Paris - Roubaix : Mads Pedersen, le plus fort des simples mortels

Derrière les Galactiques du cyclisme, le Danois s’est taillé un palmarès enviable. Un succès aujourd’hui sur les pavés du Nord élèverait pour de bon ce personnage fort en gueule.
Mads Pedersen sur les pavés de la classique À Travers la Flandre, le 27 mars.
Mads Pedersen sur les pavés de la classique À Travers la Flandre, le 27 mars. (Crédits : © LTD / ETIENNE GARNIER/PRESSE SPORTS)

Mads Pedersen est un con. C'est lui qui l'a dit après son Tour des Flandres raté, dimanche dernier (22e). « J'ai couru bêtement », a expliqué le Danois de 28 ans, annoncé comme le principal concurrent de Mathieu Van der Poel, facile vainqueur. En multipliant les attaques loin de l'arrivée, le leader de l'équipe Lidl-Trek n'a clairement « pas fait la course la plus intelligente » de sa carrière. Sur d'autres pavés, ceux de Paris-Roubaix, il espère écrire un scénario différent cet après-midi. L'an dernier, il s'était classé quatrième de l'Enfer du Nord, à cinquante secondes de « VDP », encore favori en l'absence de Wout Van Aert (blessé).

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Prêt à tout pour effacer sa bêtise au Ronde, Pedersen n'est pas repassé par la Suisse, pays de résidence choisi pour sa fiscalité tempérée. Il a ajouté une reconnaissance incognito à la sortie collective, et s'est installé dans son hôtel picard dès mercredi soir pour tenter de réaliser l'un de ses « plus grands rêves ». Il se dit « prêt à échanger tous [ses] résultats contre un seul Monument ». À Roubaix, il serait le premier vainqueur danois, comme il a été le premier champion du monde de la course en ligne issu du royaume, en 2019.

« Hôtels de merde »

Pedersen est, avec VDP, le rouleau compresseur du printemps. Il a remporté Gand-Wevelgem - pour la deuxième fois - devant le petit-fils de Raymond Poulidor, puis s'est classé quatrième de Milan-Sanremo, une course interminable où il s'ennuie. S'y ajoutent des étapes et le classement général à l'Étoile de Bessèges et au Tour de La Provence, en début de saison. L'ancien champion du Danemark aime le froid mais il a fait siennes les quatre saisons : l'an dernier, il a rejoint le cercle des vainqueurs d'étape sur les trois grands tours, du Giro, en mai, à la Vuelta, en septembre. Il y a deux ans en Espagne, « Mad Mads » avait ajouté le maillot vert du classement par points à son triptyque victorieux.

Au départ de la Grande Boucle 2022, à Copenhague, il s'était mis la pression en évoquant le maillot jaune. Ses compatriotes, le moustachu Magnus Cort Nielsen et le plus sérieux Jonas Vingegaard, ont raflé plus d'honneurs et de popularité, même après sa victoire à Saint-Étienne, sous la canicule. Plus prudent l'an dernier, Pedersen a levé les bras à Limoges, une victoire plus réjouissante - « fucking amazing » en VO -, comme en témoignent les images de l'arrivée. Le langage grossier qui truffe ses interviews est un signe distinctif. Il regrette de ne pas voir sa femme deux cents jours par an pour dormir dans « des hôtels de merde » et se fiche des commentateurs, car ce ne sont pas eux qui « lèvent leur cul toute la journée ». Il assume ses intersaisons qui consistent à « manger de la merde et ne pas rouler ». Participer à des camps d'entraînement en altitude, comme c'est devenu la norme ? « Pas question. »

Horaires de bureau

Provocateur et attaquant, Pedersen a quelque chose de Peter Sagan. Il a bâti nombre de victoires sur la puissance brute et les coups de boutoir pas toujours réfléchis. Le manager de Lidl-Trek, Luca Guercilena, a parfois dû « le calmer » pour qu'il ne brûle pas ses réserves inutilement. S'il était plus fin stratège, se hisserait-il à la hauteur des Galactiques, Remco Evenepoel, Tadej Pogacar, Wout Van Aert, Mathieu Van der Poel et Jonas Vingegaard ? « Non, je ne suis pas comme eux, a-t-il affirmé à Cyclingnews. Ils appartiennent à une catégorie de talents supérieurs au mien. » Pedersen, rarement modeste, précise aussitôt qu'il est « juste derrière ». Le plus fort des simples mortels.

Son présent est peut-être limité parce qu'il roule en pensant à sa vie d'après. « L'argent que je gagne avec le vélo, c'est pour me permettre de rester au lit toute la journée après la fin de ma carrière, si ça me chante », a confié l'effronté au magazine britannique Rouleur. Voir son père, routier, avec une prothèse de hanche et les genoux en miettes à 50 ans l'a fait réfléchir : « Aller au travail de 8 heures à 16 heures, c'est la dernière chose que je voudrais. »

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