Xenothera accélère sa course au traitement contre la Covid-19

Après avoir récolté plus de 7 millions d’euros pour engager son candidat médicament dans la course aux traitements contre la Covid-19, la biotech nantaise Xenothera cherche 35 millions d’euros pour rivaliser avec son principal concurrent américain. Les essais cliniques de phase 2 démarrent en juillet. Objectif : produire 10.000 doses par mois d’ici fin 2021.
Xenothera ambitionne de produire 10.000 doses par mois d’ici dix-huit mois
Xenothera ambitionne de produire 10.000 doses par mois d’ici dix-huit mois (Crédits : Xenothera)

Elle cherchait 3 millions d'euros. Elle en a trouvé 7. Et reprend son bâton de pèlerin pour en dénicher 35. De quoi s'aligner dans la course aux traitements contre la Covid-19 face à son principal concurrent l'américain Sab Biotherapeutics qui a réussi à lever 27 millions de dollars en quinze jours auprès du ministère de la défense américain. « Une autre dimension », concède la chercheuse nantaise Odile Duvaux, fondatrice de la biotech Xenothera qui démarre, en juillet, les premiers essais cliniques de phase 2 de son candidat médicament anti-COVID-19, baptisé XAV-19, basé sur la production d'anticorps polyclonaux protecteurs similaire à la réponde naturelle de l'homme. Un premier lot a été produit en mai à Alès par le laboratoire LFB, spécialisé dans la production de protéines thérapeutiques, avec lequel Xenothera a signé accord de production. Un deuxième le sera en juillet. « Grace aux financements que nous avons décrochés, nous pouvons produire plus de lots et traiter davantage de patients. On parlait en dizaine, on parle désormais en centaines avec un S », se réjouit Odile Duvaux.

« Largement dans la course mondiale sur les thérapeutiques »

Depuis l'appel à contribution lancé fin mars pour trouver trois millions d'euros, Xenothera n'a pas chômé. Encouragée à poursuivre ses travaux par le gouvernement, la biotech a bénéficié du soutien de l'Etat à hauteur de 2,3 millions d'euros via le dispositif French Tech Bridge, géré dans le cadre du Programme d'investissement d'Avenir (PIA) géré par BPIFrance. Entendue par l'Union Européenne, la jeune entreprise, née en 2014, qui a postulé à un appel d'offres européen, a également obtenu une subvention de 2,1 millions d'euros via l'accélérateur EIC, habituellement fléché pour accompagner de futures licornes, dans le cadre du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020. A cela s'est ajoutée 112.000 euros de dons privés récoltés à la suite de l'appel à contribution, une subvention de 200.000 euros de la région des Pays de la Loire et autant de Nantes Métropole. Dans le même temps, Xenothera a procédé à une augmentation de capital de 2,8 millions d'euros auprès de ses actionnaires historiques (Fonds d'investissement Parquest, fonds Pays de la Loire développement et Pays de la Loire Participations, des réseaux de business Angels dont ABAB et des holdings familiales privées). Ce renforcement voulu pour accompagner son développement sur ses autres programmes (tumeurs, transplantations, dengue, ebola...) a été abondée par le dispositif French Tech Bridge et a conduit à l'émission d'obligations souscrites par le gouvernement.

« Surtout, ces nouveaux moyens nous ont permis de montrer que le produit était extrêmement puissant pour annihiler les effets du virus, et de savoir que nous sommes largement dans la course mondiale sur les thérapeutiques», assure la fondatrice de Xenothera, dont les travaux menés en essais cliniques de phase 2 par le programme LIS1 (traitement d'induction en transplantation d'organes) pour lutter contre les infections graves à bactéries multirésistantes, ont convaincu l'ANSM d'autoriser Xenothera a engager des essais cliniques de phase 2 pour son XAV-19 sans passer par la phase 1. « On accélère ! L'ANSM a confirmé notre approche. Il ne nous manque que la tampon», se félicite Odile Duvaux, qui vise la production de 10.000 doses par mois d'ici dix-huit mois. Une volumétrie calculée au regard des 80.000 à 100.000 personnes admises à l'hôpital entre avril et mai (avec une mortalité de 20.000 personnes) qui auraient pu recevoir le traitement.

Une levée de fonds de 35 millions d'euros

A ce jour, la biotech nantaise serait la seule entreprise européenne en mesure de rivaliser avec l'américain Sab Biotherapeutics, lui aussi, positionné sur un traitement à base d'anticorps polyclonaux, « qui sont, de toutes façons, naturellement meilleurs que les monoclonaux », écarte la chercheuse. Pour parvenir à ses fins, à savoir produire le premier traitement mondial contre le SARS-CoV-2, Xenothera vise une levée de fonds de 35 millions d'euros. Est-ce jouable en si peu de temps ? « Ça dépendra de l'évolution de l'épidémie. Si elle se développe, se maintient ou ralentit... Si on trouve les financements, on produira les traitements au moins pour l'Europe, en s'associant avec un laboratoire pour la distribution.» Et Xenothera se dimensionne pour relever le défi. « L'effectif (8 personnes) va doubler en six mois et vraisemblablement quadrupler en 18 mois. Nous avons un plan de croissance fort mais l'objectif est à notre portée. Même si nous sommes sur un marché mondialisé, on ne peut pas continuer à regarder les américains, disposer d'AMM européennes , et venir racheter des labos et écouler leurs produits en Europe alors que des solutions existent sur notre territoire », plaide-t-elle. Et si l'épidémie disparait ? «Nous produirons des doses qui, de toutes façons, sont stables pendant plusieurs années. Si elles ne sont pas utilisées pour les patients, elles alimenteront les stocks de sécurité », dit-elle.

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Commentaire 1
à écrit le 02/07/2020 à 9:53
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Il est connu que l'annonce de vaccin prometteur fait grimper l'action de quelques points alors pourquoi se priver !

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