évoquer ce qu'elle ferait une fois élue aux plus hautes fonctions, Valérie Pécresse a prononcé un discours pour détailler sa vision du Grand Paris, s'inscrivant dans   les pas d'un Nicolas Sarkozy obsédé par le Grand Londres et qui enrageait de ne voir ni grues ni  tunneliers en région parisienne. D'où cette idée du Grand Paris que l'ancien Président a porté il y a dix ans. Le constat de Valérie Pécresse sur cette entité administrative est à la fois positif, « oui le Grand Paris peut être une ambition pour la France », et sévère « après cinq ans de présidence Hollande qui a jeté un édredon sur le chantier et un quinquennat Macron pour presque rien, il doit devenir une priorité de l'État ». Pour elle, la promesse du Grand Paris est celle d'un développement plus humain, mieux partagé, qui se nourrit de sa capacité d'innovation grâce à Saclay et autres pôles universitaires. Bien décidée à passer « des discours aux actes », Valérie Pécresse veut aussi changer la manière d'habiter en Île-de-France, et profiter de la crise  sanitaire pour offrir plus d'équipements de proximité et surtout plus de nature. Car les métropoles congestionnées sont devenues moins séduisantes et un désir de villes moyennes plus vertes est apparu suite aux confinements.

La cohésion sociale n'est pas oubliée, avec une « stratégie anti ghettos » et une Charte régionale de la laïcité, pique adressée aux Verts soupçonnés d'être trop coulants face aux dérives islamistes. Et en ce qui concerne l'environnement, la présidente de la région Île-de-France rejette toute décroissance et une « idéologie faite d'interdits et de contraintes pour privilégier une écologie des solutions ». Des propos qui visent également EELV. Valérie Pécresse annonce 192 propositions dans le cadre du Plan de relance pour la reconstruction écologique de l'Île-de-France, par exemple en encourageant massivement le recyclage de 75 % des matériaux de construction en 2035. Et de conclure son allocution par une phrase explicite sur ses ambitions nationales : « vous l'aurez compris, je ne vous parle pas seulement de Paris en grand, ni même de l'Ile-de-France en grand mais bien de la France en grand ! »

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