La région Pays de la Loire réfléchit à un suivi psychologique des entreprises

Au lendemain d'un plan d'urgence de 56 millions d'euros votés le 18 mars dernier pour soutenir les entreprises ligériennes, le conseil régional des Pays de la Loire lance un fonds territorial pour soutenir des TPE fragilisées économiquement et... psychologiquement. Le Medef revendique lui une reprise urgente de l'activité, même partielle.
« Les premières demandes concernaient les dispositifs nationaux, le report des charges, le chômage partiel... L'argent est une chose, mais nous avons senti qu'il fallait un accompagnement plus psychologique, ce sur quoi nous travaillons actuellement », explique Christelle Morançais, présidente de la région de Pays de la Loire.
« Les premières demandes concernaient les dispositifs nationaux, le report des charges, le chômage partiel... L'argent est une chose, mais nous avons senti qu'il fallait un accompagnement plus psychologique, ce sur quoi nous travaillons actuellement », explique Christelle Morançais, présidente de la région de Pays de la Loire. (Crédits : Région Pays de la Loire)

« Nous avons été l'une des premières régions françaises à voter le 18 mars dernier un plan d'urgence économique pour les artisans, commerçants, agriculteurs, PME, ETI, grands groupes et associations du monde culturel et sportif. Nous travaillons bien évidemment à un plan de relance et de sortie crise, mais pour cela, il faut que les entreprises soient toujours debout... ça, c'est ma priorité », indique Christelle Morançais, présidente de la région de Pays de la Loire.

Quinze jours après une rencontre avec Bruno Le Maire, la présidente avait ainsi fait voter lors d'une session dématérialisée un plan d'urgence de 56 millions d'euros, coordonnées avec les actions de l'Etat et le soutien de BPIFrance. Une décision saluée, pour une fois, par l'opposition. Au sein de ce plan composé de six mesures (prêts rebond à taux zéro, report d'avances remboursables, fonds de solidarités nationales...), l'essentiel des actions portent sur le financement des trésoreries. A cela s'ajoutent donc 10 millions d'euros qui permettront, aux côtés de BPIFrance, de garantir des prêts bancaires à hauteur de 80% au lieu de 70%. Un fonds d'urgence de 2 millions d'euros est dédié au secteur associatif culturel et sportif pour maintenir les aides aux événements annulés portant l'enveloppe globale à 4,3 millions d'euros.

Création d'un fonds territorial pour les TPE

« Ce sont 25 millions d'euros de crédits immédiatement disponibles sous la forme des dispositifs de soutien existants et 25 millions d'euros de mesures et crédits nouveaux. Grâce à l'effet de levier et aux dispositifs de garantie, cela permet d'accorder 325 millions d'euros de prêts aux entreprises ligériennes», indique la présidente de la région qui vient de lancer une levée de fonds auprès des pouvoirs publics (Région, Département, Intercommunalités, et Banque des Territoires)  et des acteurs privés pour subvenir à toutes les entreprises non éligibles au dispositif précédent. « L'idée repose sur une souscription de 2 euros par habitant et par collectivité. Ce qui permet un effet de levier de un à quatre », précise Christelle Morançais, qui compte sur la solidarité régionale pour « que les plus grosses entreprises aident les plus petites. »

Une plateforme sera prochainement lancée pour collecter des dons auprès d'acteurs privés. Ce dispositif permettra aux entreprises de 10 salariés et moins, d'obtenir une avance remboursable, d'un montant de 3.500 à 10.000 euros. Des accords en ce sens viennent d'être conclus avec les départements de Loire-Atlantique et de la Sarthe, de Nantes métropole, et Sablé sur Sarthe... Ce fonds territorial pourrait, selon elle, atteindre 30 millions d'euros. Car si, à l'exception de la filière agroalimentaire qui fonctionne toujours, des pans entiers de l'économie régionale sont à l'arrêt, ce sont bien les plus petites entreprises qui souffrent le plus.

