Faut-il investir dans des placements durables et responsables pour avoir de meilleurs rendements à long terme ?

Les investissements durables et responsables ne sont plus simplement une tendance émergente. Ils prennent de plus en plus de place dans le panel des solutions de placement en France, et les Français sont de plus en plus nombreux à se demander si c’est “rentable” de s’orienter vers ce type d’investissement, par rapport aux options plus traditionnelles.
(Crédits : DR)

 Il n'y a pas énormément d'études sur le sujet, la dernière en date réalisée par le Forum pour l'Investissement Responsable et l'École Polytechnique date de 2020. Cette étude révélait notamment que la performance financière des fonds labellisés était comparable aux fonds traditionnels. En d'autres termes, leurs chiffres démontrent que les investissements responsables, au-delà d'avoir un impact vertueux, peuvent être aussi financièrement rentables. Pourtant, certains sceptiques persistent à croire que l'investissement responsable est moins performant que les approches traditionnelles. Nous avons interrogé Jérémy Orféo, fondateur de Weelim et expert en investissements performants, pour avoir son avis sur le sujet et répondre à la question "Faut-il investir dans des placements durables et responsables pour avoir de meilleurs rendements à long terme ?"

L'intérêt croissant des investisseurs pour les placements durables

L'investissement responsable est en plein essor et suscite un intérêt croissant parmi les investisseurs conscients de leur impact financier, social et environnemental. Une étude réalisée en avril 2023 par l'institut OpinionWay, auprès d'un échantillon de 2 000 personnes représentatif de la population française majeure, montre que la connaissance et l'intérêt des Français pour les placements durables ont progressé par rapport à la précédente enquête menée en juin 2021. Selon ce sondage, 75 % des sondés considèrent l'impact des placements sur l'environnement comme un sujet important. Par ailleurs, selon cette même enquête, près d'un Français sur cinq (soit 20 % de la population) déclare posséder au moins un placement « en lien avec le développement durable ». Il s'agit majoritairement de placements collectifs, d'actions ou d'obligations achetées en direct et du livret de développement durable et solidaire (LDSS). Afin d'avoir une vision plus réaliste, il ne faut pas tenir compte des LDSS qui sont des livrets d'épargne réglementés qui servent à financer les PME et ne constituent pas des placements responsables investis en instruments financiers. Le taux de détention réel des Français s'élève alors à 13 %.

Selon Jérémy Orféo, CEO et fondateur de la plateforme Weelim.fr, « les Français sont conscients des défis auxquels notre société est confrontée et de plus en plus d'investisseurs cherchent à aligner leurs valeurs personnelles avec leurs décisions d'investissement. Cette tendance est alimentée par une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), ainsi que par une demande croissante de transparence et de responsabilité des acteurs de la finance ».

La rentabilité actuelle des placements durables

Les investissements durables ont une double pertinence, sur les aspects financiers et extra-financiers. En effet, les données actuelles démontrent que ces placements durables peuvent offrir des rendements compétitifs, voire supérieurs, à ceux des placements traditionnels dans certains domaines.

« Dans l'univers français du non-coté comme les SCPI, le Crowdfunding ou le Private Equity par exemple, les performances financières des projets à impact ou des fonds labellisés ISR par exemple sont clairement aussi attractives que les autres, voire plus parfois. Du coup, quand il y a un arbitrage à faire entre deux options, à rentabilité équivalente, les clients vont privilégier les fonds labellisés », précise Jérémy Orféo.

Effectivement, si l'on regarde par exemple le cas des SCPI ISR, elles n'ont pas à rougir face aux performances des SCPI non labellisées. Plusieurs d'entre elles ont des taux de distribution supérieurs à 6 %, comme la SCPI Epsilon 360° (6,25 %), Log In (6,21 %), Transition Europe (8,16 %), ou encore Épargne Pierre Europe (6,26 %).

Les labels d'investissement durables

Qu'est-ce qu'un label d'investissement durable ?

Les labels d'investissement durable offrent aux investisseurs une certification et une garantie sur la qualité, l'origine, et la conformité des fonds d'investissement vis-à-vis de critères environnementaux, sociaux, et de gouvernance (ESG). Ces labels servent à distinguer les fonds qui intègrent des préoccupations durables dans leurs choix d'investissement. Pour les investisseurs, c'est l'assurance que leur argent contribue réellement à des objectifs de développement durable.

