Angers : le triple enjeu de la ville intelligente

Survol de l’agglomération angevine, pose de capteurs… À Angers, la construction du territoire intelligent est en route. Copie conforme de l’agglo, son jumeau numérique en 3D s’enrichit au jour le jour. L’ouverture du centre de pilotage est programmée pour la fin du premier semestre 2021.
Nourri de données et de calcul, le jumeau numérique va aussi permettre d'effectuer des simulations à l'horizon 2030 en intégrant les évolutions en temps réel. « C'est une autre façon de travailler. Il ne s'agit pas de révolutionner l'analyse et l'expertise, mais d'amener de la pertinence. Les outils sont là. Le vrai défi, c'est l'humain...», reconnaît Laurent Bouillot. La pédagogie sera aussi un chantier. Un autre enjeu de la ville intelligente.
Nourri de données et de calcul, le jumeau numérique va aussi permettre d'effectuer des simulations à l'horizon 2030 en intégrant les évolutions en temps réel. « C'est une autre façon de travailler. Il ne s'agit pas de révolutionner l'analyse et l'expertise, mais d'amener de la pertinence. Les outils sont là. Le vrai défi, c'est l'humain...», reconnaît Laurent Bouillot. La pédagogie sera aussi un chantier. Un autre enjeu de la ville intelligente. (Crédits : Engie)

Si le chantier de ville intelligente doit durer douze ans, à Angers, les économies, c'est maintenant ! C'est là un des enjeux de ce marché dit « à performance » soumis à un engagement de résultat avec un retour sur investissement sur douze ans.

Reynald Werquin, fondateur et directeur opérationnel de l'association Pavic, plateforme de conseil sur la Smart City, décrypte ainsi l'articulation des problématiques:

« L'idée du territoire, c'est à la fois de s'inscrire dans un schéma de développement durable pour limiter ses consommations d'énergie, et dans un schéma d'économies pour absorber le coût du développement en cours de d'élaboration du dispositif. »

Confié à un consortium piloté par Engie Solutions, le marché porte sur 178 millions d'euros dont 121 millions d'euros pour la première tranche.

Une carte numérique pour piloter la transition écologico-énergétique

Ce projet doit permettre de réaliser 100 millions d'euros d'économie en 25 ans et limiter l'empreinte écologique de l'agglomération, pour l'instant inconnue. Lancée avant l'été, la réalisation d'un jumeau numérique en 3D, sur lequel doit s'appuyer la stratégie de transition écologique et énergétique de l'agglomération angevine, commence à livrer ses fruits.

« Une première version de ce jumeau numérique a été livrée à la collectivité », assure Santa Orsini, directrice de Projet Territoire Intelligent - Angers Loire Métropole chez Engie Solutions qui, avec Suez, La Poste et le groupe VYV, a décroché l'appel d'offres lancé par la métropole pour se muer en « smart city ».

Éclairage public piloté: 66% d'économies d'énergie attendues

Les premiers travaux visibles démarreront en début d'année prochaine avec la mise en œuvre d'un éclairage public intelligent.

« L'essentiel de l'appel d'offres doit être réalisé sur cinq ans de manière à ce que la collectivité puisse réaliser 66% d'économie d'énergie dans ce domaine, -20% sur la consommation énergétique des bâtiments, -30% sur la consommation d'eau pour l'arrosage public », ajoute Santa Orsini.

Loin d'être le premier territoire à s'embarquer dans l'aventure de la smart city, « la métropole angevine est la première collectivité française, voire européenne, à embarquer autant d'interconnectivité et autant de métiers pour réaliser des économies et limiter son impact écologique. À terme, la plateforme numérique offrira une vision à 360° du territoire. C'est un outil de gestion inédit pour les services de la collectivité et les habitants qui pourront disposer d'une diversité d'applications sur leur smartphone », estime Santa Orsini.