14% en chômage partiel

Depuis la mise en service d'une plateforme téléphonique en lien avec les chambres consulaires et les organisations patronales, le Numéro Vert a reçu 2.300 appels en provenance de travailleurs indépendants, d'artisans, de commerçants, de TPE et Pme de moins de dix salariés principalement dans le BTP, le tourisme, l'évènementiel... Tous les secteurs sont cependant touchés. « Les premières demandes concernaient les dispositifs nationaux, le report des charges, le chômage partiel... L'argent est une chose, mais nous avons senti qu'il fallait un accompagnement plus psychologique, ce sur quoi nous travaillons actuellement », explique Christelle Morançais. Selon la durée du confinement, les aides pourraient aussi être renforcées. « Une reprise en mai ou en juillet n'est pas la même chose », indique la présidente d'une région où se pressent habituellement 18 millions de visiteurs. « C'est sûr qu'il y aura un avant et un après. Nous serons amenés à revoir nos priorités. Le plan hydrogène, par exemple, que nous nous apprêtions à lancer n'est plus d'actualité », dit-elle.  En Pays de la Loire, 229.000 personnes auraient fait une demande de chômage partiel, soit 14% de l'effectif régional.

« Il est essentiel que l'activité reparte »

Pour Samuel Tual, président du Medef Pays de la Loire, il est essentiel de maintenir ou de relancer sans tarder une activité même réduite là où cela est possible. Pour lui, au lendemain de l'annonce du confinement, un tiers de l'effectif salarié s'est arrêté, un tiers s'est mis en télétravail et un tiers est resté aux affaires. « Ce fût un arrêt brutal et violent. Depuis l'activité a continué de diminuer pour se concentrer sur les activités essentielles. Les dispositifs mis en œuvre par le gouvernement et la région ont permis d'amortir le choc. Les entreprises ont pu payer les salaires du mois de mars. Qu'en sera-t-il avec un mois d'avril totalement à l'arrêt ? », s'interroge le patron du Medef Pays de la Loire. « La grande question est donc de savoir combien de temps dureront le confinement et la période post confinement. Si les menaces à court terme ont été évitées, il est essentiel qu'un minimum d'activités reprenne. Pour cela, nous devons pourvoir assurer des conditions de travail et de sécurité grâce aux gestes barrières sur les lieux de travail. Or, jusqu'ici les injonctions contradictoires du gouvernement à rester chez soi, les réquisitions de matériels sanitaires et la gestion des masques ont créé un sentiment de peur et empêché toute reprise», déplore-t-il.

Pour le président régional du Medef, les modalités d'une reprise même partielle deviennent extrêmement urgentes. « Il a fallu huit ans pour effacer la crise de 2008. Celle-ci est encore d'une autre dimension. Ce qui est sûr c'est que l'on est parti sur un temps long. On n'imagine pas une reprise économique avant septembre. Et à cette date, nous serons en récession. L'important est donc de ne pas casser l'outil de de travail. Plus on tarde, plus on risque des pertes d'emploi. C'est une course contre la montre», dit-il estimant qu'une prime de 1.000 euros à verser aux salariés ne fait que parasiter le message vers des entreprises qui cherchent « comment boucler leur fin de mois ».

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Commentaires 4
à écrit le 07/04/2020 à 10:00
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Quand vous aurez fini de réfléchir il sera trop tard....tous morts

à écrit le 07/04/2020 à 9:59
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Quand vous aurez fini de réfléhir il sera trop tard....tous morts

à écrit le 06/04/2020 à 13:46
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Je crois que beaucoup de chefs d'entreprises sont très cool, puisque l'état a opté pour payer leurs employés, et qu'il n'y avait que des coups à prendre dans le climat actuel..Puis, les entreprises redémarreront leurs activités dans un climat de repr...

à écrit le 06/04/2020 à 10:11
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"vers des entreprises qui cherchent « comment boucler leur fin de mois" Sachant qu'il n'y même pas eu de début de mois... Dommage par contre que le medef soit toujours aussi nul pour valoriser le travail, les gars ils le prêchent sans cesse s...

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