Parmi les principaux labels, nous trouvons :

  • le label ISR : lancé en 2016 par le ministère de l'Économie et des Finances, il valorise les fonds qui prennent en compte les critères ESG ;

  • le label Greenfin : créé par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires en 2015, il est de base, plus exigeant que l'ISR car il exclut les fonds qui investissent dans le nucléaire et les énergies fossiles ;

  • le label Finansol : établi en 1997, il cible spécifiquement les produits d'épargne solidaire et permet de financer des activités à forte utilité sociale ou environnementale ;

  • le label France Relance : initié en 2020 par le ministère de l'Économie et des Finances, il oriente l'épargne vers le soutien des entreprises françaises dans le contexte de la crise sanitaire, tout en imposant le respect de critères ESG stricts.

Focus sur le label ISR

Le Label ISR (Investissement Socialement Responsable) est une certification officielle française attribuée à des fonds d'investissement, tels que les OPCVM (Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) et les FIA (Fonds d'Investissement Alternatif), ainsi qu'à des fonds immobiliers depuis 2020. Il garantit que ces fonds intègrent des critères ESG dans leur processus de gestion et qu'ils excluent les sociétés ayant un impact social ou environnemental négatif significatif.

« Ce Label ISR était depuis plusieurs années très critiqué, car considéré comme très permissif. On estime que la moitié des fonds labellisés investissaient en 2023 dans des énergies fossiles. Depuis le 1er mars, sa nouvelle mouture est bien plus verte et aboutie », selon le dirigeant de Weelim.

En effet, une révision du label ISR est entrée en vigueur depuis le vendredi 1er mars 2024. Les fonds d'investissement désireux de décrocher ce label, doivent maintenant répondre à des normes renforcées. Les fonds déjà labellisés ont jusqu'au 31 décembre pour aligner leurs pratiques sur ces nouvelles directives. Les nouvelles règles excluent les énergies fossiles du spectre, mais également 30 % (contre 20 % précédemment) des entreprises les moins performantes en termes de durabilité dans le portefeuille d'investissement. Elles imposent également des engagements plus concrets lors des assemblées générales, ainsi qu'une représentation minimale de 20 % pour chacune des composantes ESG dans l'évaluation des entreprises.

Enfin, en plus de fournir une assurance quant à l'intégrité des placements durables, le label ISR favorise la transparence et l'information des investisseurs. En effet, il exige que les fonds certifiés publient régulièrement des rapports sur leurs performances ESG et sur l'impact de leurs investissements.

Les perspectives à long terme des placements durables

Les perspectives à long terme des placements durables sont encourageantes. En tant que stratégie d'investissement axée sur la durabilité, l'investissement responsable est bien positionné pour capitaliser sur les tendances émergentes et les changements structurels dans l'économie mondiale. Chaque secteur peut mettre en place des investissements durables et les rendre profitables. C'est notamment le cas des SCPI ISR ou du Crowdfunding (financement participatif) dans les énergies renouvelables qui sont des investissements qui ont performés en 2023 et semblent suivre la même tendance pour 2024.

Les entreprises qui intègrent des pratiques durables dans leur modèle d'affaires sont mieux préparées pour faire face aux défis futurs, tels que les réglementations environnementales plus strictes, les changements climatiques et les évolutions des attentes des consommateurs.

« Dans le cas des SCPI ISR par exemple ou des fonds immobiliers en général, on sait que les experts immobiliers vont de plus en plus tenir compte des critères extra financiers pour estimer la valeur des biens. Un fonds labellisé aura donc a priori plus de chance de se valoriser positivement dans le temps. C'est le sens de l'histoire », nous confie Jérémy Orféo.

En conclusion, les données historiques et les tendances actuelles confirment que l'investissement dans des placements durables et responsables est une stratégie judicieuse pour les épargnants soucieux de leur avenir financier et de l'avenir de la planète. En optant pour une approche intégrant des critères ESG, les investisseurs peuvent non seulement obtenir des rendements supérieurs à long terme, mais aussi participer à la construction d'un monde plus durable et équitable.

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