Les Pays de la Loire cherchent la sortie de crise

FACE A LA CRISE. Pilier de l'économie régionale, l'industrie redoute une crise économique partie pour durer. Après les pansements, les filières vont devoir se réinventer.
(Crédits : STEPHANE MAHE)

Ce n'est pas encore du sang et des larmes, mais les inquiétudes se lisent sur les visages et les craintes s'entendent dans les accents des voix fatiguées. Aux imprononçables maux de « fermetures » et « licenciements », les discours s'étranglent en « réactivité » et « flexibilité ». Sur un territoire où jusqu'à mi-mars, on se félicitait encore d'afficher le plus bas taux de chômage en France, la sortie de la léthargie obligatoire due au confinement s'annonce brutale.

Avec des restaurateurs coincés dans leurs mètres carrés, englués par les gestes barrières et des professionnels du tourisme, privés d'une mise en jambes printanière, une activité clé pour la septième région touristique française (6,3% du PIB, 65.000 emplois), qui génère près de 7 milliards de retombées par an. C'est près de trois fois plus que l'agroalimentaire (2,8 milliards d'euros, 56.000 emplois) ou l'agriculture (2,3 milliards). Sans élan et sans parachute, ils sautent dans une saison estivale aux dimensions inconnues. De 7% aux beaux jours, le thermomètre de Pôle emploi a sérieusement grimpé. Avec 57.700 demandeurs d'emploi (catégories A) supplémentaires en avril, la fièvre est montée de +32% dans les Pays de la Loire, où 547176 salariés ont été placés en chômage partiel. De quoi se faire du mouron.

« Que va-t-on trouver lorsqu'on va ôter la perfusion ? Espérons que la dose n'a pas été trop forte au risque de tuer le malade », s'inquiète-t-on au chevet du patient.

Au lendemain d'une distribution de masques et visières à nos hommes et femmes du rang et d'un traitement d'urgence de 120 millions d'euros, Région et Préfecture consultent et peaufinent leurs décoctions administrables dès l'été avec piqûre de rappel à la rentrée. Là non plus, le vaccin n'existe pas. Les écolos insistent pour réinventer le modèle économique. L'opposition de gauche espère bien que l'on prenne en compte ses dix commandements (formation, renforcement de fonds propres...) pour sauver le soldat ligérien, un brin mal en point. Un malade pourtant relativement épargné où seule 1,9% de la population a été touchée par le COVID-19, tandis que la baisse d'activité, tombée à -36% au moment du pic, remontait à -21% à l'issue du déconfinement. Espoir.

Côté industrie, fleuron de l'activité régionale, où les grands donneurs d'ordres ont laissé entendre une baisse des commandes de -30%, l'ambiance n'est guère plus reluisante.

« Il faut sauver tout ce qui roule, flotte et vole », défendent, en choeur, les 34 industriels signataires d'un manifeste pour une industrie écoresponsable.

Plus verte que d'ordinaire, recyclable, relocalisatrice à ses heures, avec de l'humain dedans. « De beaux discours... », raille l'un d'eux. Dans la navale, les armateurs ont fait savoir aux Chantiers de l'Atlantique qu'ils avaient réussi à emprunter et reporter leurs dettes, que les commandes fermes et les options étaient maintenues, mais que les bateaux de croisière étaient à l'arrêt... et sans doute pour longtemps. Conséquence : sans doute faudra-t-il décaler certaines livraisons si d'aventure on avait quelque mal à faire réembarquer des touristes, apeurés par des clusters flottants.

Tenir jusqu'à 2023 ou 2025

Dans le ferroviaire, où l'on s'attend à un retour à la normale pendant l'été, la filière serait dans une logique de transformation pour s'adapter à de nouveaux services. Dans l'automobile, les constructeurs s'interrogent sur la manière dont ils vont être décarbonés.

Dans l'aviation, déjà refroidie par l'arrêt de l'A380 et l'interruption du 737 MAX, on estime « qu'il faudra bien trois à quatre ans avant de retrouver l'état d'avant ».

Les scénarios optimistes parlent de 2023 ou 2025. Quand ça ne veut pas... Les sous-traitants, qui constituent un bataillon important des forces régionales, tiendront-ils jusque-là ? C'est l'un des enjeux d'un territoire aux activités fortement diversifiées. Un tissu diffus où à peine 500 entreprises ont accepté de s'accrocher à la bouée régionale lancée aux TPE. L'outil sera adapté. Et réadapté au besoin. Seules les télécoms ont tiré leur épingle du jeu.

Au lendemain de la crise de 2009, des donneurs d'ordre s'étaient portés au secours des sous-traitants pour les aider à accroître leur productivité et gagner en autonomie. Peut-être devront-ils, cette fois, les inciter à se diversifier, intégrer les transitions écologiques, se digitaliser, former leur personnel et aller vers l'e-commerce... Tout un programme pour inventer un nouveau modèle et sortir de cette ornière inédite et dangereuse.

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Commentaires 2
à écrit le 02/08/2020 à 22:39
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Il est temps de réunifier le Val-de-loire et laisser la L.A retourner dans sa région d‘ origine. Il y aurait deux régions fortes mieux armées pour affronter la crise.

à écrit le 02/08/2020 à 15:37
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Il suffit de nier la crise pour en sortir, car comparaison n'est pas raison! A notre époque les médias on plus pour rôle de faire peur que de rassurer!

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