Des vues du ciel en stéréoscopie pour quadriller l'agglo

Après avoir intégré toutes les données disponibles, les équipes de Siradel, filiale d'Engie, en charge de la réalisation du jumeau numérique en 3D, viennent de commencer à faire voler des avions pour quadriller l'agglomération, effectuer des prises de vues stéréoscopiques en haute définition et récupérer une foultitude de données, dont certaines au centimètre près pour quelques aspects du patrimoine.

« Ce sont des couches que l'on agglomère ... Le terrain et son sous-sol, les voies de circulation, les arbres, les ilots de chaleur, les bâtiments, leur exposition, les zones ventées, les toits qui permettront d'évaluer leur potentiel solaire et énergétique, la présence de végétation, les reliefs... Notre rôle est d'être le garant de cette base de données », explique Laurent Bouillot, Président de Siradel.

3.500 capteurs pour l'IoT

Près de 3.500 capteurs seront disséminés dans la capitale de l'internet des Objets (IOT). Les données deviendront alors visibles à travers la plateforme d'Hypervision Livin', installée au cœur du centre de pilotage, qui prendra place cours du premier semestre 2021 dans les anciens bâtiment d'Engie, en plein centre-ville d'Angers. Un bâtiment hautement sécurisé qui fonctionnera 24 heures sur 24 avec 10 personnes. Son directeur vient d'être recruté.

Si les premières opérations vont concerner le remplacement de l'actuel éclairage public par des Led moins énergivores (et qui réagiront à la présence ou non de piétons ou de voitures), très vite, le système, co-construit avec les services de la collectivité, intègrera des informations sur la circulation, le stationnement, les consommations énergétiques des bâtiments, les caméras de surveillance....

Transversalité, pédagogie, pertinence

« Au total, neuf métiers de la collectivité sont concernés. C'est la transversalité qui caractérise la richesse du projet angevin.  Au final, la collectivité sera en capacité de mesurer l'empreinte écologique de l'agglomération sur la planète», mentionne Santa Orsini.

Nourri de données et de calcul, le jumeau numérique va aussi permettre d'effectuer des simulations à l'horizon 2030 en intégrant les évolutions en temps réel.

« On pourra voir l'impact qu'aurait le déplacement d'une rangée d'arbres, l'arrivée d'une crue ou l'impact des couvertures radio. Les élus auront accès à différents scénarios possibles. C'est une aide à la décision qui permettra de comprendre à moyen et long terme l'évolution d'un territoire et l'impact de telle ou telle décision», explique Laurent Bouillot, qui reconnaît qu'un certain travail d'accompagnement sera nécessaire pour embarquer tout le monde, public et privé.

« C'est une autre façon de travailler. Il ne s'agit pas de révolutionner l'analyse et l'expertise, mais d'amener de la pertinence. Les outils sont là. Le vrai défi, c'est l'humain...», reconnaît Laurent Bouillot.

« 30% d'économies d'eau, ça ne signifie pas une facture d'eau de -30%, mais l'économie d'une ressource loin d'être inépuisable », souligne Santa Orsini.

La pédagogie sera aussi un chantier. Un autre enjeu de la ville intelligente.

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Commentaires 3
à écrit le 20/09/2020 à 10:59
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La ville intelligente, c'est la ville qui n'existe pas. C'est la campagne. Que d'argent gaspillé pour construire des ghettos d'insécurité, de pollution, de gouffres à énergies. Le vrai logiciel pour rendre la ville "intelligente" ( enfin...un peu mo...

à écrit le 20/09/2020 à 5:29
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178 millions € d'investissement en théorie pour 100 millions € d'économies en 25 ans , on se demande où est l'intérêt de ce projet ,encore un maire mégalomane à la manœuvre faisant un curieux usage des deniers publics.

à écrit le 18/09/2020 à 13:18
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Si on se rapporte à l'histoire, Angers ville des rois dont même la reine d'Angleterre est descendante devrait être la métropole des pays de La Loire, ses écoles universités, un des taux d'ingénieurs les plus élevés de France, une immigration n'ayant ...

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